
Le gouvernement a prêté mardi serment, moins de deux semaines après le renversement par l’armée du président Mohamed Morsi, alors que l’Egypte reste secouée par des violences meurtrières.
La nouvelle équipe gouvernementale comprenant plus d’une trentaine de membres issus d’horizons divers, a immédiatement été rejetée par les Frères musulmans, le mouvement dont est issu M. Morsi.
«Nous ne reconnaissons pas sa légitimité ni son autorité», a réagi auprès de l’AFP un porte-parole de la confrérie, Gehad El-Haddad.
Le général Sissi demeure non seulement ministre de la Défense mais hérite en plus d’un poste de vice-Premier ministre, au même titre que l’avocat d’affaires et économiste, Ziad Bahaa Eldin (ministre de la Coopération internationale), et l’universitaire Hossam Eissa (Enseignement supérieur).
Le prix Nobel de la paix et figure de l’opposition, Mohamed ElBaradei, avait déjà prêté serment dimanche comme vice-président chargé des relations internationales.
Le nouveau gouvernement compte par ailleurs trois femmes ainsi que trois coptes, une communauté chrétienne très hostile à l’ancien président islamiste.
Mardi, la présidence a exhorté toutes les forces politiques à participer à ses «efforts» de «réconciliation nationale».
Mais les nouvelles autorités ont aussi récemment engagé des poursuites contre plusieurs hauts responsables de la confrérie, dont son Guide suprême, Mohamed Badie.
Les violences ont fait plus d’une centaine de morts depuis le 3 juillet.
Dans la nuit de lundi à mardi, sept personnes ont été tuées et plus de 260 blessées en marge de nouvelles manifestations de plusieurs dizaines de milliers de partisans de Mohamed Morsi, qui occupent les abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, au Caire.
Plus de 400 personnes ont été interpellées lors de ces affrontements, les premiers dans la capitale depuis ceux qui avaient fait 53 morts le 8 juillet devant la Garde républicaine.
Les partisans de M. Morsi, qui dénoncent un «coup d’Etat militaire» contre le premier président démocratiquement élu, affirment qu’ils ne cesseront leur mobilisation qu’à son retour.
Les anti-Morsi, qui reprochent au président déchu d’avoir gouverné au seul profit de sa confrérie et de ne pas avoir fait face à la crise économique, appellent eux aussi à des rassemblements réguliers, même si leur mobilisation semble avoir baissé.
Mme Ashton, en annonçant sa visite au Caire, a indiqué qu’elle rencontrerait le président par intérim Adly Mansour et des membres du nouveau gouvernement, et qu’elle s’entretiendra aussi «avec d’autres forces politiques et des représentants de la société civile.»