“Timbuktu” d’Abderrahmane Sissako grand vainqueur des Césars 2015


Mehdi Ouassat
Lundi 23 Février 2015

“Timbuktu” d’Abderrahmane Sissako  grand vainqueur des Césars  2015
C’est sans surprise que “Timbuktu” d’Abderrahmane Sissako a dominé vendredi dernier la 40ème cérémonie des Césars, présidée par Dany Boon et présentée par Edouard Baer, en remportant les trophées du Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario original, Meilleure musique, Meilleur son et Meilleure photographie. Sept récompenses, donc, pour un film parti bredouille du dernier Festival de Cannes, mais ayant remporté un vif succès en salles. Abderrahmane Sissako n’a, par ailleurs, pas eu le temps de savourer ses 7 récompenses. A peine remis de la cérémonie, il s’envolait pour les Oscars à Los Angeles.
Célébrant la tolérance face à l’obscurantisme, le film inspiré de faits  réels: le nord du Mali est bien tombé en 2012 sous la coupe de groupes  jihadistes liés à Al-Qaïda, qui en ont été chassés en grande partie par  l’opération militaire “Serval”, à l’initiative de la France.
«Je ne m’attendais absolument pas à une telle moisson. J’ai été heureux et extrêmement surpris d’être nommé huit fois. Les Oscars, je n’en rêve pas, mais de par ma nature, je suis confiant. J’y vais car il existe une probabilité, mais j’y vais heureux, vu les récompenses de ce soir », a déclaré Sissako dans un entretien accordé au journal français « Le Parisien ».
« C’est un grand bonheur. Mais je suis un Sahélien. Donc, je vis tout cela avec beaucoup de tranquillité. Je partage aussi ce bonheur immense avec tous ceux qui ont participé à ce film qui a été un travail collectif. Douze Français, une Belge, un Algérien, quatre Tunisiens, cinq Burkinabés… », a-t-il ajouté. «J’ai aussi le sentiment énorme d’avoir une responsabilité, une fierté parce qu’il est rare qu’un film africain ait autant de nominations aux Césars et qu’il soit aussi retenu pour l’Oscar du Meilleur film étranger. Très vite, c’est le continent africain qui est représenté. Quand c’est un film belge ou estonien, l’Europe n’est pas derrière lui », a-t-il précisé, avant de conclure : « Mon métier de cinéaste est de témoigner pour les autres. L’art a cette fonction. Quand le monde est atteint par quelque chose d’aussi terrible que le terrorisme, on doit lutter contre cette barbarie. Une barbarie avec une justice qui coupe les bras et les mains, avec des lapidations, des couples mis à mort… Bien sûr, il fallait raconter ça. Et montrer que la résistance est possible ».
Face à cette déferlante “Timbuktu”, les autres films se sont partagé les  prix restants. “Mommy”, cinquième long métrage du prodige québécois Xavier Dolan, 25 ans,  a emporté le César du Meilleur film étranger.
Le film émouvant, drôle et haut en couleur, raconte l’histoire de Diane,  mère exubérante qui hérite de la garde de son fils, un adolescent bipolaire,  impulsif et violent, après son expulsion d’un centre spécialisé. Ce drame familial avait fait chavirer le dernier Festival de Cannes, où il  avait obtenu le Prix du jury, ex aequo avec “Adieu au langage” de Jean-Luc  Godard.
Par ailleurs, Pierre Niney, qui prête sa grâce fragile à Yves Saint Laurent  dans le film “Yves Saint Laurent” de Jalil Lespert, autre biopic sur le couturier français, a reçu le César du Meilleur acteur, l’emportant sur son  concurrent Gaspard Ulliel dans le film de Bertrand Bonello. 
Adèle Haenel, 26 ans, a décroché le César de la Meilleure actrice pour son  rôle de jeune femme rebelle et impulsive se préparant à l’apocalypse dans le  film “Les Combattants” de Thomas Cailley.
Ce premier long métrage d’un cinéaste de 34 ans, œuvre la plus représentée  derrière “Saint Laurent” avec neuf nominations, a aussi obtenu le César du  Meilleur premier film et celui du Meilleur espoir masculin pour son interprète  Kévin Azaïs.
La comédie “La Famille Bélier” d’Eric Lartigau, très appréciée du public, a,  quant à elle, été récompensée par le César du Meilleur espoir féminin pour la  comédienne et chanteuse Louane Emera, 18 ans, découverte dans le télé-crochet  The Voice.
L’actrice américaine Kristen Stewart, 24 ans, est devenue vendredi la  première Américaine à remporter un César, pour son second rôle dans “Sils Maria” d’Olivier Assayas.
L’acteur Reda Kateb a, pour sa part, reçu le César du Meilleur second rôle  masculin pour son interprétation d’un médecin dans “Hippocrate” de Thomas Lilti. 
 

