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Droit des générations futures




Zdravko Krivokapic, le modeste professeur qui a unifié l’ opposition monténégrine


Libé
Lundi 7 Décembre 2020

Après une carrière universitaire menée loin de l’arène politique, le professeur Zdravko Krivokapic est devenu vendredi dernier le nouveau Premier ministre du Monténégro, au détriment d’un parti qui avait réussi à régner sur le minuscule pays des Balkans trois décennies durant. Ce chrétien orthodoxe prend la tête d’un gouvernement soutenu par des éléments de droite, une situation inédite dans l’ancienne République yougoslave. Pour les analystes, le nouveau Premier ministre a réussi à sceller une alliance improbable entre des groupes d’opposition, allant des communistes aux ultra-nationalistes, grâce à son image de citoyen ordinaire, à l’écart des débordements qui ont parfois émaillé la vie politique monténégrine. Ce front hétéroclite a fait mieux que le Parti des démocrates socialistes (DPS) du président Milo Djukanovic, qui n’avait jamais perdu une élection depuis le démantèlement de la Yougoslavie au début des années 90. “Je suis comme vous, un homme ordinaire, et disent-ils, un homme modeste”, avait expliqué Zdravko Krivokapic aux électeurs avant les législatives d’août, de son ton calme et posé. “Je suis un père de famille, certains disent que je suis accro au travail”. Ce professeur d’ingénierie mécanique originaire de Niksic, dans le centre du Monténégro, était respecté dans les milieux universitaires mais inconnu des électeurs quand il a débuté en politique début janvier. Arborant sa foi avec fierté, il était rapidement devenu le visage d’une alliance formée de politiciens de droite et de pro-Serbes entretenant des liens étroits avec l’église orthodoxe serbe (SPC). Cette église basée à Belgrade est la religion dominante au Monténégro, où un tiers des habitants s’identifient toujours comme Serbes, malgré le divorce du pays d’avec la Serbie en 2006. Ce sujet reste très sensible alors que le camp pro-serbe est sorti renforcé d’une controverse provoquée par une loi sur la liberté religieuse qui ouvrait la voie au transfert à l’Etat monténégrin de centaines de monastères et églises gérés par la SPC. Première historique, le clergé avait soutenu ouvertement Zdravko Krivokapic durant la campagne, louant ses valeurs traditionnelles et sa foi. Cette bénédiction, couplée à sa réputation de “Monsieur Propre”, a considérablement favorisé sa réussite, juge Daliborka Uljarevic, directrice du Centre pour l’éducation civique. “Les citoyens du Monténégro voulaient un leader prêt au dialogue et au compromis, ils en avaient assez d’un chef à la poigne de fer”, poursuit-elle, en référence au règne du président Djukanovic. Zdravko Krivokapic s’est présenté comme au-dessus des partis, motivé par la foi, et désireux de répondre au “désir de changement”. Son gouvernement d’experts “ne travaillera plus pour les intérêts d’un parti, de certains groupes d’intérêt ou d’individus, mais pour les citoyens”, a-t-il promis dans son discours d’investiture. Si ses valeurs conservatrices lui ont valu le soutien du camp nationaliste pro-serbe, il s’est attiré des critiques en parlant du Monténégro comme d’un “pays serbe”. Mais il a également su séduire des électeurs plus centristes, las du statu quo. “L’appui de l’église a attiré certains électeurs d’autres structures, peut-être même du DPS, dont les sentiments religieux étaient plus profonds que leur fidélité au DPS, aliénés par le clientélisme”, poursuit l’analyste. Pendant les célébrations de la victoire, le nouveau Premier ministre avait refusé de scander des slogans anti-Djukanovic, préférant aller chercher la bénédiction de l’archevêque. Son ton mesuré tranche aussi avec celui de certains membres de l’ancienne opposition qui n’avaient pas hésité à s’en prendre physiquement à d’autres députés au moment de l’adoption fin 2019 de la loi sur la religion. Il a promis de préserver l’ancrage occidental du Monténégro, entré dans l’Otan voici trois ans, et qui est dans le peloton de tête des négociations d’adhésion à l’Union européenne. Aux Monténégrins, il a promis de lutter contre la corruption et de dépolitiser les institutions, sans faire de chasse aux sorcières. “Il n’y aura aucune sorte de représailles politiques”. 


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