Voix off : Le temps des camarades


Mohammed Bakrim
Vendredi 1 Mai 2009

Voix off  : Le temps des camarades
Un nouveau film marocain à l’affiche: Le temps des camarades de Mohamed Chrif Tribek. Une nouvelle sortie qui enrichit l’offre diversifiée qui caractérise désormais la production cinématographique marocaine. Le film de Tribek arrive dans un contexte particulier marqué par de nouvelles donnes  dans le rapport du cinéma marocain à son public. Le début de l’année 2009 a vu des films marocains booster le box-office et le tirer vers le haut ; nous disposons désormais de chiffres réguliers et périodiques qui nous offrent des indications intéressantes sur le comportement du public: trois films marocains réunissent à eux seuls près d’un demi-million de spectateurs. Cela confirme l’hypothèse récurrente que quand un film marche, il a un effet bénéfique sur les autres films. Un effet d’entraînement que les économistes ont déjà analysé dans d’autres secteurs et qui au cinéma indique une vérité toujours bonne à rappeler: le public du cinéma est toujours disponible au Maroc. Il l’est d’abord pour les films qui lui parlent et pour l’ensemble du cinéma.
Des films qui lui parlent d’une manière diversifiée de sa propre réalité, de son rapport au monde exprimant ses doutes, espoirs et interrogations. «Le temps des camardes» est dans ce sens un formidable exemple de cette offre élargie qui caractérise le champ d’expression du cinéma marocain. De prime abord, on pourrait dire que c’est un film jeune qui s’adresse à des jeunes puisque le cadre de l’histoire est l’univers estudiantin et les principaux protagonistes sont des jeunes lancés dans un long cheminement d’initiation…à la vie.  La tonalité du titre est portée par une certaine nostalgie; il y a comme une évocation d’une époque révolue. C’est ce qu’un adulte fait quand il évoque, lors d’une rencontre d’anciens, la phase estudiantine  de sa vie “du temps des camarades, on…”.
Le film de Tribek a ce premier mérite de restituer cet aspect de notre modernité. La filmographie marocaine a trop longtemps restreint son espace diégétique à des lieux devenus des stéréotypes du récit cinématographique. Là, la caméra effectue un double déplacement: dans l’espace, en investissant le cadre universitaire, le nord du Maroc, une ville côtière (Martil) et dans l’univers de référence en mettant au centre de son récit des étudiants militants d’extrême gauche. C’est tout à fait inédit dans le corpus filmique de notre cinématographie. On y voit en effet une reconstitution de l’ambiance surchauffée d’un campus à l’orée des années 90; le moment n’est pas fortuit. C’est celui où la gauche jusqu’ici hégémonique au sein de la population estudiantine, se voit disputer cette prédominance par l’arrivée des islamistes. C’est l’un des axes du conflit dramatique qui va porter le récit du temps des camardes; mais il n’en est pas le seul: le drame est d’abord à un niveau individuel: ce sont des jeunes animés par des sentiments qui se livrent ici autour d’un couple hypothétique, virtuel, celui de Saïd et Rahil. Deux personnalités fortes qui fonctionnent comme moteur et révélateur. C’est un jeu de sentiments, la découverte de l’amour absolu sur fond de luttes, de quête d’utopie. Le temps des camardes, le temps de nos illusions. Le film est servi par un merveilleux cast, de très belles actrices qui disent toute la promesse de ces lendemains qui chanteront certainement…au cinéma!


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