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​Message de condoléances de S.M le Roi au Président libanais


Jeudi 6 Août 2020

Sa Majesté le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances et de compassion au Président de la République libanaise, M. Michel Aoun, suite à l'explosion tragique survenue dans le port de Beyrouth, faisant plusieurs victimes et des dégâts matériels importants.
Dans ce message, S.M le Roi présente à M. Aoun et, à travers lui, aux familles éplorées et au peuple libanais frère, ses vives condoléances et ses sincères sentiments de compassion, implorant le Très-Haut d'accueillir les victimes en Sa sainte miséricorde et d'accorder au Président libanais ainsi qu'aux proches des victimes patience et réconfort et prompt rétablissement aux blessés.
Le Souverain exprime également au Président libanais, en son nom propre et au nom du peuple marocain, ses sincères sentiments de compassion et de solidarité avec le Liban en ces moments difficiles, l'assurant que le Royaume du Maroc se tient de manière constante aux côtés du peuple libanais frère.
S.M le Roi implore le Très-Haut de préserver le Liban de tout malheur et de lui assurer sécurité, quiétude et stabilité.

​Beyrouth en sang

Les deux énormes explosions, ressentis jusque sur l’île de Chypre, ont fait plus de 100 morts et 4.000 blessés 

Dans les ruines fumantes du port de Beyrouth, au milieu d'immeubles éventrés, les secouristes tentaient mercredi de retrouver des victimes, au lendemain des deux énormes explosions qui ont fait au moins 100 morts et des milliers de blessés.
La capitale libanaise, déclarée ville "sinistrée", s'est réveillée sous le choc, après ces explosions d'une telle puissance qu'elles ont été enregistrées par les capteurs de l'institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3.
Dans l'épicentre de l'explosion, dont le souffle a été ressenti jusque sur l'île de Chypre, à plus de 200 kilomètres, le paysage est apocalyptique: les conteneurs ressemblent à des boîtes de conserve tordues, les voitures sont calcinées, le sol jonché de valises et de papiers provenant des bureaux avoisinants, soufflés par l'explosion.
Selon le dernier bilan de la Croix-Rouge libanaise, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4.000 autres blessées. Un précédent bilan du ministère de la Santé faisait état de 78 morts.
Des Casques bleus ont été grièvement blessés à bord d'un navire amarré dans le port, selon la mission de l'ONU au Liban.
Des secouristes, épaulés par des agents de sécurité, ont cherché toute la nuit des survivants ou des morts coincés sous les décombres. Les opérations continuent, selon la Croix-Rouge.
Les hôpitaux de la capitale, déjà confrontés à la pandémie de Covid-19, sont saturés.
Le Premier ministre, Hassan Diab, a décrété mercredi jour de deuil national et a promis que les responsables devraient "rendre des comptes".
Le gouvernement pointe du doigt une cargaison de nitrate d'ammonium stockée "sans mesures de précaution" dans le port.
"Il est inadmissible qu'une cargaison de nitrate d'ammonium, estimée à 2.750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C'est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire", a déclaré le Premier ministre devant le Conseil supérieur de défense, selon un porte-parole.
Le nitrate d'ammonium, substance qui entre dans la composition de certains engrais mais aussi d'explosifs, est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais azotés sous forme de granulés, et a causé plusieurs accidents industriels dont l'explosion de l'usine AZF à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, en 2001.
De nombreux pays ont proposé de l'aide au Liban, notamment la France qui devait envoyer mercredi plusieurs tonnes de matériel sanitaire et un détachement de la sécurité civile.
Les Etats-Unis ont également proposé leur aide, ainsi que l'Allemagne, qui compte des membres du personnel de son ambassade à Beyrouth parmi les blessés.
Même Israël a proposé "une aide humanitaire et médicale" à son voisin libanais, avec lequel il est techniquement toujours en guerre.
Mardi, une première explosion a été entendue à Beyrouth, agglomération de quelque deux millions d'habitants, suivie d'une autre, très puissante, qui a provoqué un gigantesque champignon dans le ciel.
Les immeubles ont tremblé et les vitres ont été soufflées à des kilomètres à la ronde.
Dans les rues, des soldats évacuaient des habitants abasourdis, certains couverts de sang, T-shirt autour du crâne pour panser leurs blessures, tandis que des habitants cherchaient désespérément leurs proches manquant à l'appel.
"C'était comme une bombe atomique. J'ai tout vu (dans ma vie), mais rien de tel", a témoigné Makrouhie Yerganian, professeur à la retraite qui vit depuis plus de 60 ans en face du port.
Ce drame survient alors que le Liban connaît sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.


