L’imposition de nouvelles sanctions contre l’Iran par le Congrès américain alors que des négociations sont engagées sur son programme nucléaire «tuerait» toute perspective d’accord avec Téhéran, a jugé jeudi l’ancien secrétaire américain à la Défense Robert Gates.
«Le président (Obama) a absolument raison de s’opposer à des sanctions additionnelles (...) Voter de nouvelles sanctions maintenant tuerait tout accord», a déclaré l’ancien ministre (2006-2011), figure respectée de l’ensemble de la classe politique américaine.
«Aussi difficile que cela puisse paraître aux gens, ce à quoi nous sommes peut-être en train d’assister, c’est au succès des sanctions» déjà mises en œuvre et qui ont conduit les Iraniens à la table des négociations, a-t-il expliqué lors d’une rencontre organisée par le journal Politico dans le cadre d’une tournée de promotion de ses Mémoires.
Des élus démocrates et républicains ont déposé une proposition de loi visant à imposer des sanctions supplémentaires, qui seront mises en oeuvre si les négociations échouaient entre Téhéran et le groupe des 5+1, soit les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne.
Après des années de blocage, un accord intérimaire conclu en novembre et qui doit entrer en vigueur lundi prévoit qu’il n’y aura pas de nouvelles sanctions contre l’Iran durant la période de six mois, pendant laquelle la République islamique a accepté de son côté de geler le développement de son programme nucléaire controversé, le temps d’essayer de parvenir à un accord plus large.
L’ancien chef du Pentagone a jugé que la «pente est raide» pour parvenir à cet accord. Il a également estimé qu’il faudrait que l’administration américaine prenne «un engagement formel» qu’en cas d’échec, des sanctions «encore plus draconiennes» soient mises en oeuvre.
«Ce pourrait être utile» dans les discussions avec Téhéran, a-t-il expliqué.
Un peu plus tôt dans la journée, Robert Gates était revenu au Pentagone pour signer des exemplaires de ses Mémoires parues lundi. Plusieurs centaines des 23.000 employés civils et militaires qui y travaillent ont longtemps fait la queue pour approcher le secrétaire à la Défense considéré comme le plus brillant depuis Robert McNamara dans les années 1960.