Partisans et adversaires d'un 4e mandat du président Bouteflika se sont rassemblés en nombre samedi en Algérie, où des affrontements intercommunautaires faisant de nombreux blessés se poursuivent dans le sud.
Aux portes du Sahara, dans la ville multicentenaire de Ghardaïa, à 600 km de la capitale, les affrontements entre Mozabites (Berbères) et Chaâmbas (Arabes) qui ont repris mardi se poursuivent et s'amplifient, selon plusieurs témoignages. Au moins trois personnes seraient mortes alors qu'elles tentaient de s'introduire de force dans un commissariat à Ghardaïa, selon Bahmed Babaoumoussa, un notable mozabite, mais ces faits ne pouvaient être confirmés de source indépendante. "Des centaines de personnes continuent de s'affronter dans le quartier mixte de Hadj Messaoud", a déclaré à l'AFP un notable, Mohamed Tounsi, joint par téléphone.
Des propos confirmés par le Dr Brahim Baamara. "C'est le chaos. Il est très difficile de se déplacer (...) le quartier de Melika est pratiquement encerclé par des jeunes", décrit cet interne en médecine, également joint par téléphone. "Depuis quatre jours, nous soignons jour et nuit" poursuit-il, dénombrant "une centaine de blessés dont cinq graves" qui ont été "évacués à Alger par nos propres moyens".
Dans le reste de la ville, "un calme précaire est revenu samedi, mais il faut rester prudent", a pour sa part indiqué Hamou Mesbah, de la fédération du Front des Forces Socialistes (FFS) parti très présent à Ghardaïa.
Le Premier ministre par intérim Youcef Yousfi est arrivé dans la nuit à Ghardaïa après la mort de trois personnes samedi soir lors de heurts communautaires.
M. Yousfi était accompagné du ministre de l'Intérieur Tayeb Belaiz, selon des notables de la ville et l'agence APS.
La police judiciaire a ouvert une enquête après les trois décès, a déclaré dimanche à l'AFP un haut responsable de la police, précisant que le calme était revenu à Ghardaïa.
"La situation est rétablie, tout est rentré dans l'ordre", a-t-il assuré.
Samedi soir, trois personnes ont été tuées "par des objets contondants" selon l'agence APS, par balles selon un notable de la ville, lors d'affrontements inter-communautaires.
"Quelle que soit la nature des objets qui ont donné la mort, seule l'enquête déterminera les circonstances de ces décès et seule l'autopsie peut se prononcer sur la nature des objets ayant donné la mort", a insisté le haut responsable de la police.