-
L’intelligence artificielle et la démocratie participative au cœur du nouveau numéro de la REIEJP
-
Pr Mohamed Knidiri : Le FNAP est l’affirmation de notre identité, de notre culture et de la force de leur profondeur historique
-
1ère édition des Rencontres méditerranéennes de Tanger
-
Sous les étoiles de la Tanger Fashion week : Luke Evans, Chopard, Vivienne Westwood, une nuit étincelante pour la Fondation Lalla Asmaa
L’histoire est vraie. Ceux qui l’interprètent sur l’écran, sont ceux-là mêmes qui l’ont vécue. Brady est cowboy dans une réserve indienne du Dakota du Sud. Lors d’une compétition de rodéo, il est gravement blessé à la tête. Au fil des mois, il va se rendre compte peu à peu qu’il ne pourra plus jamais pratiquer ce sport ni probablement remonter à cheval.
La réalisatrice chinoise Chloé Zhao, née à Beijing et vivant actuellement à Denver aux Etats-Unis, aurait pu choisir de tourner un documentaire. Les protagonistes auraient été les mêmes, et l’histoire aussi. Elle a pourtant choisi de raconter cette réalité à la manière d’une fiction.
Brady, jeune vacher passionné de rodéo comme tous les jeunes de cette réserve indienne de Pine Ridge, est un jour violemment projeté au sol par une jument qui lui donne un violent coup de sabot en pleine tête. Le crâne écrasé, sa vie bascule. Il survit mais voit certaines de ses fonctions atteintes.
Le film raconte le chemin qui va de l’espoir du retour à la vie d’avant à l’acceptation de sa nouvelle condition.
Brady vit avec son père et sa sœur qui souffre de retard mental. La mère est morte il y a quelques années. L’un de ses meilleurs amis, Lane, lui aussi victime d’un accident de rodéo, vit sous assistance dans une chambre d’hôpital. Incapable de parler et de marcher, il passe son temps devant son écran à regarder en boucle ses exploits passés. Auprès de lui, Brady va prendre conscience qu’il a une nouvelle place à se trouver. Ne plus chevaucher, ne pas à nouveau risquer sa vie sur un “bronco”, c’est perdre sa place dans cet environnement rural et macho. Brady va devoir accepter de trouver un petit boulot sans panache et se contenter de regarder les autres au rodéo.
Lorsque son cheval, irrémédiablement blessé à une jambe, doit être abattu, Brady résume sa situation en quelques mots: “Un animal aurait été blessé comme je l’ai été, on l’aurait abattu. Moi, je suis obligé de vivre...”
Comme dans son premier film, Chloé Zhao emmène le spectateur au plus près de la réalité quotidienne de ses personnages. Ici les grands espaces ne s’accompagnent pas de violons ou de couchers de soleil rougeoyants. Les terres poussiéreuses du Dakota du Sud n’ont rien de romantique et ceux qui y vivent n’ont rien de héros.
Les chevaux sont partout, pour travailler comme pour le sport spectacle qu’est le rodéo. Chloé Zhao filme ces déshérités de l’Amérique au plus proche d’eux, comme lors du dressage en temps quasi réel d’un jeune cheval encore sauvage par Brady. Comme il y a deux ans dans “Les chansons que mes frères m’ont apprises”, tout est filmé dans la réserve indienne de Pine Ridge. Ce sont cette fois les cowboys professionnels qui ont le premier rôle, alors que dans son film précédent, la réalisatrice s’était attachée à dépeindre le triste quotidien des Indiens de la réserve.
Les deux films se rejoignent dans une même évocation mélancolique, d’où ressort le sentiment d’une époque révolue, d’un temps perdu. Poignant.