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Quiconque a vu l’émission du débat télévisé (mardi 23 février) en direct d’Ahmed Toufiq ne peut en ressortir que choqué. Tristement abasourdi, par l’énormité des fuites en avant et la volonté délibérée de ne rien dire au public, qui l’éclaire sur le tragique effondrement de la mosquée historique de Bab Berdieyinne à Meknès. Devant l’inadmissible, qui sévit dans le secteur, notre ministre a excellé par l’opposition d’un silence radio sur les responsables de cette grande catastrophe. Une dénégation radicale qui en rajoute à la consternation des familles et proches des victimes. Car les cadres du ministère sont irréprochables et s’il y a erreur mortelle, elle devrait être écrite quelque part dans le ciel. Ce fatalisme surprenant par lequel notre ministre voulait nous convaincre et, par là, expier la prévarication de quelques fonctionnaires, ne tient pas debout devant l’impatience violente de l’opinion publique à vouloir comprendre comment cela est arrivé. Lui, monsieur Toufiq qui aime si bien épiloguer sur la sécurité spirituelle des Marocains a été incapable, ce soir-là, d’apaiser notre colère légitime, de nous dire comment le Démon cruel s’est introduit dans l’exaltation de nos prières et les fissures béantes de nos minarets.
Comme si l’ouverture d’une enquête pouvait impérativement conduire l’homme politique à la paralysie, à une forme de volubilité creuse et insignifiante ; voire provocante. Le top d’un degré zéro de la communication. Une manière de neutraliser l’information pour dire la chose et son contraire. Une tentative malicieuse et adroite de tirer son épingle de l’embarras avant que la tempête contenue dans les rouages du département n’en vienne à faire des dégâts. Ou, pire, un prétexte d’impliquer, par un détour scandaleux, un autre département -l’Intérieur - lorsqu’on est soi-même incapable de maîtriser le nombre de mosquées dans le Royaume et que l’on préfère, dans ce cas se ‘’déculpabiliser’’, dire que ces dernières prolifèrent aux élections …Mais un simple architecte ose dire sans crainte du ‘’délit ‘’ de l’orientation de l’enquête, à Akhbar al Youme du 24 février, que l’erreur fatale pourrait provenir, de la dernière réfection de la mosquée, au moment imprudent d’avoir renforcé le minaret de béton armé, lui qui fut construit en pisé…Et ce, sans parler des plaintes des citoyens qui sont légion à ce propos ; dont les questions de l’animateur se sont fait l’écho...
Pourtant l’émission Hiwar a été présentée comme une occasion exceptionnelle, de clarifier la situation. Puisque intervenant dans l’ordre d’une régularité qui rompt avec le caractère bimensuel de ce cadre enrichissant d‘échange public. Sa publicité devait notamment faire penser que l’on avait affaire à une performance inédite ; devait suggérer que l’on était sur le point de prendre des décisions solennelles et graves. Que des sanctions départementales préventives mais décisives allaient soutenir l’initiation de la procédure de l’enquête judiciaire ordonnée par le Procureur du Roi sur instruction du ministre de la Justice ; question d’essuyer les larmes profondément blessées, calmer les huées impulsives et ingérables de l’indignation populaire ! Rien ; le ministre ayant choisi de se protéger contre le flot des questions de ses interlocuteurs par la rigueur d’une négation imperturbable doublée d’un argumentaire infaillible ! Mais franchement burlesque ! Démenti hallucinant et suicidaire qui a profité de la surabondance thématique et en a fait le fer de lance pour transformer le Deuil national en un malaise perplexe acculé à une attente reportée ; douloureuse.
Et puis le comble, dans le déroulement des séquences de l’émission. Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu, par exemple ? ! Les discours (il n’y a pas un seul discours) au sein des mosquées sont abandonnés à la seule appréciation des fquihs ; ceux-ci étant mis uniquement devant les impératifs de leur libre-arbitre et la lucidité de leur conscience. Extraordinaire ! Car le khatib/prêcheur sera libre de nous dire ce qu’il veut comme il l’entend (au moment où tout le monde sait que le champ religieux est miné de surenchères politiciennes) loin, très loin peut-être du regard prudent de la Doctrine. Et c’est chose tout à fait normale puisque le ministre préfère s’enfoncer dans le prosélytisme démagogique du spirituel, et du soufisme ambiant, au détriment du Malékisme. Soutenant audacieusement qu’au Maroc, christianisme missionnaire ou pas, on saura cohabiter avec tout. Comprendre : la grande Fitna ! Nous ne dramatisons pas ici, ni ne voulons décrédibiliser l’honnêteté et la renommée de nos honorables savants (Alems), dignes du plus grand respect. Mais nous voulons tout simplement avancer qu’il est temps d’unifier la circulation du discours religieux au sein des institutions de l’État (Mosquées, École) et de redoubler de veille. La vocation historique de notre pays étant justement de ne pas vivre avec n’importe qui ni n’importe comment.
