Une figure emblématique du théâtre marocain s'éteint à 88 ans


​Mehdi Ouassat
Jeudi 3 Septembre 2020

Le monde des arts et de la culture est en deuil. La grande icône du théâtre et de la comédie au Maroc, Abdeljabbar Louzir, s'est éteinte mercredi à Marrakech, à l'âge de 88 ans après une longue carrière marquée de succès dans divers styles artistiques. "Abdeljabbar Louzir est décédé naturellement dans sa maison au quartier Daoudiate de Marrakech", a indiqué le fils du défunt, Ahmed Louzir, dans une déclaration à la MAP.

Le corps du défunt, qui a récemment souffert de problèmes de santé causés par le diabète, ce qui a rendu nécessaire son transfert à l'hôpital, devait être inhumé jeudi au cimetière Bab Doukkala. Natif de la cité ocre en 1932, Abdeljabbar Louzir est l’une des figures artistiques de premier plan qui ont marqué la scène artistique du Royaume en général et celle de Marrakech en particulier. En 1948, le comédien avait fait ses premiers pas sur scène en intégrant la fameuse troupe "Al-Atlas" de Moulay Abdelouahed Hassanein, l'école artistique qui a fait émerger les grands du théâtre marocain. Ce grand homme de la scène artistique a joué plus de 80 pièces théâtrales ici et ailleurs. Son premier rôle était dans la pièce ayant réalisé un grand succès, à savoir "El Fatmi et Daouia" (1951), qui a été jouée devant Feu Sa Majesté Mohammed V au Palais Bahia à Marrakech en 1957. Feu Abdeljabbar Louzir, qui a également brillé de mille feux en tant que comédien, aux côtés du regretté artiste Mohamed Belkass, a interprété plusieurs rôles dans des pièces théâtrales, des séries télévisées et des films de haute facture, notamment "Al-Haraz" (1968), "Hallaq Derb Al-Fouqara" (1982), la série comique "Dar El-Warata" et le film "Ouled Mou" (2009). Abdeljabbar Louzir a été également connu pour son militantisme en faveur de l’indépendance du pays et ses activités nationalistes, ce qui lui a valu deux années de prison. Mais, malgré cela, il n’a jamais rompu le lien avec l’art, plus précisément le théâtre. Il a également été gardien de but au sein de l'équipe de la ville ocre, le Kawkab Athlétique Club de Marrakech (KACM). Depuis l’annonce du décès d’Abdeljabbar Louzir, les hommages se multiplient et les témoignages d’artistes sont plus émouvants les uns que les autres, saluant tous l’homme au grand cœur et l’artiste hors pair qu’il était. Dans une déclaration à Libé, la comédienne Fatima Ouchay a tenu à exprimer aux membres de la famille du défunt, à ses proches, à sa grande famille artistique et à l’ensemble de ses amis, ses vives condoléances et ses sincères sentiments de compassion pour la perte d’un «pionnier du théâtre national connu pour son talent et sa créativité». Pour la comédienne Fadila Benmoussa qui était très proche du défunt, la nouvelle est tombée comme un couperet. Dans un entretien accordé à nos confrères de ALM, elle s’est dite «dévastée par la mort de ce grand artiste». «Notre père et professeur est parti. C’est un grand monument du théâtre marocain», a-t-elle souligné. «Bien que sa maladie ait été longue, nous ne nous attendions pas à son décès en ces moments», explique-t-elle. L’actrice n’a, par ailleurs, pas manqué de rappeler la souffrance du comédien avec la maladie. «Il souffrait du diabète qui a conduit à l’amputation de son pied. C’était un coup dur pour lui. Au cours de ces quatre dernières années, il séjournait à l’hôpital et en sortait constamment», raconte-t-elle en rappelant que l’état de santé du défunt s’est détérioré après son éminente participation à la série à succès «Dar Lwarata». Le comédien Abdellah Ferkouss n’est pas moins affecté par la disparition d’Abdeljabbar Louzir. Contacté par Libé, il évoque le défunt en le qualifiant «d'immense artiste qui a défendu son pays et milité pour son indépendance, ce qui lui a valu un passage par la case prison». «La scène culturelle perd un grand artiste. Sincères condoléances à ses proches et à la grande famille du théâtre et du cinéma», at-il ajouté, avant de conclure : «Le public marocain se souvient toujours du célèbre duo qu’il formait avec son inséparable ami, le regretté Belkass, et dont les nombreux sketchs reflétaient, d’une manière comique et originale, les problèmes de la société marocaine». De son côté, la direction du Kawkab Athletic Club a regretté, dans une publication sur Facebook, la disparition de ce grand artiste, en affirmant que son décès est une grande perte pour le théâtre marocain. «Nous présentons nos vives condoléances et nos sincères sentiments de compassion pour la perte de ce pionnier du théâtre national qui a également porté les couleurs du KACM durant plusieurs années», lit-on dans le message de condoléances de l’équipe de la ville ocre.

Mehdi Ouassat


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