Force est de constater que la nouvelle carte régionale telle qu’adoptée en Conseil de gouvernement est loin de constituer une réforme profonde, conséquente, novatrice. A l’examen des faits, la réforme ne résiste pas : le passage de 16 à 12 régions permet tout juste de jouer à la marge.
En la matière, une vraie réforme ne se serait pas contentée de la suppression de 4 régions seulement. Quant au bénéfice financier, il se mesure à l’aune de cette suppression : il n’est pas conséquent. A l’évidence, le gouvernement Benkirane est dans l’incapacité de bousculer les carcans en osant aller plus loin.
Autre point négatif de cette réforme timorée, les prérogatives des présidents de régions. Leurs pouvoirs sont handicapés par une condition majeure : toutes leurs décisions doivent être entérinées en amont par le wali ou le gouverneur.
Mais, et c’est le plus grave, c’est tout le caractère avancé d’une régionalisation prônée par le Maroc qui apparaît comme hypothétique. Dans ce sens, l’élection au suffrage direct du président de région aurait été innovante sur les plans institutionnel et politique.
Quant au financement de la région, il reste largement couvert par les subventions de l’Etat. Le maintien de la tutelle de l’Etat à travers l’octroi de subventions et le non-développement d’une fiscalité locale contribuant à rendre possible une autonomie régionale sont autant d’indicateurs qui posent question quant au modèle de régionalisation que l’Etat veut mettre en oeuvre.
L’Exécutif a beau jeu de vendre son nouveau découpage régional en le présentant comme «une étape qualitative en termes de mise en œuvre de la régionalisation avancée». Le rendez-vous d’une telle régionalisation est déjà en train d’être raté.