Au Liban, où on a choisi un jour, après le carnage de la guerre civile, de cohabiter politiquement avec tout, lorsqu’on a combiné toutes les ambigüités avec le système démocratique (monsieur Toufiq préfère le terme Al Adl au terme démocratie et rejoint ainsi Abdeslam Yassine), on passe pas moins de 5 mois pour confectionner un simple gouvernement. Encore qu’il faille attendre le feu vert de Wilayat Al faquih en Iran d’une part, et de la Syrie, d’autre part, pour valider ses propositions nationales pour la distribution des portefeuilles ministériels. Et le Hizb Allah avait débuté son ‘’militantisme résistant’’ se comportant en mignon groupuscule avant de devenir un État dans l’État. Vrai, le Maroc n’est pas le Liban, mais quand des politiques et des journalistes appellent à plus de cohérence dans le champ religieux, n’arrêtent pas d’attirer l’attention sur toutes les formes de déviations qui nous viennent du Moyen-Orient, il semblerait qu’on leur réponde : “ah, ce ‘’chiite américain’’, d’origine iranienne, n’est pas un chiite, c’est un simple ami, un homme de science que j’ai connu à Harvard et que j’ai fait venir au Maroc, à Dar Al Hadith, et il est parti lorsqu’il devait partir’’. Qu’est-ce que c’est ce discours? on serait tenter de répondre : Et si tous nos ministres optaient pour les mêmes lubies, chacun invitant copains et copines dans son département, quel serait le profil de notre paysage gouvernemental et politique ? Et c’est, en plus, monsieur le ministre qui se refuse au populisme et Al khawarij !
Mais Al khawarij sont bien à leur aise dans nos mosquées ! Ils organisent impunément des prières collectives après celles prescrites de la Djamaa, sous prétexte qu’ils arrivent en retard à la mosquée, ils s’adonnent à la prière de la Nafila (prière volontaire) à des moments prohibés par le Malékisme (entre la prière d’Asr et celle du Maghreb par exemple…), recrutent la jeunesse et des adultes à leur mouvement …et dites-nous s’il ne va pas falloir penser sérieusement à une police de mosquées pour réhabiliter la cohésion dans notre tissu doctrinal ! Puis, côté soufisme, pour faire plaisir à notre ministre, et aussi, montrer qu’il ne fait pas de cadeau sur ce chapitre, nous avons des doutes sur la visée de la question orientée mettant en scène une information bizarre, à laquelle le ministre a quand même répondu : celle mettant en compétition la Zaouia Boutchichia et Raissonia. Par ailleurs, parlant de feu Mokhtar Soussi il a mis en exergue son adhésion à la Zaouia Darkaouia .Tout cela, il nous semble, pour masquer le vrai problème : l’occultation, dans le débat, du rôle de la Zaouia Tijania et la confiscation symbolique de la place qui lui revient de droit sur l’échiquier de la mystique nationale.
Mais, c’est là un autre problème qui est venu encombrer le débat et l’on devrait normalement lui réserver un autre moment à part. Le programmer dans un futur proche, pour voir ce qu’il est réellement advenu d’une Tariqa/voie la plus puissante, sous le Règne de feu S.M Hassan II, et tout d’un coup renvoyée aux calendes grecques ; c'est-à-dire exactement depuis qu’Ahmed Toufiq est là (novembre 2002)! D’autant plus que la Tijania constitue un facteur déterminant de stabilité dans les profondeurs géopolitiques de notre pays, en particulier dans le sud : Sénégal, Mauritanie…D’ailleurs la presse nationale a raison de rappeler souvent l’activisme algérien relativement à ce point délicat. Concurrence plus importante et plus dangereuse que celle à laquelle on faisait allusion. Même chose pour la Salafia jihadia. Soulever le problème n’a pas été d’une grande rentabilité intellectuelle et politique puisque ce sont les services de sécurité qui détiennent ce dossier épineux. Et le transfert, établi par le ministre, du débat avec les repentis de la nébuleuse terroriste du côté de l’administration pénitentiaire, relayant la presse sur ce problème, montre que la question était mal choisie. Ou plutôt bien choisie pour ne rien en dire : les questions relevant de cet ordre d’idées, tout le monde le sait, procèdent de compétences multiples et complexes et ne peuvent subir un traitement public comme voudrait ‘’naïvement’’ nous le faire croire l’émission de Mustapha Alaoui. Autrement dit, le débat aurait dû se concentrer sur un seul point, la tragédie de la mosquée de Bab Berdieyinne, et non poser des questions auxquelles on ne pouvait répondre par la faute de l’absence des spécialistes.
