A Kinshasa, les nouveaux métiers de la débrouille


AFP
Lundi 26 Août 2013

A Kinshasa, les nouveaux métiers de la débrouille
"Voleur" d'électricité, chargeurs de téléphones mobiles: au RDCongo, les nouvelles technologies ont fait naître de nouveaux métiers de la débrouille dans les rues de Kinshasa, à côté des traditionnels cireurs de chaussures et laveurs de pieds.
15% des Congolais auraient un téléphone portable, selon des statistiques non officielles. Mais tous n'ont pas l'électricité chez eux. Cela a permis l'apparition d'un nouveau métier, plutôt risqué.
Deux fils électriques destinés à alimenter un lampadaire public sont dénudés pour y brancher des fils reliés à une série de prises installées sur un panneau de bois. Le passant y installe son chargeur de téléphone. Une demi-heure de charge vaut 200 francs congolais (FC) soit 0,16 centimes d'euro.
Profitant des failles du réseau électrique et répondant à une demande croissante, des petits trafiquants ont également trouvé un moyen de gagner leurs vies. En déterrant un câble et en le dénudant, ils y branchent une dérivation qu'ils louent aux voisins, jusqu'à ce que ce système soit découvert par les techniciens. S'il n'a pas entre-temps provoqué d'incendie ou d'accident grave.
Les vendeurs de crédit téléphoniques pullulent, plus nombreux que les marchands de cigarettes.
Ils ne distribuent généralement qu'un seul fournisseur. Ainsi s'agglutinent à certains carrefours une multitude de petites "échoppes" qui ne sont en fait que des cartons portant le nom du réseau.
Dans un pays des plus riches en matières premières de la planète, de nombreux habitants de Kinshasa, mégapole de dix millions d'habitants, survivent grâce à des "petits métiers".
Malgré la richesse de son sous-sol, la RDC, qui compte plus de 60 millions d'habitants, est classée au 186e rang dans l'indice de développement humain (IDH) en 2012.
Le revenu par habitant est inférieur à 1 dollar, selon le PNUD.
Comparativement, Papy Kanku, 29 ans, gagne "bien" sa vie. Son business: vendre des morceaux de noix de coco, qu'il achète à l'extérieur de la ville 400 francs congolais (0,3 euro) pièce. Il les découpe et vend les 4 ou 5 morceaux 200 FC pièce dans le quartier de la Gombe. En moyenne, il écoule ainsi 50 noix de coco par jour, ce qui lui assure, déduits ses frais de transport, un bénéfice de 30.000 FC (24 euros), suffisant, dit-il, pour faire vivre ses deux enfants et ses trois "petits frères".
La dollarisation de l'économie rend indispensable le métier de changeur, qu'exerce Saint Louis. Un dollar valant officiellement 910 FC est changé à 900, la différence revient au changeur. Celui-ci négocie la place de son carton durement selon qu'elle est située devant un ministère ou au marché. Pour les chaussures, objets de toutes les attentions en République démocratique du Congo, car tout le monde n'en a pas, c'est selon. Devant un grand hôtel, fréquenté par les Occidentaux et par la bourgeoisie, un énergique coup de brosse, ponctué des coups secs sur la boîte pour faire changer de pied, ainsi qu'un coup de chiffon lustreur, peuvent aller jusqu'à 500 FC (0,4 euro). En ville, c'est 200.
En saison des pluies, l'eau et la boue envahissent les rues. Certains sont obligés de se déchausser et de patauger jusqu'à un endroit sec où les attendent des laveurs de pied qui prennent 100 francs congolais (0,08 euro).
Le long des rues, dans les marchés, d'autres vendeurs ambulants gagnent leur vie en vendant les fripes qu'ils ont rachetées aux grossistes qui les ont importées, généralement des Etats-Unis. Trois chemises sur un bras, une veste sur un porte-manteau, les vendeurs tentent d'attirer l'attention des automobilistes. Si l'un d'eux s'arrête, le marchandage commence.
D'autres vendeurs tentent de monnayer des chiens. Boules de poils écrasés par la chaleur, on les exhibe devant les vitres des voitures climatisées, notamment celles occupées par les Occidentaux et leurs enfants.


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