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Théocratie populiste L’alternance, une transition démocratique?Libé
Lundi 18 Août 2014
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Le pouvoir manifeste un embarras extrême devant des cas de corruption ou de malversations où sont impliquées des personnes influentes, et ceux qui les dénoncent échouent, du capitaine Adib au Journal Hebdomadaire. Bien entendu, le pouvoir dispose de moyens de contrôle, encore faut-il les utiliser : «Tous les mécanismes et les institutions de contrôle (sanctions éventuelles) sont sous le contrôle du politique et dépendent de sa bonne volonté : les inspections, la Cour des comptes et surtout la Cour spéciale de justice qui ne bouge que par un écrit du ministre de la Justice». Akesbi note judicieusement : «Nous devons nous rendre à l’évidence : ce qui a été observé dans le cas du CIH et qui existe, dans une large mesure, dans de nombreuses institutions (CNSS, CNCA…) a besoin d’être mis en rapport avec le système de nomination, le grand pouvoir discrétionnaire dont disposent les hauts responsables, les différentes formes d’intégration et de corruption des élites…(…) Le cas du CIH, en tant qu’exemple, a révélé des pratiques scandaleuses : l’octroi de crédits en dehors et/ou en détournant les procédures légales, le financement de projets fictifs, l’octroi de crédits sans préciser les bénéficiaires, l’octroi de crédits sans garantie, la non récupération de plus de 11 milliards de DH et des arrangements se traduisant par un énorme gaspillage des deniers publics». Selon Transparency International, le Maroc n’arrive pas à obtenir un quelconque progrès dans la lutte contre la corruption et se classe loin, très loin derrière la Tunisie et la Jordanie. Pire encore, le Maroc régresse, passant de la 45ème place (1999) à la 52ème en 2002 puis à la 74ème en 2003. Comme le note Kamal Mesbahi, membre du Conseil national de Transparency-Maroc : «Ce recul très net peut paraître surprenant dans la mesure où depuis 1998, les gouvernements successifs ont déclaré vouloir faire de la "moralisation de la vie publique" un axe majeur de leur politique». Les autorités peuvent difficilement adopter les mesures préconisées par Transparency-Maroc : «Récupérer les fortunes des grands corrompus pour les investir dans des projets de développement du pays (…). [De même], la déclaration de patrimoine [des parlementaires] est une disposition qui peut faire la différence et même introduire une rupture par rapport au passé». VII. Séparation des pouvoirs, Islamisme et Makhzen Islam, islamisme et démocratie L’islam est une religion qui naquit d’emblée triomphante et se constitua un Etat dès la première décennie de son existence. Le christianisme né dans l’assujettissement ne put devenir religion d’Etat qu’en concurrence avec le paganisme. Cela n’empêcha pas la papauté de vouloir régir les Etats chrétiens : elle ne put aboutir. En Occident, les rois tuèrent des papes et des prêtres pour soumettre les religieux à leur pouvoir. Le monde islamique fut généralement plus respectueux de ses oulémas. L’islam ne connut un échec politique qu’en Turquie. De cette différence historique entre l’islam et le christianisme, les islamistes postulent la centralité des institutions politiques islamiques. Al-Afghānī, Al-Banna, Al-Mawdudi, Sayyid Qotb et Khomeiny sont les réformateurs islamistes qui continuent d’avoir le plus d’influence aujourd’hui: toutes les mouvances islamistes s’en inspirent. Al-Mawdudi et Sayyid Qotb ne veulent de souveraineté que divine, relayée par un ordre politique et une communauté qui en reflètent véritablement la puissance. L’idée que la société et l’Etat peuvent envisager de servir la volonté divine en agissant comme des entités mandatées par Dieu semble naturelle et ne soulève aucun problème théologique, philosophique, politique ou de droit. Cette assomption du rôle souverain de Dieu médiatisé institutionnellement ici-bas est souvent défendue par des personnes et des instances totalement étrangères à l’humanisme ; ce qui fait du dogme un instrument de pouvoir aux