Après la régularisation, l’intégration. La politique migratoire inaugurée par Rabat ne se résumera pas à la simple délivrance d’un titre de séjour aux migrants. Le Maroc se fait un pays d’accueil. Jusqu’au bout. En organisant, lundi 10 et mardi 11 mars à Rabat, un séminaire international dédié à la stratégie d’intégration des migrants, le ministère des MRE et des Affaires de la migration a décliné les grands axes d’une intégration réfléchie et réussie. La rencontre a réuni experts, chercheurs et officiels d’ici et d’ailleurs –dont des responsables gouvernementaux ivoirien et espagnol- et s’est faite en partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations et le soutien de la coopération suisse. Des exemples de politiques d’intégration ont été exposés et débattus dans le cadre de trois ateliers thématiques.
« Le séminaire de Rabat a très probablement posé les premiers jalons de l’esprit d’une intégration humaine, intelligente. Il s’agit bien ici de mettre en place un modèle marocain d’intégration des migrants. Dans le même temps, il est important de réfléchir aux modalités pour qu’une telle intégration soit opérationnelle. Il ne faut pas l’oublier, cette politique migratoire est un nouveau projet de société basé sur la mixité sociale, l’inter-culturalité et la tolérance pour mieux vivre ensemble », rappelle l’un des participants à ces ateliers de travail.
Et dans la perspective de la mixité sociale et du mieux vivre ensemble, des recommandations ont été émises en guise de clôture de ce colloque consacré à «La nouvelle politique migratoire au Maroc : quelle stratégie d’intégration ?»
Considérer le migrant comme vecteur de développement et d’opportunités pour le pays d’accueil, intégrer la dimension migratoire dans les programmes territoriaux et renforcer la coordination entre toutes les institutions étatiques et les autres intervenants et partenaires parce que la migration est une question transversale sont quelques-unes des principales recommandations des participants au séminaire. La question de la discrimination, ce racisme ordinaire qui ne dit pas son nom, n’a pas été occultée. « Il faut sensibiliser l’opinion publique contre toutes les formes de discrimination à l’égard des migrants», ont recommandé ceux et celles qui ont participé à cette rencontre tout en appelant à l’adoption d’un contrat d’intégration portant sur les droits et les devoirs des migrants.
Chercheurs, experts, activistes et officiels ont également plaidé pour la création d’un mécanisme permanent de concertation avec la société civile autour des questions migratoires.
Le principe de co-responsabilité a plané tout au long des travaux des ateliers thématiques. Un tel principe fera même l’objet d’une recommandation selon laquelle « des programmes spécifiques de coopération devront être établis avec les pays de l’Union européenne afin d’appuyer la nouvelle politique migratoire du Maroc et soutenir des projets de co-développement dans les pays d’origine ».
Les actes de ce séminaire consacré à la stratégie d’intégration des migrants établis en terre marocaine seront publiés et diffusés. Une rencontre d’évaluation et de suivi des recommandations aura lieu en mars prochain. Anis Birrou, le ministre des MRE et des Affaires de la migration, se donne un an pour que l’intégration ne soit pas un slogan ni un vœu pieux.