Alors, pour conclure ce billet, et si l’on devait se référer nécessairement à la logique fataliste de notre ministre, concernant la tragédie de Meknès, et donc se conformer à la morale du présage, pourrait-on dire, de même, qu’il serait un signe du Ciel d’instruire un changement à l’endroit de celui par qui le malheur arrive ? Car depuis quand, au Maroc, les minarets tombaient sur les têtes des fidèles ?
Comme si l’ouverture d’une enquête pouvait impérativement conduire l’homme politique à la paralysie, à une forme de volubilité creuse et insignifiante ; voire provocante. Le top d’un degré zéro de la communication. Une manière de neutraliser l’information pour dire la chose et son contraire. Une tentative malicieuse et adroite de tirer son épingle de l’embarras avant que la tempête contenue dans les rouages du département n’en vienne à faire des dégâts. Ou, pire, un prétexte d’impliquer, par un détour scandaleux, un autre département -l’Intérieur - lorsqu’on est soi-même incapable de maîtriser le nombre de mosquées dans le Royaume et que l’on préfère, dans ce cas se ‘’déculpabiliser’’, dire que ces dernières prolifèrent aux élections …Mais un simple architecte ose dire sans crainte du ‘’délit ‘’ de l’orientation de l’enquête, à Akhbar al Youme du 24 février, que l’erreur fatale pourrait provenir, de la dernière réfection de la mosquée, au moment imprudent d’avoir renforcé le minaret de béton armé, lui qui fut construit en pisé…Et ce, sans parler des plaintes des citoyens qui sont légion à ce propos ; dont les questions de l’animateur se sont fait l’écho...
Pourtant l’émission Hiwar a été présentée comme une occasion exceptionnelle, de clarifier la situation. Puisque intervenant dans l’ordre d’une régularité qui rompt avec le caractère bimensuel de ce cadre enrichissant d‘échange public. Sa publicité devait notamment faire penser que l’on avait affaire à une performance inédite ; devait suggérer que l’on était sur le point de prendre des décisions solennelles et graves. Que des sanctions départementales préventives mais décisives allaient soutenir l’initiation de la procédure de l’enquête judiciaire ordonnée par le Procureur du Roi sur instruction du ministre de la Justice ; question d’essuyer les larmes profondément blessées, calmer les huées impulsives et ingérables de l’indignation populaire ! Rien ; le ministre ayant choisi de se protéger contre le flot des questions de ses interlocuteurs par la rigueur d’une négation imperturbable doublée d’un argumentaire infaillible ! Mais franchement burlesque ! Démenti hallucinant et suicidaire qui a profité de la surabondance thématique et en a fait le fer de lance pour transformer le Deuil national en un malaise perplexe acculé à une attente reportée ; douloureuse.
Et puis le comble, dans le déroulement des séquences de l’émission. Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu, par exemple ? ! Les discours (il n’y a pas un seul discours) au sein des mosquées sont abandonnés à la seule appréciation des fquihs ; ceux-ci étant mis uniquement devant les impératifs de leur libre-arbitre et la lucidité de leur conscience. Extraordinaire ! Car le khatib/prêcheur sera libre de nous dire ce qu’il veut comme il l’entend (au moment où tout le monde sait que le champ religieux est miné de surenchères politiciennes) loin, très loin peut-être du regard prudent de la Doctrine. Et c’est chose tout à fait normale puisque le ministre préfère s’enfoncer dans le prosélytisme démagogique du spirituel, et du soufisme ambiant, au détriment du Malékisme. Soutenant audacieusement qu’au Maroc, christianisme missionnaire ou pas, on saura cohabiter avec tout. Comprendre : la grande Fitna ! Nous ne dramatisons pas ici, ni ne voulons décrédibiliser l’honnêteté et la renommée de nos honorables savants (Alems), dignes du plus grand respect. Mais nous voulons tout simplement avancer qu’il est temps d’unifier la circulation du discours religieux au sein des institutions de l’État (Mosquées, École) et de redoubler de veille. La vocation historique de notre pays étant justement de ne pas vivre avec n’importe qui ni n’importe comment.
