Télévision : " Al Harraz " avec Bachir Skirej : Une leçon de créativité

Vendredi 10 Septembre 2010

C'est  un double plaisir que de suivre "Al Harraz", une sitcom réalisée par Abdelhai Iraki et dont le rôle principal a été confié à Bachir Skirej. Un double plaisir parce que, d'un côté, les téléspectateurs retrouvent un des piliers du théâtre au Maroc et, d'un autre côté, ils redécouvrent l'une des histoires qui marquent notre patrimoine culturel depuis des siècles et qui commençait, à souffrir, en quelque sorte,  de l'usure du temps.
Et si d'aucuns ont manifesté une certaine réticence au début en raison de "l'anachronisme" de l'histoire et des "impératifs" de la mode, il a suffi d'attendre de voir quelques épisodes pour s'apercevoir qu'il s'agit, au contraire,  d'un travail bien élaboré qui intègre, en plus, plusieurs générations. Quel plaisir, en effet, de voir jouer un certain Mohamed Khouyi, excellent acteur à la télévision comme au cinéma, aux côtés de Bachir Skirej  qui appartient, lui, à la génération des vétérans ! Quel plaisir aussi de voir ce vétéran donner l'occasion de s'exprimer à de jeunes talents qui dans la plupart font montre de beaucoup de talent !
Lorsqu'on remarque l'abnégation et le dévouement de ces jeunes, on se rend compte qu'ils sont bien encadrés et le mérite en revient à Bachir Skirej.
L'autre mérite de cette sitcom réside dans le fait qu'elle a dépoussiéré un pan de notre culture traditionnelle en traitant du célèbre personnage  d' "Alharraz" dont l'histoire remonte à plusieurs siècles. Certes, cette pièce a été interprétée plus d'une fois, mais elle mérite cet intérêt, ne serait-ce que pour les jeunes générations qui connaissent mal ce patrimoine. Il est vrai qu'il existe depuis un certain temps un regain d'intérêt pour le patrimoine traditionnel dans la plupart de ses expressions, mais le Malhoun, lui, mérite que l'on s'y intéresse davantage.
Les jeunes se penchent de plus en plus sur l'héritage traditionnel et populaire même au niveau de la musique et c'est une très bonne chose. On s'intéresse de plus en plus aux costumes, à l'artisanat, à la musique gnaouie, à la musique andalouse et à Al Aita, mais le "Malhoun" reste un peu isolé  et mérite, de ce fait, une grande action de promotion surtout en ces temps d'hégémonie de la culture globalisante  qui menace nos enfants et notre entité d'une façon générale.
Authentique, Bachir Skirj le restera ainsi toujours. Rien n'a pu avoir raison de cette authenticité, ni le séjour très long et la carrière dorée aux Etats-Unis, ni le dédain manifesté par certains responsables de la télévision et du cinéma dont il est parfois victime.
Bachir Skirej qui a quitté le Maroc dans les années soixante pour aller s'installer dans le pays de l'Oncle Sam, n'a pu résister à l'amour du pays même si cela devait lui coûter la perte de certains acquis aux Etats-Unis. Deux fois marié à des  Américaines, il aurait pu s'installer définitivement en Amérique où il a rencontré et connu de grands noms du cinéma. Aussi, aurait-il pu se consacrer à sa chaîne de télévision et continuer à courir après la manne financière.
Un défi peut-être, mais c'est surtout la  détermination qui a été derrière une telle décision. Détermination de s'imposer de nouveau en tant que l'un des hommes de théâtre les plus en vue au Maroc, détermination de faire apprendre les règles du  travail professionnel, notamment aux jeunes, comme c'est le cas dans l'actuelle sitcom et la volonté de ne pas se laisser piéger par des gens qui sont mus par des intérêts personnels.
 Et c'est avec des honneurs qu'il s'en sort surtout que la nouvelle apparition coïncide avec le mois de Ramadan et que la série est programmée à un moment de forte audience.

par Abdeslam Khatib

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