Tarik Senhaji, directeur général de la Bourse de Casablanca

Nous avons bâti une infrastructure de marché de premier plan


​Le directeur général de la Bourse de Casablanca,Tarik Senhaji, revient, dans une interview accordée à la MAP, sur le rôle du marché boursier dans le financement de la relance économique, les actions mises en place à même d’encourager l’investissement du public en Bourse, ainsi que sur l’introduction en Bourse de la Foncière Aradei Capital.

Libé
Jeudi 7 Janvier 2021

Tarik Senhaji, directeur général de la Bourse de Casablanca
L’introduction en Bourse d’Aradei Capital intervient non seulement après une disette des IPO d’à peu près deux ans mais surtout après le pic de la crise liée au nouveau coronavirus (Covid-19). Quelle lecture faites-vous de ces résultats? 
Nous avons été très satisfaits de constater l’engouement du public pour l’opération. En effet, elle a été souscrite 4,3 fois, ce qui signifie que le marché a réussi à mobiliser plus de 2,5 milliards de dirhams (MMDH), alors qu’Aradei Capital n’en demandait que 600 millions. Par ailleurs, cette entreprise a réussi à séduire plus de 1.700 investisseurs, dont plus de 1.500 sont des personnes physiques, provenant des 12 régions du Maroc. Ainsi et dans le contexte actuel, nous estimons qu’il s’agit là de très bons résultats qui ne peuvent que rassurer et convaincre que le marché boursier est un moyen alternatif de financement, particulièrement en période de relance.

Que pensez-vous du timing de cette opération ? Et quelle sera, d’après vous, sa valeur ajoutée?
Il faut comprendre que cette opération intervient comme une conclusion logique d’une année qui a commencé difficilement mais où le marché a clairement rallié pour répondre présent aux défis de la relance. En effet, l’introduction d’Aradei Capital est avant tout la preuve de la résilience de notre marché: après avoir cédé 25% de sa valeur en avril en réaction à la crise sanitaire et à l’instar des marchés internationaux, le marché a connu une participation accrue de la part des investisseurs, notamment les petits porteurs, qui ont largement réduit ce déficit (à peine -5%). En d’autres termes, un investisseur qui serait rentré en avril a déjà réalisé une plus-value de +24% ! Ce chiffre, tout de même impressionnant, traduit l’intérêt important porté par les investisseurs boursiers au financement des entreprises marocaines. Cet engouement a permis naturellement d’offrir les conditions idéales dont a bénéficié la nouvelle IPO d’Aradei Capital, et cela s’est traduit dans les performances de cet appel public à l’épargne. L’IPO d’Aradei Capital démontre clairement que les investisseurs de la Bourse ne parlent plus de crise, mais bien de relance ! Pour preuve, les volumes de négociation sur le marché central sont en nette hausse par rapport à l’année dernière.

Pensez-vous que cette opération va donner au grand public le goût aux actions?
Comme mentionné précédemment, nous avons la chance d’avoir une participation d’investisseurs privés très bien informés. Nous sommes très ambitieux par rapport à la participation de cette classe d’investisseurs et regardons avec envie ce qui se passe dans d’autres pays, surtout anglo-saxons, à l’instar des Etats-Unis où il y a une participation populaire et massive des petits porteurs de tous profils sociaux et régionaux, tout le monde «boursicote». Pour cela, il n’y a pas de mystère: il faut redoubler d’efforts dans l’éducation et la vulgarisation, à travers notamment notre programme porté par l’Ecole de la Bourse qui se décline en deux niveaux : - Une plus grande proximité. Nous venons à ce titre de signer un partenariat structurant avec le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour que la vulgarisation boursière soit introduite dans l’ensemble des universités marocaines du Royaume. - Un investissement massif dans le marketing digital qui permet une dissémination large et efficace de l’information. Le grand public est toujours attiré par les opérations d’introduction en Bourse qui arrivent à mobiliser un nombre important de personnes physiques.

Notre objectif est de bien communiquer à cette cible que l’investissement boursier ne s’arrête pas à l’introduction et que c’est un très bon outil de gestion du patrimoine, que ce soit en achetant des actions en direct ou en en confiant la gestion à des professionnels (OPCVM Actions). Il permet :
- Une grande flexibilité. Nous pouvons investir et sortir dans un délai très court et dans un marché d’une grande liquidité.
- Cela permet de capturer, en particulier pour les investisseurs à long terme, des primes de rendement supérieures.
- Un niveau de transparence et de protection du petit porteur très élevé assuré notamment par une régulation aux meilleurs standards internationaux mise en place par l’AMMC (Autorité marocaine du marché des capitaux). -
- Et enfin, je sais que c’est un sujet qui tient à cœur à mes compatriotes, cela permet de soutenir nos entreprises nationales et les encourager à devenir plus performantes tout en se faisant rémunérer.

Je souhaite rappeler que même s’ils n’en sont peut-être pas conscients, la grande majorité des Marocains sont déjà investis dans le marché actions (vos retraites et vos assurances par exemple sont déjà placées en Bourse).

Est-ce que de nouvelles IPO sont prévues en 2021?
Nous l’espérons vivement ! Mais nous souhaitons surtout que le marché boursier puisse jouer pleinement son rôle dans le financement de l’économie et la mobilisation de l’épargne, tellement nécessaire en ces temps de relance. Aujourd’hui, les effets de la crise sanitaire continueront à se faire ressentir sur le plan économique et dans le bilan des entreprises. La Bourse de Casablanca, comme l’a démontré l’opération Aradei, est tout à fait adaptée à contribuer à la relance économique du Maroc grâce à sa grande flexibilité pour la structuration de financements innovants, que ce soit en dette ou en capitaux propres. La Bourse, particulièrement, offre aux entreprises un accès privilégié à l’argent frais disponible auprès des investisseurs, qu’ils soient particuliers, professionnels ou institutionnels. Quand je parle d’entreprises, j’entends par là toutes les entreprises de notre tissu économique, notamment les PME


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