A Hong Kong, les plus pauvres habitent sur les toits, mais jusqu’à quand?


AFP
Lundi 25 Août 2014

A Hong Kong, les plus pauvres habitent sur les toits, mais jusqu’à quand?
Les cahutes de bric et de broc perchées sur des toits d’immeubles à Hong Kong abritent depuis des décennies les habitants les plus pauvres du territoire, où les prix de l’immobilier atteignent des sommets. Mais le gouvernement veut les démanteler. Ces constructions de bois, briques et plaques de tôles occupent les toits des immeubles des années 50, et résistent tant bien que mal aux typhons et à la chaleur moite de cette région du sud de la Chine.
Le gouvernement estime que ces maisonnettes sont dangereuses. Et leurs habitants sont d’accord.
Mais dans un territoire où un appartement de luxe atteint facilement 50 millions de dollars US (36,8 millions d’euros) et où l’attente pour bénéficier d’une place en HLM peut durer des années, ils disent ne pas avoir d’autre choix.
Un loyer «coûte au moins plusieurs milliers de dollars (de Hong Kong), on ne peut pas se le payer», soupire Su Xingyun, une mère au foyer qui vit avec ses deux fillettes et son mari, maçon, dans une de ces maisonnettes en passe d’être détruite selon un décret des autorités.
Le toit de l’immeuble de dix étages, dans le quartier populaire de Sham Shui Po, est occupé par dix cabanons.
Mme Su, 46 ans, a quitté la Chine continentale pour rejoindre son mari et vit là depuis quatre ans. Elle aimerait un foyer plus agréable pour ses filles et indique avoir demandé une place en HLM depuis des années.
«J’ai vraiment peur quand il y a un typhon. J’ai peur que le toit s’effondre et je sens les murs trembler», dit-elle. Elle partage une cuisine avec ses voisins, avec une toilette et un tuyau qui fait office de douche. Les habitants sont propriétaires ou versent un petit loyer. Pour eux, il est impossible de déménager dans un appartement privé. «La caution, la commission et le premier mois de loyer pour un minuscule appartement peut dépasser les 10.000 dollars de Hong Kong (950 euros)», explique Angela Lui, qui travaille au sein d’une association de lutte contre la pauvreté. «Les familles ne peuvent pas se le payer».
Beaucoup de ces habitations ont été construites dans les années 50 et 60, lors d’afflux d’immigrants venus de Chine continentale, époque où les règlementations sur les constructions étaient minimales. Les occupants sont des migrants et des Hongkongais, précise Angela Lui. Certains y vivent depuis plus de 30 ans.
Il n’existe aucun recensement sur ces occupants mais les autorités estiment à 170.000 le nombre d’habitations insalubres.
Le gouvernement mène une campagne contre ces «constructions de standard insuffisant» catégorie à laquelle appartiennent les maisons des toits , notant qu’il en va de la sécurité des habitants.
Entre 2001 et 2011, ses services ont détruit 400.000 de ces habitations.
Mais les procédures de relogement ne suivent pas le rythme des destructions, note Angela Lui, qui déplore un manque de coordination entre les différentes agences gouvernementales.
Les propriétaires et les locataires de ces cabanons n’ont droit à aucune compensation puisqu’elles ne sont pas reconnues par la loi.
«Personne ne m’avait dit que c’était illégal», déclare Quang Xuan, 55, arrivé du Vietnam il y a des années et occupant de la maison voisine de celle de Mme Su depuis dix ans. 
«Si je ne peux pas trouver autre chose dans mes moyens, je risque de devenir sans abri, et de vivre sous un pont ou dans un parc», ajoute l’immigrant. 
Les ministères des Bâtiments et des Logements affirment travailler de concert et assurent que des appartements HLM seront proposés à ceux qui répondent aux critères exigés, à savoir des revenus faibles et l’occupation de ces cahutes depuis au moins deux ans.
Fin mars, les listes pour un appartement HLM comptaient 250.000 demandes (pour une population totale de 7,2 millions à Hong Kong) et la durée d’attente moyenne s’élevait à trois ans, selon le ministère du Logement.
Ceux qui n’ont pas de logements HLM peuvent déménager dans des centres d’accueil, mais ces derniers se situent aux confins du territoire et les habitants doivent alors trouver un autre travail et les enfants changer d’écoles.
«Hong Kong est une ville riche (...), nous nous devons d’assurer à chacun ici un logement adéquat», déclare Angela Sui.
 
 
 
 


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