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6.700 Rohingyas tués en Birmanie le premier mois des violences

69% ont été tués par balles, 9% ont été victimes de brûlures mortelles, 5% de tabassages


Vendredi 15 Décembre 2017

 Au moins 6.700 Rohingyas ont été tués entre fin août et fin septembre au cours d'une opération de l'armée birmane, selon une estimation inédite publiée jeudi par Médecins sans frontières (MSF), qui estime que le bilan réel pourrait être encore plus lourd.
Les chiffres de MSF ne couvrent que le premier mois des violences, mais l'exode se poursuit encore aujourd'hui. Et les personnes qui fuient "disent avoir subi des violences ces dernières semaines", souligne MSF.
Les Nations unies n'ont jusqu'ici jamais publié de chiffres sur le nombre de tués.
"Les études montrent qu'au moins 71,7% des décès sont dus à la violence, y compris parmi les enfants de moins de cinq ans. Cela représente au moins 6.700 personnes, dont 730 enfants", écrit MSF, qui a interrogé plus de 11.000 réfugiés au Bangladesh pour parvenir à cette estimation.
Et pour le Dr Sidney Wong de MSF, "le nombre de décès est vraisemblablement sous-estimé" car "l'ampleur et la nature des violences mises au jour sont effroyables".
"Nous avons entendu des personnes raconter que des familles entières avaient péri après que les forces armées les ont enfermées dans leurs maisons avant d'y mettre le feu", raconte-t-il.
Selon les milliers d'entretiens menés par MSF pour tenter d'évaluer l'ampleur du drame, 69% ont été tués par balles, 9% ont été victimes de brûlures mortelles, 5% de tabassages.
"Presque chaque famille rohingya a eu un ou plusieurs de ses membres tués dans les violences", confirme à l'AFP Mohammad Zubir, enseignant rohingya réfugié depuis 25 ans au Bangladesh, qui joue un rôle de chef de la communauté locale.
"Et au cours de leur fuite loin de leurs villages en Etat Rakhine, ils ont vu des routes et des maisons pleines de morts", ajoute-t-il affirmant que les chiffres de MSF sont très largement sous-estimés.

Les violences avaient poussé environ 640.000 Rohingyas à fuir au Bangladesh voisin, soit plus de la moitié de cette communauté musulmane vivant principalement en Etat Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a déclaré début décembre qu'il existait des "éléments de génocide" contre les Rohingyas en Birmanie et a réclamé l'ouverture d'une enquête internationale.
Jusqu'ici, l'armée birmane, qui nie toute représaille contre les civils, avait évoqué un bilan de moins de 400 morts, tous des "terroristes" rohingyas.
Des attaques rebelles contre des postes de police en août avaient déclenché la répression de l'armée, accusée d'incendier des villages et de s'en prendre aux civils.
Les chiffres de MSF contredisent en tout point l'armée birmane, qui a rendu mi-novembre les conclusions de son enquête interne.
"Les soldats n'ont pas commis de violences sexuelles ni tué des civils. Ils n'ont pas arrêté, battu ou tué de villageois", affirmait le rapport sur la base de plus de 2.800 témoignages de villageois musulmans, recueillis dans des conditions d'indépendance non vérifiées.
L'armée a seulement confirmé avoir tiré sur une foule de Rohingyas qui les attaquaient, affirmant avoir agi en état de légitime défense.
Les violences dans l'Etat Rakhine ont en effet débuté par des attaques de postes de police par la rébellion rohingya de l'ARSA, qui dénonce les mauvais traitements subis par cette minorité.
Ils représentent la plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire.
Victimes de discriminations, ils n'ont pas de papiers d'identité, ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Et ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux. Amnesty international a récemment évoqué une situation d'"apartheid".
Dans ces circonstances, MSF estime que le récent accord entre les gouvernements du Bangladesh et de la Birmanie sur le rapatriement des Rohingyas "apparaît prématuré".
"Rien aujourd'hui ne garantit que les Rohingyas ne seront pas à nouveau exposés ccination contre la diphtérie, maladie qui aurait causé la mort de neuf réfugiés et en aurait infecté 700 autres.

 


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