Les forces de sécurité ont tué par balles dimanche huit personnes qui scandaient des slogans hostiles au président Bachar al Assad au cours d'un rassemblement organisé par les autorités de la ville de Hama pour montrer la colère de la population contre la décision de la Ligue arabe, ont rapporté des défenseurs des droits de l'Homme. "Les forces de sécurité canalisaient les fonctionnaires et des étudiants vers la place de l'Oronte lorsque des groupes se sont détachés du cortège et se sont mis à scander 'Le peuple veut la chute du régime!'", a dit l'un des militants, à Hama, à 240 km au nord de Damas. "Ils se sont échappés par les ruelles mais ont été pourchassés(...)", a-t-il ajouté.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi, a annoncé dimanche que des représentants de l'organisation rencontreraient mardi des responsables d'organisations de l'opposition syrienne. Il est toutefois prématuré d'envisager une reconnaissance par la Ligue arabe de l'opposition syrienne comme autorité légitime du pays, a estimé Nabil Elarabi. "Les reconnaître comme gouvernement? Il est sans doute un peu trop tôt pour parler de cela", a-t-il dit à Tripoli, en Libye, où il était en visite dimanche pour rencontrer le chef du Conseil national de transition (CNT), qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi. Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a fait savoir quant à lui qu'il comptait rencontrer ce dimanche soir des représentants de l'opposition syrienne. La décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie a provoqué la colère de certains groupes en Syrie, qui s'en sont pris à des missions diplomatiques étrangères. Ainsi, des foules armées de bâtons et de couteaux ont attaqué l'ambassade d'Arabie saoudite à Damas et les consulats français et turcs à Lattaquié, samedi soir, ont rapporté des habitants. La France, dans une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a dit condamner "avec la plus grande fermeté les attaques inadmissibles contre des représentations diplomatiques ou consulaires en Syrie". Paris, parlant d'"une tentative d'intimidation de la communauté internationale après les décisions courageuses de la Ligue arabe", dit condamner "tout particulièrement la destruction en règle de l'ambassade d'Arabie saoudite à Damas et exprime sa solidarité avec le royaume d'Arabie saoudite comme avec l'ensemble des pays visés". Le ministère évoque des "tentatives d'agression contre le consulat honoraire de France à Lattaquié et la chancellerie détachée française d'Alep par des groupes de manifestants organisés et sans réaction des forces de sécurité", les jugeant "inacceptables".
L'ambassadeur de Syrie en France a été convoqué au Quai d'Orsay "pour un rappel des obligations internationales de la Syrie". Plusieurs centaines d'hommes scandant des slogans favorables au président Bachar al Assad ont frappé un garde et pénétré dans l'ambassade saoudienne à Abou Roummaneh, dans l'un des quartiers les plus surveillés de la capitale, à quelques pâtés de maison de la présidence. L'ambassade de Turquie à Damas a quant à elle été attaquée par une foule d'un millier de personnes samedi soir. Les assaillants ont lancé des pierres et des bouteilles avant que la police syrienne n'intervienne pour disperser les manifestants, rapporte l'agence de presse turque Anatolie. Des attaques ont également visé les consulats de Turquie à Alep et à Lattaquié. La Turquie n'appartient pas à la Ligue arabe, mais des responsables de l'opposition syrienne se sont réunis à Istanbul pour forger un front uni face au régime Assad. En outre, la Turquie, qui accueille sur son territoire des officiers syriens ayant déserté, a vigoureusement condamné la répression des manifestations en Syrie. En plus de suspendre la Syrie, la Ligue arabe a décidé d'imposer des sanctions économiques et politiques contre le régime du président Assad et demandé à ses membres de retirer leurs ambassadeurs en poste à Damas.