Ahwach, Izenzarn, Tabâamrant, Toudart, Hoba Hoba Spirit … se produiront à Tafraout : Tifawine consacre le brassage des genres locaux


IDRISS OUCHAGOUR
Samedi 10 Juillet 2010

C'est parti ! La cinquième édition du Festival Tifawine de Tafraout se tiendra du 22 au 26 juillet courant à la place Tifawine dans la commune d'Ammelnes, toujours sous le thème de la ruralité.  
Fidèle à  son objectif de faire la part belle aux chants musicaux du cru,  la manifestation promet cette année un plateau artistique largement représentatif des différents arts folkloriques et courants de la chanson berbère de la région du Souss.
D'abord, les Ahwachs. Le public  passionné par ce genre musical traditionnel, sera  régalé. Cinq troupes se relaieront sur la scène de la manifestation. L'Ahwach Aît Brayyim  de la région de Tiznit, connue pour ses transes frénétiques sur fond de mélodies produites par l'habile  « matraquage »  du Mâalem qui joue du grand tambourin, inaugurera la première soirée musicale. La troupe d'« Ahwach des femmes de Tafraout » sera de la partie pour la première fois dans cette manifestation. Voué à la disparition, ce folklore traditionnel interprété par les villageois de Tafraout lors des fêtes populaires et pour célébrer les mariages, est perpétué par ce groupe d'amateurs remarquable par ses différentes « partitions » et qui s'est confirmé à travers un long parcours qui l'a amené à se produire dans plusieurs festivals en Europe. Ce genre est caractérisé particulièrement par des danses appelées « Assdaw » et  « Lhimar » où les femmes mêlent chants et piétinements rythmés aux sons aigus  du tambour (Tassaklouyt) que joue avec dextérité le chef de la troupe. Le public aura l'occasion aussi de « savourer  les délices » d'Ahwach d'Indouzal, d'Arghan et de Tamanart. Une autre variante de cet art traditionnel qui privilégie, elle,  contrairement aux autres, l'art des joutes oratoires; lesquelles  s'accaparent la part du lion tout en s'alternant avec les longs interludes des tambours qui marquent les temps de  relaxation. Un grand hommage sera rendu en l'occasion à l'artiste d'Ahwach, Mâalem Mouh Anjjar en reconnaissance à son expérience de pro accumulée au long  d'une longue carrière.  Pour les fans de la chanson du Souss, les organisateurs ont programmé un cocktail harmonieux et éclectique : la chanson berbère traditionnelle incarnée par les Rwaîs et l'autre se réclamant de la modernité.  Les spectateurs apprécieront ainsi in live la voix engagée de la diva de la chanson amazighe: Raïssa Fatima Tabâamrant, qui revisitera les derniers tubes de son répertoire et celle de Aîcha Tachinwiyt. Deux artistes qui ont marqué la chanson traditionnelle berbère tant par les mélodies et les thématiques traitées que par leurs styles.
Raïs Lhoussine Taws se produira sur scène également.  Quant à la chanson berbère moderne, elle sera incarnée à Tifawine par le fameux groupe d'Izenzarn Chamkh: la voix nostalgique des années 70 qui s'est rendue célèbre par ses mémorables « Wa Zine »,  « Ihzzarn », « Izm Amdlous »,  « Taghoyyit », « Amtta ohoy » …entre autres tubes dignes d'anthologie.  
Dans le même registre, seront également invitées les troupes Imazzalen, Toudart et Ribab Fusion. Une nouvelle génération qui se veut  représentative de la vague moderniste  de la chanson berbère du Souss à travers des remakes et fusions sur fond de patrimoine musical traditionnel.
La troupe de Réda Allali, Hoba Hoba Spirit, égayera la nuit du samedi 24 juillet.   
Côté divertissement, deux pionniers de l'humeur berbère seront de la fête. Il s'agit de  Rachid Asslal, l'artiste engagé pour la cause amazighe  et Lahcen Chaw Chaw  qui a l'art de savoir déclencher au quart de tour l'hilarité chez son public.  
Et ce n'est pas tout.
La programmation de Tifawine promet aussi des activités off
Comme à l'accoutumée, un événement culinaire d'envergure sera organisé visant à mettre en exergue les richesses de la diversité du patrimoine gastronomique de la région et les symboliques socio-confessionnelles  qui sous-tendent ces préparations.  Il s'agit du Méga Anwal où seront présentés une dizaine de plats traditionnels berbères comme Idrnan, Ourkimn, Taguella, Azkif, Skssou N'Tmazirt…etc.
Pour les activités à caractère social, le festival organisera le vendredi 23 juillet, la troisième édition du mariage collectif. Une initiative caritative visant à aider les jeunes démunis désirant convoler en justes noces.
Dans la foulée,  une chorégraphie sera présentée lors de la soirée artistique du même jour, retraçant les divers rituels de la cérémonie du mariage berbère traditionnel.
Côté éducatif, les festivaliers seront au rendez-vous avec les olympiades de Tifinagh ;  une épreuve pédagogique nationale de dictée en langue amazighe ouverte aux élèves et encadrée par les professeurs de l'RCAM.  
Avant la remise des prix aux lauréats, des ateliers de  peinture et de calligraphie amazighes auront lieu au profit des participants qui assisteront, par ailleurs, à la projection de nombreux  films berbères ainsi qu'à des spectacles d'humour qu'animera l'artiste Abderraoûf au village de l'écrivain tafraouti Mohamed Khair Eddine.
En matière de sport, une course piétonne sera organisée le dimanche 25 juillet et avant la clôture de la soirée musicale de la même journée, un hommage sera rendu sur la scène de Tifawine à l'arbitre international de tennis originaire de Tafraout (Ammelnes), Mohamed Janati.


Tenue de l'Université rurale

Après plusieurs annonces suivies de reports lors des éditions précédentes, la première édition de l'université rurale Mohamed Khair Eddine aura lieu les 24 et 25 juillet dans la grande salle de l'établissement scolaire Mohammed V de Tafraout sous le thème:  « Culture de Tafraout et Ammelnes…atouts et mémoire ».
Une vingtaine d'exposés et conférences seront présentés par de nombreux  professeurs universitaires et des chercheurs. Ils vont explorer des  thématiques comme celle de l'histoire et de la mémoire collectives de Tafraout et Ammelnes.
Il y sera également question des potentialités naturelles de ces régions et leurs richesses culturelles et anthropologiques et des modalités de leur mise à contribution au profit du développement local. En outre, des débats sur les phénomènes migratoires et l'impact de la migration à l'aune de la mobilisation citoyenne des ressortissants  pour dynamiser les économies nationale et locale seront au menu. Quant au  dernier volet de ces rencontres, il planchera sur l'art d'Ahwach et la contribution de la femme tafraoutie dans la créativité artistique relative à ce genre artistique, notamment en  poésie chantée; avant d'enchaîner sur des suggestions visant à trouver des réponses à la problématique de la préservation du patrimoine artistique dans la région de Tafraout. Une autre conférence sera dédiée à l'œuvre de  Mohamed Khair Eddine et surtout à la symbolique et la poétique du «  lieu » au sein du legs littéraire de l'écrivain. 


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