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Le choix du sujet de Mohammad Rasoulof pour "Un homme intègre" résulte d’une expérience personnelle. Il subit un contrôle policier de routine qui se conclut par une demande de pot-de-vin, puis un séjour en prison après son dépôt de plainte, preuves à l’appui, contre ses cerbères… Ce type de corruption serait généralisé en Iran. La pratique ne se limite pas à ce pays, loin s’en faut, elle est partout. Mais la dénoncer dans un pays comme l’Iran ne peut que déranger l’Etat. Même si celui-ci se moque de la diffusion de tels films, tant que ce n’est pas dans ses frontières intérieures.
On aimerait voir un tel sujet traité en Europe, par rapport à l’influence des lobbys dans le Parlement français ou européen par exemple… Dans "Léviathan" Andreï Zviaguintsev dénonçait la corruption d’un maire russe pour s’approprier la maison d’un garagiste. Dans "Un homme intègre", il s’agit d’une compagnie des eaux qui cherche à déloger un pisciculteur gênant. Mais Mohammad Rasoulof va au-delà de la corruption simple en interrogeant ses conséquences dans la vie d’un couple et la réponse à y donner.
Cette corruption, manipulation externe, va corrompre la vie de couple de Reza et Hadis et de leur jeune fils. Elle va gâcher leur vie, les enjoindre à se disputer, alors qu’ils s’aiment et suivent une conduite morale. Mais la pression est telle que Reza, mis en doute par son épouse - directrice d’école -, pour s’en sortir, va devoir appliquer les mêmes méthodes de ses opposants pour les contrer. En ce sens "Un homme intègre", au-delà de la question sociétale qu’il pose, atteint le philosophique : peut-on faire usage des méthodes de ses ennemis pour les contrer ? Un sujet du bac : vous avez quatre heures…
Mohammad Rasoulof, au-delà de son sujet, ne néglige pas la mise en scène, avec une économie de moyens qui est tout à son honneur. Le film est âpre, certes, mais recèle une poésie dans ses images, un sens du récit qui privilégie l’ellipse, donc la participation du spectateur, ce qui lui permet également de ne pas "trop" froisser les censeurs en évitant d’être explicite. Mohammad Rasoulof fait preuve de courage avec "Un homme intègre", ce qui lui vaut aujourd’hui d’être privé de liberté dans ses déplacements et son travail de cinéaste, en raison de sa propre intégrité. Poignant.