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Une commission préparatoire du congrès des femmes usfpéistes : " Donnez une leçon aux hommes "


Narjis Rerhaye
Lundi 20 Septembre 2010

Une commission préparatoire du congrès des femmes usfpéistes : " Donnez une leçon aux hommes "
Nombreuses, les questions ont d'abord été existentielles. Faut-il parler d'organisation ou de secteur ? Quelle relation au parti ? Faut-il se faire plus autonome ? Comment gérer la tutelle de ceux et celles du Bureau politique ?  Y a-t-il lieu de procéder à une évaluation de l'expérience passée ? Ce samedi 18 septembre, les femmes de l'USFP ont tenu un Conseil national qui avait parfois de vrais accents de catharsis. Des questions, des interpellations, des griefs mais surtout, surtout, cette volonté forte de sortir de la crise, de reconstruire et donner un nouveau souffle à l'organisation des femmes ittihadies.
" Depuis le dernier congrès tenu en 2006 et l'élection du secrétariat national, l'organisation des femmes usfpéistes a été complètement absente de tous les débats. Aux élections communales, cette structure a été complètement aphone. Il ne s'est rien passé, comme s'il y avait eu un gel de ses activités ", explique avec amertume une militante qui a connu les beaux jours de ce qui était encore le secteur féminin de l'USFP.
Crispation, crise, démission. Abdelouahad Radi, le premier secrétaire de l'Union socialiste des forces populaires tempère, préfère ne pas regarder dans le rétroviseur du passé pour mieux préparer l'avenir. Au détour de quelques phrases, à l'ouverture des travaux du Conseil national de l'organisation des femmes usfpéistes, il ne cache pas le malaise de cette structure. " Ce qui est arrivé au secteur féminin de l'USFP est un petit peu à l'image de la vie politique marocaine et des crises traversées par notre parti ", sourit le premier des Usfpéistes et président de la Chambre des députés. Pour des considérations personnelles, la secrétaire nationale de l'organisation, Amina Belouahidi, a démissionné. Le Bureau politique en a informé les militantes du secrétariat national. Deux coordinatrices ont été désignées dans l'attente du prochain congrès national qui se tiendra, en principe, à la fin du mois de novembre prochain. " De fait, nous avons préparé ce Conseil national en un temps record : trois semaines seulement", soutient une membre du secrétariat national. Si le temps est à l'urgence, il est aussi à la mobilisation. Le secteur féminin de l'USFP, devenu organisation des femmes usfpéistes, célèbrant ses 35 ans, est au cœur de zones de turbulences. Ce 18 septembre, les militantes venues de plusieurs régions du pays l'ont admis avec force. "Il y a des vérités qu'il ne faut pas occulter. Nous avons des problèmes. Nous avons toujours été à l'avant-garde des combats pour l'égalité, la démocratie, la représentativité. Aujourd'hui nous sommes absentes de tous les grands débats, de toutes les grandes questions. D'autres secteurs féminins, issus de partis qui n'ont jamais porté le discours qui est le nôtre, sont en train de se faire de plus en plus visibles", relève cette Usfpéiste blanchie sous le harnais.

