Au moins un partisan de la rébellion chiite yéménite a été tué mardi par balle quand la police a fait barrage à des centaines de protestataires qui tentaient de prendre d'assaut le siège du gouvernement à Sanaa, a indiqué un membre du comité d'organisation de la manifestation.
"La police a ouvert le feu contre les protestataires, tuant au moins l'un d'entre eux et en blessant cinq autres", a déclaré à l'AFP ce militant de la rébellion.
La rébellion d'Ansaruallah, dont des milliers de partisans campent depuis des semaines dans et autour de la capitale pour réclamer l'éviction du gouvernement accusé de corruption, a organisé une marche entre la Place du changement, épicentre de la contestation depuis 2011, et le siège du gouvernement.
Les forces antiémeutes ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau, puis ont tiré à balles réelles, afin d'empêcher des centaines de manifestants de forcer leur chemin vers les bureaux du gouvernement, ont indiqué des témoins.
Déployées en nombre, les forces antiémeutes ont réussi à repousser les protestataires qui essaient toutefois de se réorganiser pour marcher de nouveau en direction du siège du gouvernement, ont ajouté ces sources.
Les protestataires, qui campent par milliers notamment près du ministère de l'Intérieur, ont réussi à prendre le contrôle des accès aux ministères de l'Electricité et des Télécommunications, empêchant depuis deux jours les fonctionnaires de se rendre à leur lieu de travail.
Par ailleurs, le commandant des forces spéciales yéménites a été limogé lundi en plein bras de fer entre le pouvoir central et les rebelles chiites dont les partisans entravent à Sanaa la principale route menant à l'aéroport, a-t-on annoncé de source officielle.
Le limogeage du général Fadhl al-Qawsi est intervenu au lendemain d'une vaine tentative des forces spéciales de disperser un sit-in des partisans de la rébellion d'Ansaruallah près du ministère de l'Intérieur et de rouvrir la route vers l'aéroport international.
Un manifestant a été tué par balle et une quarantaine blessés dimanche, selon Ansaruallah, lors de l'intervention de la police.
Le général Mohamed al-Ghadra a été nommé pour succéder au général Qawsi, a ajouté la source officielle.
Aucune précision n'a été fournie sur les raisons du limogeage du commandant des forces spéciales, un corps d'élite du ministère de l'Intérieur qui était fidèle à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, poussé au départ en février 2012 sous la pression de la rue.
Dans l'après-midi, la rébellion chiite continuait de renforcer les campements de ses sympathisants à Sanaa, notamment autour du ministère de l'Intérieur où les protestataires se tenaient désormais à une centaine de mètres du bâtiment gardé par des policiers.
Dans le même quartier, les ministères de l'Electricité et des Télécommunications étaient fermés sous la pression des rebelles, a rapporté un correspondant de l'AFP.
Dimanche, "des hors-la-loi ont bloqué les accès aux deux ministères et forcé les fonctionnaires à quitter leur lieu de travail", selon un porte-parole de la haute commission de la sécurité, cité par l'agence officielle Saba.