70 ans après avoir été napalmée par les Alliés, une île bretonne veut s’ouvrir au tourisme


AFP
Mercredi 3 Septembre 2014

70 ans après avoir été napalmée par les Alliés, une île bretonne veut s’ouvrir au tourisme
Soixante-dix ans après avoir été la cible d’intenses bombardements au napalm et au phosphore, l’île française de  Cézembre, au large de Saint-Malo en Bretagne (ouest de la France), garde les traces des bombes lâchées par les Alliés, mais ce site idyllique pourrait s’ouvrir davantage aux touristes. En août 1944, l’armée allemande, retranchée dans ses blockhaus, a subi au mètre carré l’un des pires bombardements de la Seconde Guerre mondiale, dans cet endroit stratégique qui commande la rade de Saint-Malo, à quatre kilomètres des célèbres remparts.
 Arme secrète de la Seconde Guerre mondiale, le napalm, substance incendiaire interdite par l’ONU en 1980, a été utilisé pour la première fois en Europe à Cézembre. 
C’est tout du moins la première fois que le mot est inscrit officiellement dans un rapport américain, “ce qui ne signifie pas que le napalm n’ait pas été utilisé en Europe avant...”, souligne Éric Peyle, responsable du Mémorial de la cité d’Alet, un musée consacré à la Seconde Guerre mondiale.
 Bombes, obus et munitions se cachent toujours dans le sol de l’île, dont 90% de la superficie est interdite au public. Difficile à croire à la vue de la plage où près de 10.000 visiteurs viennent bronzer chaque année et profiter du restaurant, dont le propriétaire est l’unique habitant de l’île.
Seize hectares qui n’ont pas été épargnés par la guerre: en 1940, près de 400 hommes de l’armée allemande envahissent Cézembre et y dressent d’importantes fortifications. Du 6 août au 2 septembre 1944, l’île subit les  assauts aériens, terrestres et maritimes des Américains et des Britanniques. La reddition de l’île au matin du 2 septembre 1944 signe la libération intégrale de Saint-Malo, qui n’est plus qu’un amas de ruines.
 A leur arrivée sur l’île, les Américains rendent les honneurs aux soldats survivants qui pendant près d’un mois se sont réfugiés dans les galeries creusées par les Français avant la Première Guerre mondiale. 
“On peut comparer ce bombardement historique à Verdun en 1914”, assure Louis Pottier, ancien adjoint à la culture de Saint-Malo.
 
La nature reprend ses droits
 
“Il est très difficile de connaître le nombre exact de bombes qui ont été larguées. A ce jour, ce qui est sûr, c’est que 3.823 bombes ont été lâchées du 6 août au 2 septembre 1944. Mais il ne faut pas oublier les tirs d’artillerie  depuis la côte. 
Personnellement, j’estime entre 3.000 et 5.000 tonnes de  projectiles envoyés sur l’île, que ce soit par voie aérienne, terrestre ou maritime”, explique à l’AFP, Eric Peyle.
 La présence dans le sol de napalm, de phosphore et de métaux n’a pas empêché le développement de nombreuses espèces végétales et animales. Si l’île a connu plusieurs campagnes de déminage, la dernière en 2008, Didier Olivry, délégué du Conservatoire du littoral, ne se dit pas favorable à une dépollution totale du site, qui entraînerait selon lui “la destruction d’un équilibre qui a réussi à se créer avec le temps”. “La végétation a pris le dessus sur les métaux”, assure-t-il.
Une dépollution partielle du site s’avère toutefois nécessaire afin que l’île, actuellement terrain militaire, passe sous le giron du Conservatoire du littoral qui s’engage, en contrepartie, à l’aménager.
 Un sentier balisé d’environ 3 km devrait permettre aux visiteurs d’accéder à certaines parties nord et ouest de l’île, aujourd’hui interdites, et de bénéficier d’un point de vue imprenable sur l’ensemble de la côte. La dépollution sera fonction du tracé du sentier, sa définition est  actuellement la priorité du dossier.
Pour Ingrid Parrot, porte-parole de la  préfecture maritime Atlantique, “les chantiers de dépollution sont généralement  très longs mais il est indispensable que le visiteur puisse se promener en toute sécurité”.
“L’objectif idéal serait que l’île connaisse une dépollution, un transfert  de gestionnaire et un aménagement courant 2015. Nous souhaitons que l’île soit  accessible au plus grand nombre, tout en rappelant les faits historiques”, espère Didier 
Olivry. 


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