Adam Lamhamedi ou le prix d’un podium olympique

Adam Lamhamedi, jeune skieur de 16 ans, résidant au Canada, représente un réel espoir pour le Maroc dans les compétitions de haut niveau du ski alpin. Ce jeune prodige a, en effet, confirmé de manière éclatante tout son talent.
En un coup de maître, il a réussi à faire retentir samedi 14 janvier, l’hymne national pendant que l’on hissait le drapeau marocain dans le ciel autrichien. L’événement est de taille puisqu’il s‘agit des Jeux olympiques d’hivers de la jeunesse auxquels ont participé 1.060 concurrents représentant 70 nations.
Adam a pu décrocher la médaille d’or au Super Géant et a fait bonne figure dans d’autres épreuves. Paradoxalement, cet événement, suivi par la presse internationale aux quatre coins du monde, semble être ignoré par la majorité des Marocains dont l’attention est centrée, pour l’heure, sur l’équipe nationale de football. C’est dire que notre gestion médiatique nécessite quelques réglages.
Le mérite de cette consécration olympique marocaine revient évidemment au jeune Adam grâce à son grand talent. Sans oublier les efforts deployés par les membres de la Fédération Royale marocaine de ski et sports de montagne (F.R.M.S.S.M.) qui ont œuvré en coulisses et l’on convaincu à évoluer sous les couleurs nationales. C’est à la suite d’une véritable ‘’valse’’, entre Montréal et Zurich où siège la Fédération internationale de ski (FIS), à laquelle se sont livrés M. Naitlhou et L. Abdou, respectivement président et président délégué de la F.R.M.S.S.M. pour que des dérogations puissent être consenties afin qu’Adam soit autorisé à représenter le Maroc à ces jeux.
Pour rappel, Adam est né au Canada de père marocain et de mère canadienne. L’intervention de la F.R.M.S.S.M., le concours des parents et la disponibilité de ce dernier à vouloir “représenter dignement” son pays d’origine aux manifestations internationales, ont abouti en 2011, à l’attribution de la nationalité marocaine au jeune sportif. Ce fut une approche ciblée et des efforts payants qui viennent d’ouvrir pour notre pays, de nouvelles perspectives concernant les sports d’hiver.
Depuis sa première participation olympique aux Jeux d’hiver en 1968 à Grenoble, le Maroc s’était limité au seul exploit d’avoir réussi à atteindre de temps à autre, le nombre de ‘’points FIS’’ l’autorisant d’être présent aux J.O. tout en étant tenu loin du podium. Adam, en sportif d’exception, nous donne aujourd’hui l’espoir de pouvoir percer cette chasse-gardée des pays du Nord. Il en a été conscient lorsqu’il a fait cette déclaration pleine de bon sens à l’issue de sa victoire : “Nous sommes venus d’Afrique et nous avons gagné une médaille en ski alpin, alors tout est possible”. Oui, tout est possible. La première étape, du long parcours qui attend ce futur champion, est ainsi amplement réussie. Il appartient aux dirigeants concernés de lui assurer une prise en charge appropriée sachant que les compétitions de haut niveau en ski alpin sont hautement techniques et par conséquent exigeantes. Adam dispose d’un potentiel physique, mental et technique exceptionnel certes, mais un podium olympique n’est une mince affaire. Hicham El Guerrouj est bien placé pour le confirmer.