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Grand prix du dernier Festival du film policier de Beaune, "Une pluie sans fin" semble au prime abord un énième film de tueur en série, avec ses classiques scènes de crime et son enquêteur obsessionnel. Chef de la sécurité de son usine sur le point d’être fermée, Yu Guowei participe à l’enquête sur des crimes de jeunes femmes perpétrés dans son périmètre de surveillance. Solitaire, menacé de licenciement, il se lie à une jeune femme qui lui donne quelque espoir, mais son enquête obsessionnelle va prendre le dessus d’une vie en perte de sens.
Filmé sous une pluie battante de bout en bout, tout en grisaille, "Une pluie sans fin" est imprégné d’une atmosphère oppressante qui rappelle "Seven" de David Fincher. Mais cette forme parfaitement maîtrisée se double d’un message psychologique et social plus proche de "A Touch of Sin" de Jiang Zhan-Ke, prix du scénario au Festival de Cannes 2013. Les meurtres à répétition du film de Dong Yue sont à l’image des milliers d’ouvriers sacrifiés au prix de la rentabilité financière.
Les actes criminels, eux, renvoient au déséquilibre de leur auteur. Cadré jusqu'ici par des valeurs qu'il a toujours connues, la nouvelle société les renie pour d'autres. Si elle se permet tout, désormais tout est permis. L’évolution du récit, qui se rapproche progressivement du criminel, aboutira à une révélation plus suggérée qu’explicite, dérangeante.
L’intrigue est plus le prétexte à faire le portrait d’un homme qu’à exposer une simple enquête policière. Sa rencontre amoureuse, vécue comme une quête de rédemption impossible, aboutit à un film des plus sombres. Le fond social fort, le mépris dont est l’objet cet agent de sécurité sur le point de perdre sa place, comme les ouvriers qui l’entourent, donnent une vraie dimension à ce premier long métrage talentueux. Il n’en demeure pas moins fidèle aux codes du film noir. Embué de trombes d’eau en continu, "Une pluie sans fin" est imprégné d’une ambiance pour signifier, la fin d’un monde.