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Dans un tour de force, Guillaume a eu la malencontreuse idée d’envoyer en exil le Sultan déchu et sa famille, espérant par là couper le cordon entre le trône et le peuple et imposer l’autorité de Ben Arafa. Mais la déportation du Sultan, d’abord en Corse, puis à Madagascar à partir de 1954, a eu l’effet contraire: ce fut la goutte qui a fait déborder le vase.
La nouvelle de l’éviction et de l’exil du Sultan légitime est tombée tel un couperet sur les Marocains, excédés par cette atteinte flagrante au symbole de la souveraineté et de l'unité nationales.
Leur réaction ne s'est pas fait attendre : du Nord au Sud, des milliers de Marocains sont descendus dans les rues pour manifester leur rejet de la politique du fait accompli de l'occupant et leur révolte contre Mohammed Ben Arafa, le nouveau sultan imposé par la force qui ne faisait manifestement pas le poids face au Roi déchu.
Deux ans durant, le pays a vécu au rythme d'actes de résistance, manifestations et grèves qui ont paralysé les secteurs économiques vitaux et donné du fil à retordre aux autorités coloniales. De nombreux nationalistes ont perdu la vie dans ces actes de bravoure, tel que feu Allal Ben Abdellah, tombé en martyr alors qu'il tentait de poignarder le sultan potiche Ben Arafa.
Désarmé face à ce retournement de situation inattendu, l’occupant a déployé ses troupes pour tenter de réprimer ce soulèvement populaire sans précédent. Une vague d’arrestations et d’emprisonnements a alors été menée contre les résistants, mais c’était sans compter sur le courage et la détermination de ces nationalistes dévoués à leur patrie et à leur Roi.
La résistance armée s'est organisée, par la suite, sous la forme d'une armée de libération. C’est ainsi qu’éclate le soulèvement d’Oujda le 16 août 1953 et, le 1er octobre 1955, des opérations sont menées contre les troupes coloniales dans les régions d'Aknol, d'Imozar Marmoush, de Tétouan qui abritait le quartier général du commandement général du Protectorat.
Epuisé, l’occupant s’est rendu à l’évidence qu’il n’arriverait jamais à installer son autorité sur le territoire marocain ni à rompre les liens séculaires et indéfectibles entre le peuple et son Roi. En désespoir de cause, les autorités françaises négocient, dès 1955, avec le Sultan exilé les modalités de son retour à la mère-patrie et de l’indépendance du Maroc. Le 16 novembre de la même année et après 28 mois d’exil, le Souverain est accueilli en héros à Rabat par son fidèle peuple.
Le retour triomphal du père de la Nation a constitué une cuisante défaite pour le protectorat dont les jours étaient désormais comptés. En étroite coordination avec le Mouvement nationaliste, Feu S.M Mohammed V a mené le combat de l’indépendance jusqu’au bout, et la symbiose entre le Trône et le peuple a asséné le coup de grâce à la présence coloniale au Maroc, le 18 novembre 1956.