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Une apothéose musicale maroco-africaine pour clôturer en beauté le Festival des musiques sacrées

Mardi 27 Mai 2025

La soirée de clôture du Festival de Fès des musiques sacrées du monde a offert samedi un spectacle éblouissant, empreint de magie et d’émotion. Bab Makina s’est transformé pour l’occasion en un véritable sanctuaire de communion musicale et spirituelle.

Le public, venu nombreux, a vibré au rythme des sonorités africaines, portées par des artistes du Ghana, du Mali et du Maroc. Cette soirée exceptionnelle illustrait à merveille l’esprit du festival: relier les peuples et les cultures à travers le langage universel de la musique, dépasser les frontières et créer un espace d’unité où chacun se sentait connecté.

Le voyage musical a débuté avec l’ensemble Seperewa du Ghana, héritier d’une tradition séculaire centrée autour de la harpe-luth ghanéenne. Sous la direction magistrale de John Kwame Osei Korankye, figure emblématique de cet art, les musiciens Christopher Amootornyor au prempensiwa (lamellophone-cajon) et Prince Charles Eghan aux percussions ont enchanté l’auditoire.

Au-delà de la virtuosité des instruments, ce sont les histoires racontées qui ont profondément touché le public. Comme celle du vieil homme de 90 ans, qui plante un cocotier qu’il ne verra jamais grandir, simplement pour léguer un héritage aux générations futures. Une métaphore saisissante sur la transmission, l’espoir et l’amour désintéressé, qui a résonné comme une leçon de vie.

Venus du Mali, le grand Ballaké Sissoko et son Orkestra ont emporté, par la suite, Bab Makina avec les sonorités envoûtantes de la harpe malienne. Les poèmes chantés, portés par une musique sacrée et raffinée, ont élevé les esprits, plongeant l’assistance dans une atmosphère à la fois méditative et intense, où chaque note semblait toucher l’âme.

Le raffinement des mélodies, la subtilité des harmonies et la profondeur des textes ont rappelé à tous la place centrale de la musique dans la culture malienne. Une musique à la fois mémoire, sagesse, émotion et prière, qui relie les hommes au passé tout en les projetant vers l’avenir.

L’un des moments les plus forts de la soirée fut sans conteste la rencontre musicale entre les artistes ghanéens et maliens. En fusionnant leurs répertoires et en entremêlant leurs instruments, ils ont créé une symphonie commune, vibrante et fédératrice.

Dans cette communion artistique spontanée, le public s’est joint à eux par la voix et les applaudissements, battant la mesure, accompagnant les artistes dans une transe collective et libératrice.

Ce moment unique a symbolisé l’unité profonde du continent africain, capable de transcender les différences linguistiques, culturelles et religieuses pour célébrer ce qui unit plutôt que ce qui sépare.

Mais l’apothéose était encore à venir. Dans une explosion de sons, de couleurs et de ferveur, le groupe Aïssawa de Meknès a fait son entrée sous une pluie d’applaudissements. Les musiciens ont senti dès leur montée sur scène l’euphorie et l’impatience du public, prêt à se laisser emporter.

Très vite, les psalmodies envoûtantes des Aïssawa, accompagnées de percussions puissantes, ont transformé Bab Makina en un espace vibrant, où les spectateurs, debout, dansaient et entonnaient en chœur ces chants mystiques, hérités des confréries soufies marocaines.

Le final, grandiose, a réuni les tambours ghanéens et les musiciens meknassis dans une parfaite harmonie, offrant au public un moment d’une rare intensité. Cette rencontre inattendue a magnifiquement mis en lumière les liens profonds qui unissent les peuples africains, révélant qu’au-delà de la diversité des cultures et des traditions, l’Afrique partage un même cœur battant, riche, uni et vibrant, où résonnent la vitalité, la créativité et la fraternité de tout un continent.

Tout au long de cette édition, le Festival de Fès des musiques sacrées du monde a relevé un défi ambitieux, celui d’instaurer un véritable dialogue entre les peuples, dans une époque marquée par les tensions et les incompréhensions, en démontrant avec éclat que la musique pouvait être ce pont précieux, capable de relier des horizons éloignés et d’unir les cœurs.

Qu’il s’agisse de chants sacrés, de musiques spirituelles ou de créations contemporaines, chaque performance a apporté sa pierre à l’édifice d’une compréhension plus profonde entre les cultures, révélant les similitudes là où l’on ne voyait parfois que des différences.
En refermant ses portes sur cette soirée d’exception, le Festival de Fès a rappelé qu’au-delà des différences religieuses, il existe un langage universel, celui du cœur, du partage, de la musique. Une véritable leçon de beauté, de paix et d’espoir, portée haut par les artistes, mais aussi par le public, acteur à part entière de cette célébration unique.

A Bab Makina, sous le ciel étoilé, les rythmes du Ghana, les mélodies du Mali et les psalmodies du Maroc se sont entremêlés en un chant unique, lumineux et puissant. Une apothéose musicale qui restera longtemps gravée dans les mémoires, confirmant la place du Festival de Fès comme l’un des grands rendez-vous mondiaux du dialogue des cultures et des civilisations.

Mehdi Nouri (MAP) 
 

Bouillon de culture

Festival
 
La deuxième édition du Festival national du cinéma des jeunes aura lieu du 27 au 30 mai à Errachidia, sous le thème "Le cinéma des jeunes, un espace de pensée et de créativité".
Initiée par la Direction régionale de la jeunesse de Drâa-Tafilalet, cette manifestation cinématographique entend promouvoir la culture cinématographique auprès des jeunes, dénicher et développer les compétences des talents en herbe et mettre en lumière les atouts cinématographiques dont regorge la région.
Au menu de cet événement figurent, selon les organisateurs, des ateliers sur la réalisation, l’écriture de scénarios et l’interprétation ainsi que des rencontres enrichissantes avec des figures du cinéma national et des master-class animées par les artistes Saadia Azgoun et Tarik Boukhari.
Présidée par l’artiste et réalisatrice Fatima Lahcen Eljabia, le jury de la compétition officielle des courts-métrages comprend également Zineb Ouakri (réalisatrice), Mohamed Hamdaoui Alaoui (professeur), Hafed Bouzakraoui (chercheur) et Amine Ghouada (Acteur).
Cette manifestation artistique et culturelle célèbre les réalisations marquantes du cinéma marocain et œuvre pour la promotion du septième art dans la région de Drâa-Tafilalet.
 

Libé

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