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Surprenante et inappropriée, l’interdiction provenant de Tunis

Une soixantaine d’artisans marocains se voient infliger un non inexpliqué pour se rendre en Tunisie depuis Alger


Hassan Bentaleb
Mardi 19 Juin 2018

Le mystère reste entier quant aux raisons du refus de Tunisair de transporter, le week-end dernier,  70 Marocains résidant en Algérie. En fait, ces derniers se sont trouvés interdits d'embarquer vers la Tunisie à partir de l'aéroport de Houari Boumediene sans être avertis, au préalable, alors que certains ont réservé  leurs billets il y a plus d’un mois. Une situation des plus difficiles à accepter  vu que ces MRE légalement installés en Algérie doivent quitter le territoire de ce pays pour une courte durée, avant d'y revenir en vue de renouveler leurs titres de séjour et obtenir une nouvelle autorisation de travail.
Le chef d’escale de la compagnie aérienne tunisienne s’est contenté de les informer que sa compagnie a reçu des consignes fermes de la part des autorités tunisiennes interdisant l’embarquement de ces Marocains sans leur en expliquer les raisons.  
Selon des sources concordantes, la compagnie aérienne tunisienne aurait reçu pour instruction de  ne pas les transporter ; une interdiction des plus énigmatiques puisque d’autres vols similaires ont pu atterrir sans problèmes sur le sol tunisien dimanche et lundi dernier.  
«Nous sommes en train de chercher des explications et des informations auprès des autorités concernées. Les responsables du ministère des Affaires étrangères tunisien étaient en congé pour cause d’Aid et de week-end», nous a indiqué une source du Consulat du Maroc en Tunisie  sous le sceau de l’anonymat. Et d’ajouter : «Il n’y a pas eu d’interdiction auparavant et il serait un peu hâtif de donner une explication sans avoir des informations fiables».
De son côté Hassan Ammari,  défenseur des droits des migrants et activiste au sein d’Alarme Phone, réseau international d’assistance téléphonique pour les personnes en situation de détresse en mer Méditerranée, nous a informés que les consignes relatives à l’interdiction d’embarquement ont été émises par le ministère de l’Intérieur et que ce refus est probablement lié au drame survenu le 2 juin courant et ayant fait plus de 50 morts au large de Sfax, métropole portuaire du littoral tunisien, à la suite du naufrage d’un chalutier.
Pourtant, notre source reste sceptique face à cette hypothèse vu que deux vols en provenance de l’Algérie et transportant  des artisans marocains ont débarqué avant-hier et hier à l’aéroport de Carthage. «La décision des autorités tunisiennes est surprenante vu que ces Marocains sont en situation régulière et qu’ils ont leurs billets. Ceci d’autant plus que durant la même journée,  un avion transportant 24 personnes s’est envolé vers la Tunisie. A cela, il faut ajouter le fait que la Tunisie a toujours été une escale pour ces MRE qui arrivent souvent sur des vols low-cost et restent 3 ou 4 jours  sur place», nous a-t-elle expliqué.
Certaines sources médiatiques algériennes ont trouvé l’explication de cette interdiction dans le fait  que les autorités tunisiennes n'apprécient plus que leur sol soit transformé en zone de transit ou d'escale juste pour le renouvellement des cartes de séjour ou en plateforme pour la migration irrégulière. D’autres avancent des raisons sécuritaires et évoquent une crainte des autorités tunisiennes justifiée par le démantèlement, par les services de sécurité algériens, de nombreuses filières de terroristes comptant de soi-disant Marocains qui tenteraient de se rendre en Libye à travers l'Algérie  pour rallier les groupes terroristes armés en se posant des questions sur la raison qui a poussé les travailleurs marocains à choisir de passer leur séjour en Tunisie alors qu'ils auraient pu retourner vers leur pays afin de retrouver les leurs et partager avec eux les joies de l’Aïd. Des hypothèses qui ne tiennent pas la route vu que les vols de Tunisair sont pleins jusqu’à l’Aid El Kébir. Ceci d’autant plus que les autorités tunisiennes ont interdit un seul vol et non pas la totalité de ceux-ci, ce qui en dit long sur le caractère non fondé des craintes liées au terrorisme.
Dans l’attente d’une réponse des autorités du pays du Jasmin, ces MRE risquent d'être expulsés vers leur pays d'origine faute de documents de résidence  en cours de validité. Ce qui induira immanquablement un retour vers la mère patrie et l’entame d’une nouvelle procédure pour l’obtention d’un visa ou d’une carte de résident.
 


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