Une Marocaine parmi les blessés

Une Marocaine a été blessée dans l'explosion qui a secoué mardi la capitale du Liban, Beyrouth, a-t-on appris auprès de l'ambassade du Maroc au Liban.
La femme marocaine, qui travaille pour une Organisation des Nations unies à Beyrouth, a subi des fractures au niveau du pied, a affirmé l'ambassade dans un communiqué, notant qu’elle reçoit les soins dans un établissement de santé.
Juste après l'explosion, l'ambassade marocaine a affirmé suivre de près la situation des membres de la communauté marocaine résidant dans ce pays. Pour faciliter la communication, elle a mis à leur disposition des numéros de téléphone pour la contacter aussi bien à l'horaire du travail qu’en dehors de cet horaire si nécessaire.
En dehors des heures de travail et en cas de nécessité : 0096176730612
Pendant les heures de travail : 05924751/05924752/05924753/05924754.
 

​Scènes de chaos : Au port de Beyrouth, des larmes, des disparus et des morts

A l'une des entrées du port de Beyrouth, une femme de vingt ans court en hurlant le nom de son frère. Il s'appelle Jad et ses yeux sont verts, lance-t-elle l'air hagard. En vain. Les forces de sécurité lui interdisent le passage.
A quelques mètres de là, une autre femme en panique cherche son frère. Mais dans les regards, peu d'espoir, après les explosions violentes et meurtrières ayant fait 100 morts et 4000 blessés, provoquant des dégâts sans précédent dans toute la capitale, traumatisant les habitants.
Pendant plus de trois heures, le chassé-croisé d'ambulances se poursuit à un rythme incessant, accompagné par le hurlement des sirènes, les véhicules pénétrant la zone sinistrée pour repartir chargées de victimes.
Dans l'épicentre de l'explosion, un paysage apocalyptique: les conteneurs ressemblent à des boîtes de conserve tordues, leur contenu déversé sur le sol. Des flammes lancinantes et des nuages de fumée noire s'élèvent dans le ciel, que des hélicoptères de l'armée tentent en vain d'éteindre avec l'eau collectée de la mer.
Arrimé en face du port un navire est dévoré par le feu tandis que des agents de sécurité sur le quai craignent que ses réservoirs de carburant n'explosent.
Trois heures après la catastrophe, une dépouille gît encore à terre. Juste à côté, une valise intacte.
Le sol est jonché de valises, lunettes, chaussures, mais aussi des sachets de chips importées, des dossiers et des papiers provenant des bureaux avoisinants, soufflés par l'explosion.
A quelques dizaines de mètres de là, des voitures importées se succèdent en rangées compactes. Toutes endommagées par l'explosion, qui les a comme détraquées: les phares clignotent et les alarmes des véhicules accompagnent le hurlement des sirènes. La mine déconfite, certains pompiers sur place cherchent des collègues qui s'affairaient à éteindre un incendie déclenché juste avant l'explosion massive, selon l'un d'eux.
Des secouristes, épaulés par des agents de sécurité, cherchent des survivants ou des morts coincés sous les décombres.
L'un d'eux lance à l'adresse des journalistes: "Qu'est-ce que vous filmez? Il y a des corps déchiquetés partout!".
Non loin, des agents de sécurité transportent le corps sans vie d'un camarade. L'un d'eux explose en sanglots. Un autre, presque dans le déni, sort son téléphone pour exhiber la photo du défunt. "Le voilà à son mariage".
Parmi les blessés figurent des membres syriens et égyptiens d'équipages de navires arrivés mardi au port, notamment un venu d'Ukraine et transportant du blé à destination de la Syrie.
"Cela fait six mois que nous attendons le moment de notre retour en Syrie. Nous sommes 13 jeunes hommes. Sept d'entre nous ont été blessés", assure l'un d'entre eux.
Un autre évoque une fissure dans la coque de son navire, le Mero Star. "Le navire coule, Avec l'explosion il y a eu de graves blessés à bord".
Dans tous les quartiers de la capitale sans exception, même dans les banlieues, les correspondants de l'AFP ont pu voir les dommages causés par les déflagrations qui ont fait trembler la ville et provoqué la panique aux terrasses des cafés.
Dans les immeubles, les habitants inspectaient les dégâts, alors que les vitres des appartements ont été soufflés, les vitrines des magasins ont explosé, jonchant les trottoirs et les rues de bris de verre. Plusieurs hôpitaux de la ville ont été dépassés par les blessés qui affluaient.
Sur les télés libanaises, les journalistes dépêchés devant les hôpitaux saturés égrènent inlassablement des noms. Ce sont les portés disparus, leurs familles leur ont demandé de lancer un appel dans l'espoir de les retrouver.

