Entre 1959 et 1999, 22 secousses ont été recensées au Maroc contre plus du triple en deux fois moins de temps depuis 2000
-
Driss Lachguar : Passerelle importante vers l’Afrique, la ville d’Agadir requiert un intérêt considérable
-
Le délai raisonnable pour statuer sur les affaires, un engagement constitutionnel en faveur des droits des justiciables
-
Mustafa El Ktiri : La récupération de Sidi Ifni, une étape majeure dans le processus de parachèvement de l’indépendance nationale
-
Débats entre experts dans la perspective de la tenue du 12ème Congrès de l’USFP
Mis à la disposition du Centre national de recherche scientifique et technique (CNRST) et offerts par la compagnie japonaise «Challenge Company Limited», reconnue mondialement pour son savoir-faire en la matière, grâce notamment à l’entremise du Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, ces équipements ont été dispatchés entre l’Institut national de géophysique (ING) et les universités scientifiques et techniques de villes stratégiques dans l’activité sismique nationale, à savoir Kénitra, Larache, Tanger, Al Hoceima, Nador et Fès. Concrètement, les matériaux en question permettent non seulement de détecter les tremblements de terre de manière précoce mais aussi « de lancer des messages d’alerte à travers des haut-parleurs», précise le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb dans un communiqué, avant d’ajouter «qu’ils sont également d’une grande utilité pour l’alerte au Tsunami et peuvent déclencher l’arrêt instantané de certains équipements sensibles comme les machines au niveau des centrales nucléaires, les trains et les ascenseurs».
Au regard de la recrudescence de l’activité sismique dans le Royaume depuis l’avènement du 21ème siècle, ces équipements joueront, à coup sûr, un rôle crucial à l’avenir. Certes, « le Maroc est considéré comme un pays de sismicité modérée par rapport à d’autres pays du bassin méditerranéen comme l’Algérie, la Grèce, l’Italie ou la Turquie» explique le professeur Mohammed Taj-Eddine Cherkaoui Maknassi, dans une thèse doctorale intitulée «Le risque sismique dans le Nord du Maroc ». Mais en parallèle, il nuance ses propos en soulignant que «les données de la sismicité historique et instrumentale montrent que le Maroc n’est pas à l’abri des tremblements de terre destructeurs comme ce fut le cas en 1522, 1624, 1755 ou en 1960 ». Sans oublier le violent tremblement de terre qui a pris de court les habitants du Nord du pays dans la nuit du 23 au 24 février 2004.
Une secousse estimée à 6 degrés sur l'échelle de Richter, dont l’épicentre fut localisé dans la commune d'Aït Kamra, relevant de la province d'Al Hoceima, a fait pas moins de 629 morts, 926 blessés, 15.230 sans-abri et 2539 habitations effondrées.
En somme, le Maroc n’est pas à l’abri d’une catastrophe comme celle du 23 février 2004 au soir. D’autant que l’activité sismique a plus que redoublé de fréquence lors des 20 dernières années. En effet, si l’on en croit le site spécialisé «volcanodiscovery.com», entre 1959 et 1999, 22 secousses ont été recensées sur le territoire national, oscillant entre 4 à 6 degrés sur l’échelle de Richter, contre plus du triple en deux fois moins de temps depuis l’an 2000. Lors des deux dernières décennies écoulées, un total de 82 secousses, allant de 4 à 6 degrés, ont été recensées, majoritairement dans les régions du Nord, situées dans une zone de collision, à proximité de la limite entre les deux plaques Afrique – Eurasie.
A l’évidence, l’activité sismique dans le pays s’est accélérée de manière prononcée. Une accélération que le développement et le perfectionnement des outils de mesure et de prévention contre les séismes ne peuvent expliquer à eux seuls.
En revanche, ces derniers sont plus que jamais primordiaux dans la survie des populations. D’autant qu’au Maroc comme ailleurs, les dernières années ont connu une augmentation des dommages liés aux aléas naturels, principalement à cause de la concentration des populations et des activités dans les zones à risques. Un constat encore plus inquiétant en cas de Tsunami.
En effet, l’hypothèse d’une vague géante déferlant sur les côtes atlantiques marocaines n’est pas à exclure. Mais elle est moins probable que le risque de raz-de-marée qui plane sur le pourtour méditerranéen du Royaume (voir ci-contre). Dès lors, le récent transfert technologique et la coopération en matière de savoir-faire entre les scientifiques marocains et japonais, qui ne datent d’ailleurs pas d’hier, sont plus que jamais une nécessité pour envisager un lendemain moins angoissant.
Chady Chaabi