
«Parce que si nous transférons le pouvoir et qu'ils sont là, cela signifiera qu'il y a eu coup d'Etat», a dit Ali Abdallah Saleh au Washington Post.
Le président yéménite est confronté depuis le mois de janvier à un vaste mouvement de contestation, auquel se sont ralliés des responsables militaires.
Il a refusé par trois fois, au dernier moment, de signer un accord de transition du pouvoir préparé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), une alliance politique et militaire régionale.
Son retour au Yémen le 23 septembre, après une tentative d'assassinat contre lui en juin et une convalescence effectuée en Arabie saoudite voisine, a interrompu les négociations en vue d'une transition du pouvoir.
L'armée yéménite affronte à Sanaa les forces du général rebelle Ali Mohsen et du chef tribal Sadek al Ahmar, qui ont tous deux rejoint l'opposition.
Saleh souhaite que Sadek al Ahmar, son frère Hamid et Mohsen, dont la défection en mars était un premier coup dur pour le président, soient écartés du pouvoir.
Cela n'ira pas sans difficulté, Hamid al Ahmar ayant l'ambition de prendre la présidence. Les diplomates travaillent cependant à cette éventualité. Un plan verrait la famille de Saleh, Mohsen et le clan Ahmar cesser les combats et peut-être quitter le pays. Mohsen a déjà donné son accord.
Le président a affirmé au Washington Post que son parti ne fait rien pour ralentir les pourparlers et il impute le retard à l'opposition.
«Mais ce que nous voyons, c'est que nous sommes sous pression de l'Amérique et de la communauté internationale pour accélérer le processus de transition du pouvoir. Et nous savons à qui le pouvoir reviendra. Il reviendra à Al Qaïda, qui est directement et complètement lié aux Frères musulmans», dit-il.
Les puissances occidentales craignent qu'un vide du pouvoir ne laisse les coudées franches à Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), basée dans le sud du Yémen. Depuis le début de la révolte contre Saleh, les islamistes ont pris le contrôle de plusieurs villes dans la région d'Abyan.
Une partie de l'opposition accuse Saleh d'avoir laissé les islamistes s'emparer de ces villes pour effrayer Washington et ses alliés.
Le président yéménite affirme qu'il ne se présentera pas à l'élection anticipée envisagée dans le plan du CCG.
«En ce qui me concerne, je prendrai ma retraite - puisque l'opposition a rapproché le président de la retraite en commettant l'acte criminel de la mosquée présidentielle», dit-il en évoquant l'attentat du mois de juin, qui l'a obligé à passer l'été en Arabie saoudite pour se faire soigner.
Il laisse entendre que Mohsen et le clan Ahmar pourraient être poursuivis pour cet attentat à l'issue d'une enquête menée par les Etats-Unis.