​Les médias traditionnels et les médias sociaux à l’ère du coronavirus


Par Mohamed El-Msiyah *
Mardi 26 Mai 2020

​Les médias traditionnels et les médias sociaux à l’ère du coronavirus
Depuis son apparition en décembre 2019 à Wuhan en Chine, la pandémie de Covid-19 ne cesse d’alimenter les médias et les réseaux sociaux à travers le monde. Elle a traversé les cinq continents en un temps record en causant la tragédie dans plus de 193 pays et en charriant son cortège le plus souvent d’une multitude de rumeurs catastrophistes et de fausses nouvelles.  
La désinformation, à l’ère du virus à couronne, a pris des formes diverses et variées. De l’approximation des chiffres des nouveaux cas affectés et des morts à l’annonce des révélations dépourvues de preuves et sans sources fiables en passant par les innombrables thèses complotistes, de nombreux supports communiquent des « fake news ».
Pour les médias qui traversaient déjà une crise de confiance avec les citoyens, l’épidémie du coronavirus est une véritable épreuve. Près de la moitié des citoyens confinés dans le monde continuent de rester cramponnés à leurs écrans à l’affut de toute nouvelle information sur la plus grave crise sanitaire qu’ait connue le monde depuis un siècle, comme la nature du virus, son vaccin, les mesures de prévention et de protection, et les perspectives d’un reconfinement ou d’un déconfinement.
D’ailleurs, selon un sondage réalisé du 6 au 10 mars 2020 par la société américaine de conseil en relation publique Edelman, « dès le début du mois de mars, plus de 90% des Italiens, Japonais et Coréens s'informaient une fois par jour sur les actualités liées au virus, et plus de la moitié plusieurs fois par jour ».  
Cette crise actuelle pourrait être une occasion sine qua non pour les médias de reconstruire ou renforcer la confiance avec les lecteurs, car selon un autre sondage réalisé par l’Institut Ipsos en faveur du média Axios, « pour s'informer sur le virus, la moitié des Américains continuent de faire confiance aux médias traditionnels, et beaucoup moins aux réseaux sociaux ». Il est important de noter, en l’occurrence, que seules les informations exactes, voire fiables sont bel et bien vitales en temps de crise sanitaire. Les médias traditionnels ont un rôle à jouer. Un rôle clef !
En ces temps de crise, les médias publics et privés ont rempli une mission de service public. L’information est considérée comme un bien commun. Parallèlement, les médias sociaux sont devenus également un espace incontournable d’échange des informations sur le virus par les citoyens du monde entier. Un espace de débat public, de partage de solidarité, d’humour et de conseils sur les plans les plus efficaces pour s’adapter au confinement. Sans oublier d’évoquer que les réseaux sociaux ont regorgé, depuis l’apparition du virus, de messages qui témoignent de la reconnaissance aux professionnels présents sur la ligne de front contre le coronavirus, notamment les personnels soignants. 
Au moyen des médias traditionnels, les premières informations sur le Covid-19 ont été annoncées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à travers les points de presse quotidiens. Par la suite, lesdites informations ont été relayées par voie électronique.
Dans plusieurs pays du monde, Facebook a été ainsi un espace dans lequel les services institutionnels de santé ont publié une panoplie d’informations à travers la technique de la diffusion des vidéos en direct. D’ailleurs, la relation entre les médias traditionnels et ces mêmes institutions a été renforcée à travers l’envoi de communiqués de presse et la participation aux débats télévisés et radiophoniques. Le défi était et demeure de taille pour ces acteurs à part entière pour gérer la crise : sensibiliser et informer avec rigueur et précision les citoyens confinés, en d’autres termes, assurer le bien commun.
Au-delà de l’impact sanitaire, économique et social de la crise du Covid-19, un autre fléau mondial a surgi : la création et la diffusion de centaines de rumeurs et de fausses informations qui ont contribué à la déstabilisation des sociétés en proie déjà à la panique face à la pandémie. Pour endiguer la propagation de ce fléau, Facebook a installé un centre d’information dédié spécialement au coronavirus avant de lancer une grande campagne de vérification et d’évaluation des contenus publiés dans plus de 50 langues. Le résultat est concluant selon Facebook : l’orientation de deux milliards d’internautes vers des sources officielles et la suppression de milliers de contenus. 
À l’ère du Covid-19, la solidarité et l’entraide sont aussi maîtres-mots, les médias traditionnels dans le monde arabe en général et au Maroc en particulier ont joué un rôle fondamental en réalisant des émissions pour la collecte des fonds au profit des personnes les plus touchées par la crise. L’implication des médias sociaux dans cette affaire n’a pas tardé à apparaître : Facebook a lancé « Community Help », une nouvelle fonctionnalité qui permet de demander ou de proposer de l’aide. Par la même occasion, le fondateur de Twitter et de la société de paiement électronique Square, Jack Dorsey, a donné un milliard de dollars à la lutte contre le coronavirus.
Les questions sur la date et les scénarios de sortie du confinement se posent et s’imposent encore dans plusieurs pays à travers le monde. Les médias traditionnels et les médias sociaux partagent l’engagement  pour lutter contre le Covid-19. Ils sont plus que jamais entre concurrence et surtout complémentarité.
 
 * Professeur de FLE.
Doctorant en analyse du discours, USMBA-FLDM-Fès. 


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