Tous pour que le prochain Ramadan soit le mois de l’abstention de la corruption, de la dilapidation des deniers publics, … : Vraies causes et faux combats


Par Mounir Bensalah
Samedi 28 Août 2010

Tous pour que le prochain Ramadan soit le mois de l’abstention de la corruption, de la dilapidation des deniers publics, … :  Vraies causes et faux combats
La polémique lancée l’année dernière, suite à une tentative de rupture collective du jeûne en plein jour, est relancée cette année également. Pour rappel, je me suis déjà prononcé sur cette affaire l’année dernière sur ce même blog ici. Répondant à un message du groupe MALI sur Facebook à l’époque appelant à «la désobéissance civile», j’avais écrit un mail privé aux administrateurs du groupe : «J’aime votre analyse, mais permettez-moi de vous rappeler, que dans la démarche des droits humains, qui semble bien être l’essence de votre réflexion, il n’est pas préconisé “une désobéissance” à une quelconque loi. La démarche stipule à respecter la loi, et oeuvrer par tous les moyens légaux à la faire changer. La désobéissance est un vocable à teneur politique et non du dictionnaire des droits humains. Sommes-nous capables de l’assumer?».
Du nouveau cette année, le groupe semble dessoudé ( fatalité de toute action progressiste ?). Une pétition (une connerie) a été rédigée par un «courant» (dont l’icône est la psychologue Ibtissam Lachgar), et signée par 115 personnes, appelant «le département d’Etat américain à laisser de côté les calculs diplomatiques étroits et à faire pression sur notre gouvernement [marocain] par tous les moyens légaux pour qu’il respecte et instaure les libertés religieuses à tous les citoyens et les étrangers résidant au Maroc, afin de rendre service au développement et à la diversité humaine au Royaume du Maroc et dans toute la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et de faire face à une crise d’identité culturelle tyrannique nourrissant l’extrémisme de toutes ses couleurs et menaçant la paix humaine à moyen et long termes».
Le second courant représenté par le blogueur Najib Chawqui se veut un appel au dialogue calme sur le sujet de la rupture publique du jeûne au mois de Ramadan : http://www.youtube.com/watch?v=Lcex-Kdxouo
Ecartant l’idée de toute solidarité avec le premier courant (ce sera un encouragement d’une éventuelle invasion à l’irakienne, ou une «civilisation» à la française sous De Lesseps de l’Egypte), voyons des réactions sages à l’appel au débat lancé par le groupe :
«L’élargissement des espaces de liberté entraîne l’élargissement des droits, nous devons être préparés au Maroc à ouvrir ce débat et la révision des lois qui se contredisent avec le principe de la liberté de conscience, principe capital du système des droits humains. Nous devrons nous demander comment une minorité de citoyens peut ébranler la foi des autres et la stabilité de l’Etat pour la simple raison qu’elle a choisi de dé-jeûner au Ramadan. Il est nécessaire de revoir la logique suivie pour la protection de la conviction des citoyens» Amina Bouayach, présidente de l’OMDH, Septembre 2009, Aljarida Aloula.
«Le référentiel juridique justifiant l’arrestation de ces citoyens est l’article 222 du Code pénal marocain, n’est pas équitable et est contraire à la Constitution marocaine qui garantit la liberté de conscience et la liberté d’expression des opinions et des convictions, comme il contredit les conventions internationales ratifiées par le Maroc». Communiqué de l’Association Bayt Alhikma, Septembre 2009.
«Les associations signataires, considèrent que le traitement des sujets de libertés individuelles connaît un surdimensionnement par plusieurs parties, …appelle au débat sur les libertés individuelles et à la réflexion à des propositions aptes à être introduites dans un système juridique aspirant à la démocratie et aux droits humains ». Observatoire marocain des libertés publiques, Réseau Amazigh pour la citoyenneté, Forums alternatifs, Septembre 2009.
L’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont le Maroc est signataire, inclut les stipulations suivantes : «Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction,  individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé. [...] La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet que des seules restrictions prévues par la loi et qui sont nécessaires à la protection [...] de la morale d’autrui.» HRW, Septembre 2009.
«Oui la patrie appartient à tous … et tous sommes marocains, musulmans et non musulmans, croyants et athées, il n’est pas permis de toucher à la citoyenneté de quiconque à cause de ses idées ou référentiels … et je rajoute que la religion appartient à tous, Allah est à tous, qui veut croire qu’il croit, qui veut renier qu’il renie et nul n’a le droit de s’approprier la religion ou de parler en son nom, comme le Roi appartient à tous et personne n’a le droit de s’approprier sa relation avec lui … j’encourage l’appel de Mr Najib Chawqui et ses acolytes au débat ». Moustapha Lmouatassim (Islamo-gauchiste, si j’ose employer le terme cher à IK, SG du parti Albadil Alhadari dissous, depuis sa cellule à la prison de Salé, 31 Juillet 2010, Akhbar Alyawm.
Revenons maintenant à deux remarques majeures. L’article 222 du Code pénal marocain a été instauré pour la première fois, en d’autres termes, par Lyautey alors que le Maroc était sous protectorat français, cet article voulait protéger les colons de la réaction des autochtones contre une rupture de jeûne, laissant croire que cela donnerait exemple à la jeunesse de l’époque. La seconde remarque, de taille, qui pourra pimenter le débat lancé par Najib et ses amis : Pourquoi les Marocains (majoritairement musulmans) ne voient-ils pas leur foi ébranlée quand les prix de la tomate produite localement atteignent des prix astronomiques, ou lorsqu’un rapport officiel (Cour des comptes dernièrement, commission d’enquête parlementaire dans l’affaire CIH) fait état d’un grand détournement de fonds, ou encore lorsque les élections sont biaisées par l’utilisation massive de l’argent sale par ailleurs, ou pis lorsque l’école publique se détruit d’une manière la plus abjecte? Et pourquoi lorsque la majorité jeûne, c’est-à-dire s’abstient de manger et de (…) pendant la journée ne s’abstient-elle pas de corrompre, de brûler des feux de circulation … ? Qu’ils arrêtent de (…) notre pouvoir d’achat également!
Tous pour que le prochain Ramadan soit le mois de l’abstention de la corruption, de l’assistanat, de la dilapidation des deniers publics, de la cherté de la vie, … Tous pour redonner au Ramadan, eu égard à son essence spirituelle, un contenu citoyen!


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1.Posté par noureddine le 28/08/2010 18:56
A travers le monde la religion prend sa place de plus en plus comme interpretation ( a cote d'autres philosophies) de la vie. On voit de plus en plus que l'univers a ses lois qui obeissent a la physique. Ce sont ces lois qui permettent au monde de progresser et d'aller dans l'espace.

Dans notre culture il est vital qu'on arrive a voir notre conviction comme personnelle. Un musulman n'a pas plus correct qu'un chretien ou un juif. Peut etre nos jeunes nous meneront la bas si on les respecte un peu plus. Alors Ramadan ou pas, ca doit etre une decision personnelle. On doit respecter ceux qui font Ramadan et ceux qui le font pas au meme niveau. C'est le travail et les actions qui sont a juger!

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