​Le monde compatit avec le Liban

De nombreux pays ont présenté mardi leurs condoléances et proposé de l'aide au Liban, où deux énormes explosions ont secoué Beyrouth faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés.
La Sûreté générale libanaise a indiqué que les déflagrations pourraient être dues à des "matières explosives", mais ajouté que l'enquête devrait déterminer "la nature exacte de l'incident".
Alors que les explosions ont également causé des dégâts considérables, le Premier ministre libanais Hassan Diab a lancé un "appel urgent à tous les pays amis et les pays frères".
La France a déclaré être aux "côtés du Liban" et son président Emmanuel Macron a annoncé l'acheminement de "secours et moyens français" à Beyrouth.
"La France présente ses condoléances aux familles des victimes et souhaite un prompt rétablissement aux nombreux blessés", a indiqué le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Les Etats-Unis ont dit "suivre étroitement" les développements et tenter de savoir si des ressortissants américains ont été touchés par les explosions.
"Nous présentons nos plus sincères condoléances à tous ceux qui ont été touchés, et nous nous tenons prêts à offrir toute l'assistance possible", a déclaré un porte-parole du Département d'Etat.
"La Russie partage le chagrin du peuple libanais", a déclaré de son côté le président russe, Vladimir Poutine, dans un télégramme de condoléances au président libanais, Michel Aoun.
Le président Aoun a reçu un appel du président irakien, Barham Saleh, qui a assuré le Liban de la solidarité et offert de l'aider.
Des pays du Golfe, dont certains ont des relations étroites avec le Liban en lui fournissant de l'aide financière, ont rendu hommage aux victimes.
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a appelé le président Aoun pour lui présenter ses condoléances, selon l'agence de presse officielle QNA, qui a ajouté que des hôpitaux de campagne seraient envoyés au Liban.
"Nos cœurs sont avec Beyrouth et son peuple", a tweeté de son côté le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, Anwar Gargash, postant une photo de la célèbre Burj Khalifa de Dubaï, illuminée avec les couleurs du drapeau libanais.
"Que Dieu (...) protège le Liban frère et les Libanais pour réduire leurs souffrances et soigner leurs blessures", a-t-il dit.
Le Koweït a annoncé qu'il enverrait de l'aide médicale d'urgence au Liban, selon l'agence officielle Kuna.
Le ministre jordanien des Affaires étrangères a appelé son homologue Charbel Wehbe pour lui faire part de sa solidarité, se disant prêt à offrir toute assistance au Liban.
Le chef de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a souligné l'"importance de trouver la vérité dans les explosions et ceux qui les ont causées."
Elles "vont malheureusement exacerber les difficultés du Liban et augmenter la gravité de la crise (...) traversée par le pays", a-t-il ajouté.
Ces explosions surviennent alors que le Liban connaît sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation monétaire inédite, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques, qui alimentent depuis plusieurs mois la grogne sociale.


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