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Younes Benchakour a saisi l'occasion pour mettre au-devant de la scène un spectacle sur le viol, la religion et les contradictions sociales. Le metteur en scène a préféré jouer avec une vision contemporaine, transmettre un message d’une façon indirecte, pénétrer dans la logique de l’illogique, pour donner une profondeur au spectacle, pousser les spectateurs à réfléchir et à se poser des questions pour qu’à la fin du spectacle on ouvre la porte au débat. Libé a rencontré ce jeune ... Entretien.
Libé : Comment avez-vous conçu l’idée du thème de ce mois ?
Younes Benchakour : L’idée est très simple, comme vous savez, nous avons grandi dans une société où il y a beaucoup de paroles lancées en l'air. En ce qui me concerne, je voulais transmettre un message à travers le corps, la musique, l’éclairage, l’émotion de l’être humain, son esprit et surtout la spiritualité artistique. Nous n'avons pas besoin de parler pour que le message soit transmis, et même durant les répétitions, il n'y avait pas un texte écrit pour chacun, qu’il doit mémoriser et puis réciter...
Absolument pas de texte ?
Ce n'est pas ma manière de travailler. Je n’aime pas transformer l’artiste en machine à exécuter des ordres; je préfère que ça soit un engagement entre le metteur en scène et l’artiste. Lors des répétitions, nous n'avons fait que bouger dans l’espace, travailler sur le corps et les émotions, et puis je m’inspirais de chacun des comédiens sur place, c’est ce qui a donné le thème de ce mois
Vous êtes comédien, mais aussi tenté par la mise en scène. Que pouvez-vous dire à propos de cette double mission ?
A la base je suis comédien et artiste associé à DABATEATR. La philosophie de cette dernière permet à chaque artiste d’expérimenter ses capacités en mise en scène que je trouve personnellement un véritable plus pour l’esprit, une manière d’être plus qu’une technique. Certes, ce n'est point facile de faire de la mise en scène, rien que d’y penser demande un énorme travail mental. Pour le moment, cela ne me tente pas, que ce soit pour la réalisation cinématographique ou la mise en scène.
Et pour cette nouvelle édition ?
En ce qui concerne cette édition, c’est une nouvelle expérience pour moi qui m’a plu et à travers laquelle je me suis reconnu comme personne, comme esprit qui peut étonner. C’est surtout grâce à DABATEATR qui nous offre un espace où on peut oser et faire face à ses peurs et ses hésitations qui sont plutôt positives que négatives.
Quels sont vos rapports à la censure ?
En principe, je crois personnellement que la censure ne doit pas avoir lieu. Dans la réalité, chacun voit cette censure de son point de vue et essaie d'y faire face à sa manière. Je trouve que l’important c’est comment traiter des sujets même en présence de l’idée de censure. Mais franchement, je suis contre la censure puisque cela bloque l’artiste. Quand on créé une œuvre artistique, l'esprit créatif devrait plutôt ignorer la censure, mais se soumettre plutôt à une autocensure.
C’est quoi l'autocensure pour vous ?
Quand on monte une création, je sens que je dois modifier quelque chose car cela peut heurter la sensibilité des gens; d’où cette autocensure qui est positive en revanche. Mais je pense qu'il ne faut pas l'imposer aux artistes. Mais elle doit émaner de leurs propres réflexes et volontés. Je trouve que dans le monde arabe, les personnes qui vont voir un spectacle ou n’importe quelle création artistique, le font juste pour regarder, pas pour s’amuser et vivre le moment. Je trouve cela malheureux dans la mesure où il n'y aura pas un échange et une énergie positive entre les spectateurs et la création artistique.
Pensez-vous que les spectateurs marocains sont prêts à accepter une création artistique qui traite un sujet tabou?
Il faut commencer par se demander ce que signifie exactement "tabou". Si tabous il y a, cela veut dire qu’on les vit, pourquoi ne pas les aborder sur scène, puisqu’on en parle déjà au tribunal, à la mosquée, entre amis? Personnellement je trouve que ‘’tabou’’ est un cliché; l’artiste doit avoir une liberté totale de s’exprimer dans la mesure où il respecte les spectateurs.
Que pensez-vous de DABATEATR Tanger ?
C’est un vrai mouvement artistique qui va faire bouger la ville. C’est un échange humain et artistique entre le citoyen, les artistes et le concept de DABATEATR. Déjà l’arrivée de cette dernière à Tanger constitue une valeur ajoutée à la ville au niveau culturel.
Younes Benchakour est un jeune comédien natif de Taza. Il s’est d’abord formé à l’Institut d’art dramatique et d’animation culturelle en 2010. Auparavant, il s’est initié au théâtre à la délégation de la culture de Tanger en 2008.
Il a joué dans plusieurs films et téléfilms marocains tels que le long-métrage “Ultime révolte” de Jilali Ferhati en 2017 mais également dans la série télévisée “Prison Break” saison 5 en 2016, et la série télévisée “Dar Lghouzlan” de Driss Roukhe en 2014, entre autres activités artistiques.