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Yousra Tarik connue au début en tant que journaliste, a dû prendre une autre voie, qui n’est pourtant pas étrangère à sa formation personnelle. Jeune et dynamique, cette
militante de la société civile a beaucoup appris de l’espace associatif dans sa région
rifaine, avant de se consacrer à la formation académique. Claire dans ses engagements, elle reste parmi les artistes qui n’hésitent pas à s’aligner aux côtés des victimes
d’injustice et de prendre des positions en faveur des droits humains. Entretien.
Libé : Quel rôle devrait jouer l’artiste aujourd’hui selon vous ?
Yousra Tarik : Nul doute que l’artiste a un rôle à jouer dans la vie publique. Il s’agit tout simplement de son apport en tant qu’acteur dans l’édification d’une prise de conscience sociétale, une volonté certaine de faire évoluer la démocratie et de prôner des valeurs de tolérance, du vivre-ensemble, de la culture du beau, ainsi que du respect des droits humains. Comme il contribue largement à l’élévation du goût public et général et à la préservation des fondements de la différence et de l’acceptation de l’autre, un artiste doit aussi développer l’esprit critique quant à la chose publique, en exprimant ses opinions et en agissant à travers des initiatives d’intérêt général.
Croyez-vous que les politiques publiques permettent-elles à l’artiste de jouer ce rôle prépondérant ?
Il n’est pas possible pour l’artiste de s’acquitter de sa mission en tant qu’acteur face à des politiques publiques et des programmes officiels qui n’accordent aux arts et aux artistes aucune considération. L’Etat a certes entamé au début de la dernière décennie une politique de subvention aux productions artistiques (théâtre, cinéma…), notamment en instituant une carte en guise de reconnaissance légale de la situation d’artiste, mais ces mesures, aussi nécessaires soient-elles, demeurent insuffisantes par rapport aux aspirations de l’artiste marocain qui patauge dans une situation sans vision ni approche claires.
Comment les artistes peuvent-ils s’approprier l’espace public et par là les transformer en des lieux d’art ?
Il existe en effet plusieurs façons pour y arriver. Il est nécessaire, dans ce contexte, de tirer profit d’autres expériences de pays ayant pu créer des espaces publics d’échange et de partage culturels et civilisationnels. L’on peut évoquer ainsi les initiatives ayant pu transformer des jardins en des lieux d’expositions d’œuvres d’art et de partage culturel, investir des plages pour y organiser des festivals artistiques et culturels. Je dois simplement souligner dans ce cadre qu’il n’est pas possible de réaliser de pareilles initiatives et de les réussir sans inculquer aux individus un sentiment d’appartenance et d’appropriation par rapport aux lieux publics, à travers des approches participatives dans les politiques publiques.
Comment l’artiste peut-il s’ériger en ambassadeur de sa région d’origine ?
A travers mes expériences professionnelles, en tant que journaliste et artiste, j’assume une grande responsabilité de faire connaître ma région, ma culture, mon identité amazighe dont je suis amplement fière. On a débuté avec la présentation de la première émission en langue amazighe et qui met en avant la place de la femme amazighe dans la société marocaine. L’émission « Nettat » (Elle) vise à mettre la lumière sur les conditions générales des femmes dans le Rif… et c’est la même chose pour la majeure partie des travaux dans lesquels j’ai pris part en tant que comédienne, faisant généralement connaître le patrimoine culturel de la région du Rif comme « Mighiss » de Jamal Belmajdoub, « Adieu Carmen » de Mohamed Amin Ben Amraoui et le film « Les coups du destin » de Mohamed Lyounsi.
Comment évaluez-vous ce rapport entre industrie cinématographique et production culturelle ?
Je pense que nous avons besoin d’une industrie cinématographique pour transmettre notre héritage culturel aux générations futures, en fonction de nouvelles normes répondant à leurs goûts et leurs aspirations. Il existe certes un risque à courir qui est celui de métamorphoser le substrat culturel, voire de le dénaturer pour le présenter uniquement comme marchandise à consommer sans âme ni fond. Du coup, il serait nécessaire d’entreprendre une nette distinction entre l’industrialisation et la marchandisation, puisque la première opération n’est pas synonyme de la première comme pourraient penser certains. Pour moi, l’acte d’industrialisation nous permet de réaliser la durabilité du substrat culturel et partant d’éviter une perdition implacable et d’assurer aussi une position concurrentielle souhaitable avec les autres cultures au-delà des frontières nationales.
Doit-on s’attendre à des nouveautés de l’artiste Yousra Tarek ?