Au Liban, où on a choisi un jour, après le carnage de la guerre civile, de cohabiter politiquement avec tout, lorsqu’on a combiné toutes les ambigüités avec le système démocratique (monsieur Toufiq préfère le terme Al Adl au terme démocratie et rejoint ainsi Abdeslam Yassine), on passe pas moins de 5 mois pour confectionner un simple gouvernement. Encore qu’il faille attendre le feu vert de Wilayat Al faquih en Iran d’une part, et de la Syrie, d’autre part, pour valider ses propositions nationales pour la distribution des portefeuilles ministériels. Et le Hizb Allah avait débuté son ‘’militantisme résistant’’ se comportant en mignon groupuscule avant de devenir un État dans l’État. Vrai, le Maroc n’est pas le Liban, mais quand des politiques et des journalistes appellent à plus de cohérence dans le champ religieux, n’arrêtent pas d’attirer l’attention sur toutes les formes de déviations qui nous viennent du Moyen-Orient, il semblerait qu’on leur réponde : “ah, ce ‘’chiite américain’’, d’origine iranienne, n’est pas un chiite, c’est un simple ami, un homme de science que j’ai connu à Harvard et que j’ai fait venir au Maroc, à Dar Al Hadith, et il est parti lorsqu’il devait partir’’. Qu’est-ce que c’est ce discours? on serait tenter de répondre : Et si tous nos ministres optaient pour les mêmes lubies, chacun invitant copains et copines dans son département, quel serait le profil de notre paysage gouvernemental et politique ? Et c’est, en plus, monsieur le ministre qui se refuse au populisme et Al khawarij !
Mais Al khawarij sont bien à leur aise dans nos mosquées ! Ils organisent impunément des prières collectives après celles prescrites de la Djamaa, sous prétexte qu’ils arrivent en retard à la mosquée, ils s’adonnent à la prière de la Nafila (prière volontaire) à des moments prohibés par le Malékisme (entre la prière d’Asr et celle du Maghreb par exemple…), recrutent la jeunesse et des adultes à leur mouvement …et dites-nous s’il ne va pas falloir penser sérieusement à une police de mosquées pour réhabiliter la cohésion dans notre tissu doctrinal ! Puis, côté soufisme, pour faire plaisir à notre ministre, et aussi, montrer qu’il ne fait pas de cadeau sur ce chapitre, nous avons des doutes sur la visée de la question orientée mettant en scène une information bizarre, à laquelle le ministre a quand même répondu : celle mettant en compétition la Zaouia Boutchichia et Raissonia. Par ailleurs, parlant de feu Mokhtar Soussi il a mis en exergue son adhésion à la Zaouia Darkaouia .Tout cela, il nous semble, pour masquer le vrai problème : l’occultation, dans le débat, du rôle de la Zaouia Tijania et la confiscation symbolique de la place qui lui revient de droit sur l’échiquier de la mystique nationale.
Mais, c’est là un autre problème qui est venu encombrer le débat et l’on devrait normalement lui réserver un autre moment à part. Le programmer dans un futur proche, pour voir ce qu’il est réellement advenu d’une Tariqa/voie la plus puissante, sous le Règne de feu S.M Hassan II, et tout d’un coup renvoyée aux calendes grecques ; c'est-à-dire exactement depuis qu’Ahmed Toufiq est là (novembre 2002)! D’autant plus que la Tijania constitue un facteur déterminant de stabilité dans les profondeurs géopolitiques de notre pays, en particulier dans le sud : Sénégal, Mauritanie…D’ailleurs la presse nationale a raison de rappeler souvent l’activisme algérien relativement à ce point délicat. Concurrence plus importante et plus dangereuse que celle à laquelle on faisait allusion. Même chose pour la Salafia jihadia. Soulever le problème n’a pas été d’une grande rentabilité intellectuelle et politique puisque ce sont les services de sécurité qui détiennent ce dossier épineux. Et le transfert, établi par le ministre, du débat avec les repentis de la nébuleuse terroriste du côté de l’administration pénitentiaire, relayant la presse sur ce problème, montre que la question était mal choisie. Ou plutôt bien choisie pour ne rien en dire : les questions relevant de cet ordre d’idées, tout le monde le sait, procèdent de compétences multiples et complexes et ne peuvent subir un traitement public comme voudrait ‘’naïvement’’ nous le faire croire l’émission de Mustapha Alaoui. Autrement dit, le débat aurait dû se concentrer sur un seul point, la tragédie de la mosquée de Bab Berdieyinne, et non poser des questions auxquelles on ne pouvait répondre par la faute de l’absence des spécialistes.
Alors, pour conclure ce billet, et si l’on devait se référer nécessairement à la logique fataliste de notre ministre, concernant la tragédie de Meknès, et donc se conformer à la morale du présage, pourrait-on dire, de même, qu’il serait un signe du Ciel d’instruire un changement à l’endroit de celui par qui le malheur arrive ? Car depuis quand, au Maroc, les minarets tombaient sur les têtes des fidèles ?