Transmise par le gouvernement aux partenaires sociaux le 21 février, cette mise à jour, prévue chaque année selon la loi immigration de janvier 2024, devait être publiée fin février avant d'être repoussée plusieurs fois. La dernière version date de 2021.
Établie région par région, cette liste énumère les quelque 80 métiers en manque de main d'œuvre, grâce auxquels les travailleurs étrangers peuvent prétendre à un titre de séjour en justifiant de douze mois de bulletins de salaire au cours de 24 derniers mois et trois ans de résidence en France.
Cette disposition, censée incarner le volet social de la loi portée par l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, est applicable jusqu'à fin 2026.
Elle doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d'écarter le risque d'une condamnation - l'emploi d'une personne en situation irrégulière est passible de 30.000 euros d'amende et cinq ans d'emprisonnement.
Parmi les "métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement" figurent notamment en bonne place les "agriculteurs salariés", "aides à domicile et aides ménagères", "aides de cuisine", "cuisiniers", "employés de maison et personnels de ménage", "maraîchers/horticulteurs salariés", ainsi que les employés de l'hôtellerie et du secteur du bâtiment.
"Enfin ! Cela faisait des mois et même des années qu'on l'attendait. Je pense à tous ces employeurs et ces salariés sous alias qui attendaient cette liste pour déposer leur dossier de demande de régularisation. C'est un soulagement pour eux", a réagi Franck Trouet, délégué général du Groupement des hôtelleries et restaurations (GHR) auprès de l'AFP.
"On reconnaît que l'hôtellerie restauration, premier recruteur de France est un secteur en tension. C'est une avancée, même s'il y a des choses étonnantes: à Paris seul le métier de cuisinier figure dans la liste, mais pas celui d'aide cuisinier, plongeur ou de serveur", s'étonne M. Trouet.
Selon France Travail, le besoin de main d'œuvre dans ce secteur en 2025 est estimé à 336.000 emplois (CDI et CDD de plus de six mois) avec des "difficultés" de recrutement pour la moitié d'entre eux.
Déplorant d'avoir découvert la liste définitive jeudi matin "comme tout le monde, la secrétaire nationale de la CFDT en charge des politiques migratoires Lydie Nicol a dénoncé auprès de l'AFP "une concertation qui n'en a eu que le nom".
"Cette liste tombe au moment où il faudrait déjà discuter de sa mise à jour annuelle (...) ce qui prouve que le gouvernement joue la montre afin de ne pas mettre en œuvre la seule mesure de la loi immigration permettant d'améliorer la régularisation par le travail", a estimé la représentante syndicale.