
«Des chars sont entrés depuis le sud (de la ville) après avoir bombardé au hasard et tiré des rafales de mitrailleuses sur toute la ville. Les habitants sont encore en train de fuir depuis le nord», a déclaré un habitant contacté par téléphone.
Djisr al Choghour, dans le nord-est de la Syrie, occupe un emplacement stratégique sur la route reliant Alep, la deuxième ville du pays, à Lattaquié, son principal port. La situation ressemble à ce qui s'est produit depuis le début du mouvement de contestation, à la mi-mars, dans d'autres villes, avec déploiement de troupes et de blindés de l'armée syrienne à la suite de manifestations réclamant la fin du régime d'Assad.
Selon des habitants, les forces commandées par Maher al Assad, le frère du président qui dirige notamment la quatrième division mécanisée, ont pris position à proximité de la ville.
Mais, toujours selon des habitants, Djisr al Choghour a été le théâtre d'une mutinerie parmi les forces de sécurité, dont une partie aurait refusé il y a huit jours d'obéir aux ordres et de réprimer des manifestants.
Les témoignages sur les exactions du régime de Bachar al-Assad se multipliaient samedi, alors que les forces de l'ordre appuyées par des hélicoptères ont tué au moins 25 civils lors d'énormes manifestations hostiles au régime vendredi à travers le pays.
Près de trois mois après le début de la révolte mi-mars, et en dépit des sanctions et des protestations internationales, le régime semble déterminé à mater dans le sang toute contestation, des agissements qualifiés d'«atroces» par Ankara et «d'effroyables» par la Maison Blanche, qui a accusé la Syrie d'avoir provoqué une «crise humanitaire».
En écho, le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s'est dit samedi «très inquiète par la dégradation de la situation humanitaire» en Syrie et a réitéré ses appels à Damas à cesser la répression.
Alors que les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU divergent sur l'opportunité d'une résolution condamnant cette répression, la Maison Blanche a affirmé que «la violence et les brutalités» devaient «cesser immédiatement».
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a fait part une nouvelle fois de sa «profonde tristesse et inquiétude».
Les condamnations n'émanaient pas seulement des gouvernements: plus d'une quinzaine de villes à travers le monde, dont Paris, Montréal et New York, se sont associées à une journée mondiale pour la Syrie samedi.
Ils étaient quelques dizaines, principalement des Syriens établis en Algérie, rassemblés devant l'ambassade de Syrie à Alger, de même qu'à Tunis où ils scandaient: «Pas de salafisme, pas de terrorisme, notre révolution est une révolution d'hommes libres».