effets redoutables : il peut terroriser les non-croyants, les croyants qui réclament la liberté d’interprétation et les humanistes. Quant aux croyants du commun, il les assujettit à une stricte obéissance à l’Etat. En fait, ces gestionnaires du sacré qui s’improvisent défenseurs des droits de Dieu ont une approche singulièrement partisane du droit. On retrouve l’argument islamiste que la distinction entre la société civile et la religion est jugée sans objet parce que la totalité presque des citoyens marocains sont musulmans de conviction ou selon le droit. Les tenants de l’application de la Sharia veulent un conformisme de façade, peu importe la conscience individuelle effective. Les islamistes veulent restaurer l’âge d’or islamique : d’abord, celui-ci n’était pas antiphilosophique; ensuite, il reste en deçà des réalisations de la révolution scientifique du XVIIe siècle, des Lumières et des progrès en matière de gouvernance. En fait, les islamistes désirent inverser le processus qui réduisit le domaine de la Sharia et qui commença au XIXe siècle lorsque l’Occident imposa ses codes de commerce, son droit pénal et son droit privé international au monde musulman. Certains pays adoptèrent même son Code civil (la Turquie et ceux qui prohibèrent la polygamie). Les musulmans ne manifestèrent une grande résistance que vis-à-vis des lois constitutionnelles occidentales. Le salafisme qui se nourrit du sentiment de culpabilité et du remords de venir après les anciennes générations est tourné vers le passé et ignore les enjeux du temps présent et se trouve condamné à l’impasse. Certes, l’islam réforma en profondeur la société arabe : les pauvres étaient ignorés, la charité légale (zakāt) vint les secourir ; aumône et partage furent les prescriptions canoniques de la fraternité islamique. On pouvait devenir esclave par défaut de remboursement d’un crédit (nexum), l’islam l’interdit ainsi que l’usure (ribā) et la thésaurisation (iktināz). Les femmes d’un défunt pouvaient être héritées comme une pièce de mobilier, l’islam y mit fin. Mais dans un monde qui a évolué tant sur le plan des droits que dans le domaine social (allocations chômage et couverture sociale en Europe), nos oulémas ont fort à faire pour continuer la visée éthique et sociale de la Révélation et œuvrer pour son approfondissement. Observons que bien souvent l’islam n’est pas respecté. Si l’aumône légale avait été appliquée depuis les premiers siècles de l’islam, la communauté islamique aujourd’hui ne serait qu’une immense classe moyenne, vu l’importance du capital en rotation chaque année. La zakāt empêche l’accumulation du capital et à long terme, sur plusieurs générations, plusieurs siècles, il y a nécessairement un nivellement des fortunes. Nous constatons que les islamistes n’entendent pas confier la zakāt à l’Etat, comme au temps d’Abū Bakr ; sans doute que cela heurte les intérêts de nombreux musulmans qui désirent renforcer leur capital et non une répartition des richesses selon l’islam. Ce n’est pas l’adultère, l’absorption du vin, le vol, ou la non-observation de la prière et du jeûne qui sont les transgressions les plus odieuses du point de vue de l’islam, c’est l’usure, ribā, comparée à l’inceste dans la Kaâba par le Prophète Muhammad. Or le monde islamique pratique l’usure (tout taux d’intérêt, ne serait-ce que 0,5%, en est selon l’islam). Que disent nos oulémas, que disent les partis islamistes à ce sujet ? Motus. Une religion d’Etat, cette notion date du Moyen Age pour lequel la liberté d’opinion c’était hérésie et déviance. S’il fallait vivre selon les idées d’un autre âge, Hegel l’aurait proposé, lui qui était un grand amoureux de l’Ancien, et qui tint à vivre selon son temps. On trouve normal que le Maroc ait dominé l’Espagne et le Portugal pendant des siècles et qu’aujourd’hui sa puissance économique ne dépasse pas 10% de celle de l’Espagne. Avec une médiévalisation constante de la société, on va vers le renforcement et la probabilité grandissante des alternatives théocratiques : pour quelle aventure?
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