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D'après des membres de l'administration américaine, cette semonce serait un avertissement adressé au Président afghan. Il a provoqué la fureur de la Maison Blanche en critiquant l'intervention des Nations unies et de la communauté internationale dans le dernier scrutin présidentiel, teinté de fraude.
Les relations avec Karzaï, jamais bonnes depuis l'arrivée aux commandes de Barack Obama, se sont nettement aggravées depuis la visite surprise du Président américain à Kaboul la semaine dernière.
Depuis, Karzaï, que Washington exhorte à mieux lutter contre la corruption, a fait une série de déclarations publiques explosives, affirmant notamment qu'il pourrait bien rejoindre les rangs talibans si ses détracteurs américains n'arrêtaient pas de faire pression sur lui pour réduire la corruption, le népotisme et la fraude électorale.
Mardi, quand on lui a demandé si le Président Karzaï, attendu le 12 mai à la Maison Blanche, y était toujours le bienvenu, le porte-parole d'Obama Robert Gibbs a mis un bémol:
"Nous évaluerions certainement toute nouvelles remarques du Président Karzaï pour voir s'il est constructif d'avoir une telle rencontre, c'est sûr", a-t-il déclaré lors de son point de presse quotidien.
Evoquant les remarques du Président Karzaï, qui a accusé les pays occidentaux d'être responsables des fraudes lors de la présidentielle afghane, Robert Gibbs a ajouté: "je ne peux imaginer quiconque dans ce pays qui ne les trouverait pas troublantes".
Au-delà de ces querelles, il y a un désaccord de fond sur la manière de mettre fin à une guerre qui dure depuis huit ans en Afghanistan.
L'administration Obama envoie des renforts sur le terrain pour déloger les talibans de leurs bastions du sud afghan, et la CIA mène en parallèle son offensive sur Al-Qaïda via des attaques de drones dans les zones tribales du Pakistan. Karzaï, lui, courtise certains membres de la direction talibane alors que pour les stratèges américains, négocier avec les insurgés ne devrait intervenir qu'une fois qu'ils seront encore plus affaiblis, et discrédités auprès de la population.
Le torchon brûle également entre Hamid Karzaï et ses autres partenaires occidentaux. L'ancien représentant adjoint de l'ONU en Afghanistan Peter Galbraith met en doute "l'équilibre mental" du Président afghan, suggérant même qu'il pourrait être toxicomane, dans un entretien avec la chaîne de télévision américaine MSNBC. "Il est coutumier des diatribes, il peut être très émotif, impulsif. En fait, des personnes proches du palais présidentiel disent qu'il a un certain goût pour l'un des produits d'exportation les plus rentables de l'Afghanistan", a déclaré M. Galbraith. L'Afghanistan est le premier producteur et exportateur mondial d'opium. Prié de préciser son affirmation, l'ancien responsable onusien répond : "Il y a des informations en ce sens mais, quelles qu'en soient les causes, la vérité est qu'il peut être très émotif."
Les déclarations de M. Galbraith surviennent en pleine crise de confiance entre M. Karzaï et Washington, le Président afghan ayant accusé les Etats-Unis d'ingérence dans les affaires de son pays et affirmé que les étrangers avaient participé aux fraudes électorales de l'an dernier. David Miliband, le ministre des affaires étrangères britannique a déploré mardi les accusations du Président afghan. "Toute suggestion que la Grande-Bretagne ou un autre pays se sont mêlés illégalement au processus électoral en Afghanistan est absolument sans fondement", a déclaré M. Miliband devant la Chambre des communes.
Selon le Wall Street Journal, M. Karzaï a affirmé, lors d'une réunion avec quelque soixante-dix parlementaires afghans samedi, que l'insurrection des talibans pourrait devenir un mouvement de résistance légitime si les Etats-Unis continuaient de se mêler des affaires afghanes. Le journal affirme que M. Karzaï a même suggéré qu'il pourrait rejoindre lui-même les talibans si le Parlement ne soutenait pas ses efforts pour prendre le contrôle de la commission électorale afghane. Selon Peter Galbraith, les "bouffonneries" de M. Karzaï pourraient compromettre la réussite du renforcement militaire décidé par le Président américain, Barack Obama, en Afghanistan car il est clair que le Président afghan "ne peut pas être un partenaire digne de confiance".
La Drug enforcement administration (DEA, le service de lutte contre la drogue américain) se dit prête à remonter les filières de trafiquants afghans, y compris jusqu'au sein du gouvernement, déclarait le 1er avril sa dirigeante par intérim, Michelle Leonhart. "Nous irons là où nous conduirons les preuves", a affirmé cette dernière, administratrice adjointe de la DEA, qui dépend du ministère de la justice américain, lors d'une conférence de presse à Kaboul. "S'il y a des preuves contre de hauts responsables du gouvernement, j'ai tout à fait confiance dans le fait que, en partenariat avec la police anti-drogue et le ministère de l'intérieur, nous les exploiterons", a-t-elle ajouté.