Condamnées à être efficaces

Si toutes voulaient éviter le procès d'un mandat qui n'a pas vraiment été au rendez-vous, elles revendiquaient, par contre, une évaluation de l'action de leur organisation, de son rôle et de ses prérogatives. " Sommes-nous une structure alibi ? Des femmes condamnées à la tutelle qui n'ont pas leur mot à dire quant à la ligne politique du parti ? A la veille de la tenue de notre congrès, nous nous devons de réfléchir à notre restructuration, notre mission, nos objectifs. Nous devons aussi et surtout mettre en place une stratégie et un plan d'action. En un mot, pour réussir, nous sommes condamnées à être efficaces ! ", s'exclame avec fougue une Usfpéiste.
En s'adressant aux membres de ce Conseil national -une session dédiée à Jmiaa Azghar, une militante à la vie, à la mort et dont la lutte a été exemplaire- A. Radi aura, lui aussi, les mots pour le dire. " Le Conseil national de l'organisation des femmes usfpéistes et la préparation du congrès de ce secteur inaugurent le processus de réorganisation et restructuration de l'USFP. La chabiba et le syndicat s'apprêtent aussi à réunir leurs assises suprêmes. La réussite du congrès de l'organisation des femmes ittihadies aura, à coup sûr, un impact, sur les travaux des autres secteurs du parti ".
Une commission préparatoire du congrès national des femmes usfpéistes a été mise en place. Un agenda de travail a été également adopté. En préparant leurs assises, les militantes du parti de la Rose ont désormais deux priorités : la restructuration de leur organisation et la participation politique des Marocaines en général et des Usfpéistes en particulier aux législatives de 2012. La démocratie, expliquent-elles à l'unisson, doit d'abord commencer dans nos rangs avant de s'étendre à l'espace public. Après un constat sans concession, l'ambition des militantes de cette formation politique battant pavillon socialiste ne souffre pas la moindre ambiguïté : l'organisation des femmes usfpéistes doit reconquérir la place qui était la sienne sur la scène politique et au sein du mouvement féminin. Autant dire qu'il y a de l'ouvrage sur le métier. " Donnez l'exemple aux hommes, donnez-leur une leçon de démocratie. " Plus qu'un conseil, Radi a délivré aux femmes de l'organisation des femmes de l'USFP, une nouvelle vision de la pratique politique.



La femme ittihadia, selon Radi

Moderniste, tolérante, démocrate, progressiste et ouverte, tel est le portrait robot de la militante usfpéiste que dresse Abdelouahad Radi. " Vous devez être moderne dans les valeurs et convictions que vous défendez et pas seulement dans les vêtements que vous portez. C'est ce message de démocratie, d'ouverture et de modernité que vous devez transmettre à la société marocaine ", lancera le Premier secrétaire de l'USFP à l'adresse des femmes ittihadies, réunies, samedi à Rabat, en Conseil national.
Le leader politique remonte l'Histoire pour feuilleter les pages glorieuses de ce qu'a été le secteur féminin usfpéiste. " Les militantes de notre parti ont toujours été à l'avant-garde et à la pointe du combat pour l'égalité. Depuis le congrès extraordinaire de 1975, l'USFP a donné à la femme la place qui est la sienne. Notre conviction n'a pas changé : le pays ne saurait avancer sans la moitié de la société. La société marocaine ne peut pas évoluer si sa moitié est paralysée ".
Dès lors le combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes ainsi que celui de l'égalité dans les droits, les devoirs et les chances sont au cœur des revendications de l'Union socialiste des forces populaires. La femme, soutient A. Radi, doit adhérer à l'action politique. " Sans pouvoir, elle ne peut pas concrétiser ses droits. Mais attention, le pouvoir ne se donne pas, il s'arrache. Vous devez être partout, dans les sections locales, les instances régionales et nationales pour pouvoir investir les institutions élues ".
A l'horizon des élections législatives de 2012, celui qui est aussi président de la Chambre des députés évoque la liste nationale, ce principe de quota non institutionnalisé qui n'est pas définitif. " Il est important que l'organisation des femmes de l'USFP fasse des propositions concrètes pour une meilleure représentativité des Marocaines dans les institutions élues".
N.R


Encadré
"A l'USFP, nous avons de mauvais perdants"

"L'Histoire nous a longtemps dispensé d'élire nos dirigeants. Mais l'Histoire a changé. Cette époque est révolue. Les Usfpéistes doivent être aujourd'hui suffisamment matures et responsables pour élire leur direction". Le premier secrétaire de l'USFP a choisi le langage de la vérité pour évoquer les problèmes internes de sa famille politique. Il est primordial, dit-il, d'avoir un esprit sportif. " En démocratie, il faut toujours garder à l'esprit l'éventualité d'un échec. Nous avons de mauvais perdants et ceci est l'une de nos faiblesses à l'USFP. Ces questions de candidats aussi bien dans les instances du parti que pour les élections locales ou législatives provoquent toujours des crises, et pas seulement chez nous".
Le Premier secrétaire de l'USFP a ainsi appelé à la mise en place de procédures et critères pour l'élection non seulement de la direction du parti de la Rose mais aussi de ceux et celles qui prétendent à un mandat électif. "L'avenir de l'Union socialiste des forces populaires est lié à la démocratie interne. Si nous voulons la démocratie dans notre pays, l'USFP doit réussir sa démocratie interne", conclut le successeur de Mohamed Elyazghi.
N.R



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