Troisième Festival de la halka et des arts populaires : Une école à part entière


Abdelkrim MOUHOUB
Vendredi 10 Juin 2011

Troisième Festival de la halka et des arts populaires : Une école à part entière
Un rendez-vous incontourrnable

Après le succès retentissant des années précédentes, la troisième édition du Festival de Sidi Bennour de la halka et des arts populaires tenu récemment, a su préserver l’un des arts ancestraux du Maroc et qui n’est que le fameux art de la Halka.
Cette édition a été marquée par des activités davantage attrayantes et variées et a transformé, le temps d’un festival, plusieurs lieux de la ville en espaces d’écoute de contes historiques, de pièces de théâtre de rue, de parades, d’ateliers et de spectacles d’arts populaires.
Ces derniers spectacles, à eux seuls, constituent une nouveauté majeure de cette année, car outre l’art de la halka, le festival s'est assigné pour objectif de participer à la préservation et à la mise en valeur des multiples formes d’arts populaires avec une pléiade d’artistes qui perpétuent ce patrimoine culturel.
Autre nouveauté de cette édition, le grand spectacle de fantasia qui a attiré 740 cavaliers mordus et amateurs de la fameuse « Tbourida ».
Cet événement devenu aujourd’hui un rendez-vous annuel pour la population de Sidi Bennour et des visiteurs venus de plusieurs villes du Maroc avec 80.000 spectateurs par jour, aura un caractère international lors de sa quatrième édition, selon les organisateurs.  
A.M


Ould Karred, Zaâtout, Khouliefa, Si Miloud, Baqchich, et bien d’autres sont étroitement liés à notre mémoire et ne cessent de nourrir nos rêves, notre imagination, et notre façon de raconter, de nous amuser, de plaisanter, de taquiner, de critiquer et de nous comporter.
Nous vivions de récits, nous vivions de projets, nous vivions notre vie, quoi !
Notre vie d’enfant, de jeune, d’adulte, d’éducateur, de créateur a toujours été meublée, richement meublée, joyeusement meublée, généreusement meublée, grâce à ces hlaïkis, qui maîtrisaient si bien leur métier et avaient le devoir de jouer leur rôle jusqu’au bout et savaient pertinemment que la graine qu’ils semaient donnerait sûrement fleurs et fruits.
Ils dispensaient leurs « cours » en plein air, dans la halka. Lieu sain et, tenez-vous bien, saint car personne n’ose le profaner !  Il est aménagé pour servir une clientèle assidue, dans de bonnes conditions.
La halka est l’une des formes vivantes d’expression dramatique qui réunissent autour d’elles des dizaines d’auditeurs/spectateurs fidèles, avides d’écouter les aventures de Jha, de paysans rusés ou mal dégrossis, les épopées de Seif Ibn di Yazan (Al Azaliate), d’Aantar Bnou Chaddad (Alâantarya) et de suivre des représentations préparées ou improvisées pour les circonstances, parfois d’y participer pour donner du punch au spectacle qui reflète l’angoisse existentielle de l’homme et cherche, sur un ton comique, le mystère de la condition humaine, comme l’avait bien dit le dramaturge mexicain Victor Hugo Rascon Banda.
Le  riche répertoire populaire et la littérature arabe (Mille et une nuits, épopée d’Antar...), sont pour les hlaïkis un trésor inépuisable où ceux-ci puisent leur matière pour servir un public, comme le nôtre, qui se passionne pour les récits.  
Les meddahs, souvent lettrés, savent inspirer respect auprès de leur public et le fidélisent. Conscients de leur rôle, ils essaient de fuir toutes les pratiques qui puissent porter préjudice à leur personne, leur personnalité, leur réputation, si bien qu’ils deviennent une référence pour les gens et, partant, requièrent le statut de sages.
Les auditeurs, tous âges confondus, constituent un public homogène, assidu, docile et conscients de leur rôle, eux aussi, dans le déroulement des séances, ils ne manquent pas de participer à l’organisation de ces séances et veillent à parer à toute dérive (tout élément parasite est vite expulsé, voire honni.)
La représentation doit s’adapter à l’humeur du meddah et de son public. C’est pourquoi, l’improvisation est toujours de mise dans l’art de la halka. Le maître hlaïki ne raconte pas seulement, mais joue des rôles, mime, crée devant les spectateurs des personnages les plus divers, selon les situations. Et le registre comique est toujours de mise. C’est avec la comédie qu’on corrige les mœurs, dirait Molière.
La portée pédagogique et didactique de la halka est on ne peut plus bénéfique pour les enfants et les jeunes : ils apprennent à écouter, regarder, mémoriser et raconter.
Et comme le hlaïki n’est pas un fonctionnaire d’Etat, il rompt souvent son récit au moment crucial (suspense oblige) pour récupérer « son dû » auprès de son public qui n’a jamais été avare envers le « maître ». Toute peine mérite salaire !
La culture dans un pays n’a jamais été que savante, c’est-à-dire émanant des livres et de la connaissance, mais, elle est aussi le substrat d’un peuple et de son identité.
N’avons-nous pas, dans les douars « assareg », dans les souks, les villes, des espaces aménagés pour cette activité artistique? La Place Jamâa El Fna à Marrakech, n’est-elle pas classée patrimoine universel oral ?


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