"Big Brother", comme le surnomment affectueusement ses compatriotes, est surtout une source d’inspiration pour beaucoup d’entre eux, au vu des réalisations accomplies par un de leurs semblables qui a su surmonter les embûches avec persévérance et détermination.
Ce surnom il le doit aussi à son statut de pionnier et de légende pour être le seul et unique vainqueur sud-africain de l'UEFA Champions League en 2004, de meilleur buteur de l’histoire de l’Afrique du Sud (31 buts pour 79 sélections, entre 1997 et 2012), mais surtout à son rôle de leader, toujours prompt à conseiller et à protéger les jeunes talents.
"Benni est une légende vivante. Quand il était là, il nous donnait de la confiance. Il était l'homme qui avait tout vu et tout gagné. Avoir le meilleur buteur de notre histoire dans l'équipe, c'était une assurance que nous pouvions marquer", confie Steven Pienaar, son ancien coéquipier chez les Bafana Bafana.
Benedict McCarthy est né, le 12 novembre 1977, dans une famille modeste d’un père pêcheur et d’une mère femme au foyer dans le quartier Cape Flats, une vaste zone sablonneuse aménagée à une vingtaine de kilomètres de la ville du Cap pour la relocalisation forcée des communautés non-blanches durant l'apartheid.
C’est ici que le petit Benni a cédé à la passion du ballon, entre les ruelles exigües et poussiéreuses de cet immense township rongé par le gangstérisme, la violence armée, la pauvreté, le chômage, l’insécuritéet la toxicomanie.
"Là où j'ai grandi, il n'y avait que des gangs, de la drogue et de la violence. Pour nous, le football n'était pas un simple jeu ; c'était la seule chose qui nous tenait loin des ennuis", racontera plus tard, celui qui allait devenir l’idole de toute une nation.
McCarthy a commencé sa carrière aux Seven Stars avant de rejoindre les Cape Town Spurs. Après des performances remarquées au Championnat d’Afrique des moins de 20 ans et à la Coupe du Monde des moins de 20 ans en Malaisie, il rejoint l’Europe en 1997.
Là-bas, il a joué pour l’Ajax (Pays-Bas), avec lequel il a remporté l’Eredivisie et la Coupe KNVB (à deux reprises), le Celta de Vigo (Espagne), Porto (Portugal), où il a reçu le Soulier d’Or en 2004, ainsi que pour Blackburn Rovers et West Ham (Angleterre), avant de retourner en Afrique du Sud pour signer avec les Orlando Pirates.
José Mourinho, entraîneur du FC Porto et vainqueur de la Ligue des champions 2004, a souvent salué l'importance de McCarthy dans son équipe victorieuse.
"Benni a été l'un des meilleurs attaquants avec lesquels j'ai travaillé, en particulier dans sa capacité à marquer des buts cruciaux lors des grands matchs. Il avait cette faim, cette soif de gagner. Il était un joueur très important pour l'équipe qui a gagné la Ligue des champions."
"Il était un attaquant fantastique dans la surface de réparation. Il savait comment utiliser son corps, et sa capacité à finir les actions était exceptionnelle. Il était toujours une menace réelle contre nous (Manchester United)", raconte pour sa part la légende de Manchester United, Alex Ferguson, en fin observateur de la Premier League lorsque McCarthy jouait pour Blackburn.
Bardé de diplômes, dont deux licences d’entraîneur UEFA (niveau A et Pro), l’homme est revenu au bercail où il a déployé son savoir-faire et sa maîtrise de technicien avec plusieurs équipes du championnat sud-africain, avant d’occuper le poste d’entraîneur des attaquants à Manchester United (2022-2024), agissant comme une figure tutélaire, expérimentée et bienveillante, aidant des joueurs comme Marcus Rashford à retrouver leur forme et à améliorer leur finition.
"Il apporte beaucoup de calme et de conseils sur les situations de match et sur la façon de garder son sang-froid devant le but. Il nous a beaucoup aidés à la fois sur le terrain et en dehors. C'est comme un Grand Frère pour nous", témoigne l’international anglais en signe de reconnaissance.
Depuis mars 2025, McCarthy est l'entraîneur de l'équipe nationale du Kenya, les "Harambee Stars", où il compte apporter un mélange singulier de rigueur européenne et de technicité africaine.
Hors du terrain, il est père de cinq enfants (trois filles et deux garçons), issus de deux mariages. Il a souvent souligné l'importance de sa famille comme point d'ancrage et de stabilité, surtout durant sa carrière de joueur et sa transition vers l'entraînement.
Mais au-delà des titres et des exploits, Benni McCarthy reste pour beaucoup un homme de contraste : une star internationale qui n'oublie pas ses origines modestes, un leader parfois controversé, mais toujours passionné, dont la vie est désormais entièrement dédiée à l'encadrement et au développement de la prochaine génération de footballeurs.










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