“Toutes blessent, la dernière tue” : Un thriller glaçant sur l’esclavage moderne

Le roman plonge le lecteur dans l’enfer de la servitude domestique à travers le destin d’une enfant marocaine


Samedi 19 Mai 2018

L’esclavage moderne est au cœur du nouveau roman de Karine Giebel, “Toutes blessent, la dernière tue” (Ed. Belfond), un thriller glaçant qui plonge le lecteur dans l’enfer de la servitude domestique à travers le destin de Tama, une enfant marocaine vendue à une famille française. Invitée du Soir 3, Karine Giebel raconte comment elle s’est basée sur des témoignages réels pour construire ce récit.
Cela faisait longtemps que Karine Giebel voulait aborder ce thème de l’esclavage moderne. Qu’il soit sexuel, domestique ou lié au travail forcé, il concernerait plus de 45 millions de personnes à travers le monde. Et la France - où l’esclavage a été aboli en 1848 - n’est, hélas, pas épargnée par ce phénomène. En 2012, un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) estimait le nombre de personnes victimes de la traite des êtres humains en France à 270.000, dont la majorité faisait l’objet d’exploitation sexuelle ou d’exploitation par le travail.
Pour écrire “Toutes blessent, la dernière tue”, Karine Giebel a mené une véritable enquête sur l’esclavage moderne avant de concentrer ses recherches sur la servitude domestique. Elle a fait appel à l’OIECM, l’Organisation internationale contre l’esclavage moderne qui lui a fourni une aide précieuse et de nombreux témoignages de femmes, premières victimes de cette forme d’esclavage. Elle a pu s’appuyer sur leurs témoignages écrits : “J’aurais aimé rencontrer ces femmes mais elles ont beaucoup de mal à  parler de ce qui leur est arrivé”, confie la romancière. Et d’ajouter : “Tama, mon héroïne, a une grande force de résilience mais beaucoup de femmes ont du mal à se reconstruire même quand elles ont réussi à sortir de cet enfer.”
Cette enquête a permis à Karine Giebel de découvrir une réalité effrayante (“J’ai appris des choses qui m’ont sidérée” dit-elle), d’une violence inouïe et qui concerne toutes les catégories sociales : “L’esclavage moderne, on le trouve dans les beaux quartiers, on le connaît aussi dans le monde diplomatique”, explique la romancière, “mais ce que j’ai voulu montrer dans le livre, c’est que ça existe aussi dans les quartiers défavorisés. La misère exploite la misère...”
“Toutes blessent, la dernière tue” est la traduction d’une expression latine, “Vulnerant omnes, ultima necat”. Référence au temps qui passe, cette formule est affichée sur les cadrans d’horloge et les cadrans solaires. C’est aussi une manière de rappeler que la dernière heure peut arriver à tout moment pour chaque individu... Une précision qui rappelle que ce roman, tout en parlant de la société qui nous entoure et de la psychologie humaine, est avant tout un thriller.
Un genre dans lequel Karine Giebel excelle. Cette ex-étudiante en droit, devenue juriste dans la fonction publique territoriale, est l’un des auteurs de thrillers les plus prolifiques et les plus doués de sa génération. Elle cumule d’ailleurs les prix littéraires : Prix Marseillais du Polar 2005 pour son premier roman “Terminus Elicius”; Prix Polar du Festival de Cognac en 2008 et  Prix SNCF Polar 2009 pour le troisième, “Les Morsures de l’ombre” et enfin en 2012, Prix Marseillais du Polar et Prix Polar du meilleur roman français au Festival Polar de Cognac pour “Juste une ombre” (Fleuve noir). Ces livres se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires et sont traduits dans une douzaine de langues.


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