Les principaux lauréats

Meilleur film: “Timbuktu” d’Abderrahmane Sissako
Meilleur réalisateur: Aberrahmane Sissako pour “Timbuktu”
Meilleure actrice: Adèle Haenel dans “Les Combattants”
Meilleur acteur: Pierre Niney dans “Yves Saint Laurent”
Meilleure actrice dans un second rôle : Kristen Stewart dans “Sils Maria”
Meilleur acteur dans un second rôle: Reda Kateb dans “Hippocrate”
Meilleur espoir féminin: Louane Emera dans “La famille Bélier”
Meilleur espoir masculin: Kévin Azaïs dans “Les combattants”
Meilleur film étranger:”Mommy” réalisé par Xavier Dolan

Les moments les plus gênants


La 40ème cérémonie des Césars a offert, comme chaque année, son lot d’émotions et de beaux discours mais surtout d’instants de malaise et de flops. Tour d’horizon des moments les plus gênants.
 
La mauvaise blague d’Edouard Baer sur Julie Gayet
Julie Gayet et Denis Podalydès ont maladroitement été présentés comme un “couple” par le maître de cérémonie. 
En effet, pas facile de présenter les Césars. C’est Edouard Baer qui portait cette lourde responsabilité vendredi soir. L’acteur, connu pour son humour, n’a pas toujours su faire rire son public de stars, allant même jusqu’à la blague gênante. Voulant introduire l’entrée en scène de Julie Gayet et Denis Podalydès, le maître de cérémonie lance: “Ils sont ensemble dans la vie, un couple, à la scène et à la ville”. La compagne de François Hollande, mal à l’aise, ne répond pas. Elle est venue remettre le César du meilleur espoir masculin, attribué à Kévin Azaïs pour Les Combattants, de Thomas Cailley. 

La robe badminton de Marion Cotillard
Les tenues des acteurs et actrices qui foulent l’entrée du Théâtre du Châtelet ou montent sur la scène des Césars sont sources de réactions. Vendredi, c’est la robe de Marion Cotillard qui n’est pas passée inaperçue. Rebaptisée “robe badminton” ou “robe lampe de chevet”, les internautes se sont amusés avec la toilette Dior de l’actrice venue offrir à Sean Penn son César d’honneur. 

Les bides à répétition
Vendredi soir, le maître de cérémonie semblait abonné aux flops. Après plusieurs blagues qui ont fait “pschitt”, Edouard Baer a tenté un remake de la danse de Valérie Lemercier en Rabbi Jacob, lors des Césars 2010. No comment. 
Avant le César du meilleur documentaire, Edouard Baer improvise le tournage d’un court-métrage appelé  Panique aux Césars, en embauchant pour l’occasion: Pierre Niney, Jean Rochefort, François Damiens, Guillaume Gallienne, Romain Duris et la ministre de la culture Fleur Pellerin. Le film raté d’Edouard Baer est ensuite présenté parmi les nommés au César du court-métrage. Là encore, c’est un bide.


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