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Mais l’édito ne s’arrête pas en si « bon » chemin. L’escale référendaire au Nil n’est qu’un prétexte. Une comparaison est osée, clairement assumée. La victoire des Frères musulmans égyptiens après l’adoption du document constitutionnel est assimilée à l’expérience marocaine. Derrière cette gymnastique intellectuelle, il faut voir d’abord et surtout les accents de triomphe, d’une formation politique, le PJD de chez nous, et qui veut construire autour de la religion et de l’hégémonie d’une seule et unique vision.
Ces dernières semaines, les manifestations qui ont secoué l’Egypte après la dérive totalitaire du président Morsi voulant s’accaparer tous les pouvoirs y compris celui judiciaire, ont fait la « Une » de l’actualité mondiale.
Au Caire, sur la place «Tahrir», les citoyens du pays des pyramides se sont mobilisés pour que leur révolution et leur Printemps arabe ne leur soient pas confisqués par une mouvance, les Frères musulmans. « Morsi est pire que Moubarak», ont brandi les manifestants en colère contre ce coup de force par décret présidentiel. On le sait, la mobilisation aura finalement eu raison de la tentation autocrate.
PJD et Frères musulmans, même combat ?
« Donné vainqueur par les urnes, le président égyptien ne s’est pas embarrassé des règles de la démocratie. Il a choisi tout simplement de bafouer le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs. Est-ce cela que les islamistes du PJD applaudissent aujourd’hui ? A la lecture de l’éditorial publié par Attajdid lundi, on peut se poser la question de savoir si les islamistes de M. Benkirane et les Frères musulmans de M. Morsi ont en partage de revendiquer la démocratie pour mieux la confisquer en imposant leur modèle de société ? », se demande ce député de l’Union socialiste des forces populaires.
C’est le même son de cloche que l’on entend chez cet autre parti de l’opposition, le PAM. « Le PJD donne l’impression de se draper dans les résultats du référendum égyptien pour dire que la victoire est toute proche. Et par victoire, il faut entendre la mise en place de leur projet de société, un projet de société basé sur l’intolérance, le déni de la démocratie et de la modernité, une société où les femmes occupent une place dérisoire, où elles n’ont qu’un droit, celui de se taire et d’accepter toutes les formes d’injustice et de discrimination », fulmine cette parlementaire membre du bureau national du Parti authenticité et modernité.
Le PJD qui fête sa première année aux commandes du pouvoir a un projet de société qu’il entend imposer aux citoyens de ce pays. Il faut bien reconnaître aux ouailles d’Abdelilah Benkirane qu’ils ne s’en sont jamais cachés. Ce projet commence par la mainmise sur les médias publics. Et cela a même été la première bataille du ministre de la Communication, l’islamiste Mostafa El Khalfi, qu’il finira par perdre après avoir essayé d’imposer des cahiers des charges «halal» aux télévisions et radios publiques. En arrivant à la tête du ministère de la Communication, celui qui est volontiers présenté comme l’idéologue du PJD s’était fixé comme principal objectif de se «réapproprier» les médias publics. L’un de ses tout premiers faits d’armes a d’ailleurs été d’ajouter à ses attributions de locataire du département de la Communication le suivi des cahiers des charges. Le message est alors très vite apparu : c’est à travers la télévision que les islamistes du PJD entendaient cristalliser le changement. C’est-à-dire une nouvelle manière de faire, correspondant à une grille de valeurs spécifiques à une formation politique qui n’hésite jamais à emprunter le chemin glissant de la morale et de la vertu.
Un pavé dans le marigot politique
La télévision doit-elle être un instrument politique au service d’une vision ? Alors que la polémique sur les cahiers des charges faisait rage, Mostafa El Khalfi ne s’en cachait pas : cet Exécutif, avait-il coutume de répliquer, peut faire la différence. « Ce gouvernement a été élu par le peuple. Les télévisions appartiennent au peuple qui doit s’y reconnaître. Et c’est au peuple que nous avons des comptes à rendre », déclarait-il en avril dernier, le jour de la présentation officielle de la première version (encore non corrigée) des cahiers des charges de la SNRT et de SOREAD-2M.
Ce lundi, Attajdid revient à la charge. Les médias publics jouent un rôle primordial dans la réussite de l’expérience gouvernementale au Maroc, peut-on lire dans ce même éditorial, modèle du genre en matière de comparaison et, surtout, de révélation des intentions à peine… voilées. «Se pose aujourd’hui la question des médias dans toutes ses dimensions et le pari d’une stratégie de communication solide pour contrer ces médias qui tirent sur les réalisations du gouvernement en place», peut-on en effet lire à la «Une» du quotidien islamiste. «A l’évidence, le PJD n’a pas lâché prise et a bien l’intention de phagocyter, d’une manière ou d’une autre, les médias publics pour les mettre au service de son idéologie. Les médias audiovisuels sont une arme redoutable, la seule vraiment capable de formater des mentalités», commente cet homme de télévision.
Au même moment ou presque, une figure du Parti authenticité et modernité, Ilias El Omari, osait, lui aussi, une comparaison, en marge du congrès régional de sa famille politique, à Marrakech. «Le PJD est une J’maa qui a le projet de mettre en place un émirat conduit par l’Emir Benkirane ou l’un des siens», lancera-t-il, comme un pavé dans le marigot politique.