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A regarder les tableaux de Van Gogh, on est surpris par l’intensité de la lumière, et personne, à ma connaissance, n’est allé plus loin dans la quête de la lumière mieux que Van Gogh. Sa principale préoccupation est de piocher avec acharnement la couleur pour que plus de lumière en sorte. Ainsi a-t-il recours souvent dans ses toiles à la couleur jaune, car, en sachant bien qu’étant la couleur du soleil, le jaune est en mesure de donner plus de lumière.
Le peintre étudie la couleur par le regard et l’observation. Il y a effectivement l’œil qui permet à l’artiste de s’immiscer dans le monde figuratif à force de le voir et d’apprendre à le voir.
Quelle est cette science du regard que nous enseigne le peintre ? Comment s’y attaquer sans que nous ne perdions le sens ? Le peintre cherche-t-il le sens ou le non-sens ?
Une fois de plus, il n’y a que la lumière qui compte. Quant au sens, le peintre s’en moque ! Si l’objectif est atteint, celui de trouver plus de lumière, à ce stade, le sens meurt, et ce à cause de la lumière. Le sens suffoquerait par trop de lumière !
En cherchant plus de lumière encore, Van Gogh cherche plus de mystère et d’énigme. Le monde chez Van Gogh est un code et il ne cherche pas à le décoder. Il se contente de le voiler davantage par la lumière car celle-ci cache des choses à force de briller.
Pour le peintre Van Gogh, il n’y a rien à expliquer, il n’y a rien non plus à comprendre. Ce qu’il y a, c’est la lumière, que la lumière !
Par conséquent, le principal objectif qu’atteint en plus le peintre ne se résume pas seulement en la couleur, ce par quoi les effets lumineux deviennent possibles, mais va jusqu’à aboutir à une quête du beau et du vrai sans lesquels l’art n’a pas droit d’exister.
Compte non tenu de toute interprétation du monde, l’artiste dit le monde, et ce à sa manière, non pas le monde observable, tangible et palpable, mais celui qu’il construit lui-même, à travers sa pensée et son art.
D’où ce rapport intimement lié entre l’art et la pensée. Van Gogh est, à mon sens, un intellectuel, au sens qu’en donne précisément M. Lings, c’est-à-dire qu’il ne se passe pas du cœur. Ce dernier demeure :
« Le centre de l’âme auquel il donne accès, alors que ce centre sert lui-même de passage vers un “cœur” plus élevé, l’Esprit. Ainsi le “cœur” est-il souvent synonyme d’“intellect”, non dans l’usage abusif qu’on fait aujourd’hui de ce mot, mais dans le plein sens du latin intellectus, nom de la faculté permettant de percevoir le transcendant ».
Il me semble que Van Gogh, en travaillant la couleur, cherche à parvenir à l’expression d’un cœur, comme en parle exactement Lings. D’autant que, à suivre le spécialiste du soufisme, le cœur reste la base de toute créativité, notamment artistique.
En effet, il y a dans cette peinture une forme d’ « Esprit » qui ne s’en tient pas au monde matériel mais qui tend au contraire à quelque chose de transcendantal, c’est-à-dire, à ce qui permet de s’élever au-delà des limites.
Et il y a un dernier point qu’il faudrait évoquer, c’est l’émotion. Cette toile exige de l’émotion, celle principalement de l’observateur. Il doit se placer face à l’œuvre d’art avec un cœur, voire un Esprit. Van Gogh interpelle notre intellectus. Il travaille à ça !
Par Najib Allioui