Effectivement, la nouveauté est ma participation dans un premier rôle au film «Les coups du destin», du réalisateur Mohamed Lyounsi, tiré de son propre roman en langue arabe «Cinquième symphonie ». Il sera fin prêt lors des festivals nationaux et internationaux l’année prochaine.
militante de la société civile a beaucoup appris de l’espace associatif dans sa région
rifaine, avant de se consacrer à la formation académique. Claire dans ses engagements, elle reste parmi les artistes qui n’hésitent pas à s’aligner aux côtés des victimes
d’injustice et de prendre des positions en faveur des droits humains. Entretien.
Libé : Quel rôle devrait jouer l’artiste aujourd’hui selon vous ?
Yousra Tarik : Nul doute que l’artiste a un rôle à jouer dans la vie publique. Il s’agit tout simplement de son apport en tant qu’acteur dans l’édification d’une prise de conscience sociétale, une volonté certaine de faire évoluer la démocratie et de prôner des valeurs de tolérance, du vivre-ensemble, de la culture du beau, ainsi que du respect des droits humains. Comme il contribue largement à l’élévation du goût public et général et à la préservation des fondements de la différence et de l’acceptation de l’autre, un artiste doit aussi développer l’esprit critique quant à la chose publique, en exprimant ses opinions et en agissant à travers des initiatives d’intérêt général.
Croyez-vous que les politiques publiques permettent-elles à l’artiste de jouer ce rôle prépondérant ?
Il n’est pas possible pour l’artiste de s’acquitter de sa mission en tant qu’acteur face à des politiques publiques et des programmes officiels qui n’accordent aux arts et aux artistes aucune considération. L’Etat a certes entamé au début de la dernière décennie une politique de subvention aux productions artistiques (théâtre, cinéma…), notamment en instituant une carte en guise de reconnaissance légale de la situation d’artiste, mais ces mesures, aussi nécessaires soient-elles, demeurent insuffisantes par rapport aux aspirations de l’artiste marocain qui patauge dans une situation sans vision ni approche claires.
Comment les artistes peuvent-ils s’approprier l’espace public et par là les transformer en des lieux d’art ?
Il existe en effet plusieurs façons pour y arriver. Il est nécessaire, dans ce contexte, de tirer profit d’autres expériences de pays ayant pu créer des espaces publics d’échange et de partage culturels et civilisationnels. L’on peut évoquer ainsi les initiatives ayant pu transformer des jardins en des lieux d’expositions d’œuvres d’art et de partage culturel, investir des plages pour y organiser des festivals artistiques et culturels. Je dois simplement souligner dans ce cadre qu’il n’est pas possible de réaliser de pareilles initiatives et de les réussir sans inculquer aux individus un sentiment d’appartenance et d’appropriation par rapport aux lieux publics, à travers des approches participatives dans les politiques publiques.
Comment l’artiste peut-il s’ériger en ambassadeur de sa région d’origine ?
A travers mes expériences professionnelles, en tant que journaliste et artiste, j’assume une grande responsabilité de faire connaître ma région, ma culture, mon identité amazighe dont je suis amplement fière. On a débuté avec la présentation de la première émission en langue amazighe et qui met en avant la place de la femme amazighe dans la société marocaine. L’émission « Nettat » (Elle) vise à mettre la lumière sur les conditions générales des femmes dans le Rif… et c’est la même chose pour la majeure partie des travaux dans lesquels j’ai pris part en tant que comédienne, faisant généralement connaître le patrimoine culturel de la région du Rif comme « Mighiss » de Jamal Belmajdoub, « Adieu Carmen » de Mohamed Amin Ben Amraoui et le film « Les coups du destin » de Mohamed Lyounsi.
Comment évaluez-vous ce rapport entre industrie cinématographique et production culturelle ?
Je pense que nous avons besoin d’une industrie cinématographique pour transmettre notre héritage culturel aux générations futures, en fonction de nouvelles normes répondant à leurs goûts et leurs aspirations. Il existe certes un risque à courir qui est celui de métamorphoser le substrat culturel, voire de le dénaturer pour le présenter uniquement comme marchandise à consommer sans âme ni fond. Du coup, il serait nécessaire d’entreprendre une nette distinction entre l’industrialisation et la marchandisation, puisque la première opération n’est pas synonyme de la première comme pourraient penser certains. Pour moi, l’acte d’industrialisation nous permet de réaliser la durabilité du substrat culturel et partant d’éviter une perdition implacable et d’assurer aussi une position concurrentielle souhaitable avec les autres cultures au-delà des frontières nationales.
Doit-on s’attendre à des nouveautés de l’artiste Yousra Tarek ?
Effectivement, la nouveauté est ma participation dans un premier rôle au film «Les coups du destin», du réalisateur Mohamed Lyounsi, tiré de son propre roman en langue arabe «Cinquième symphonie ». Il sera fin prêt lors des festivals nationaux et internationaux l’année prochaine.