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Souad El Bouhati, un parcours atypique


Mounir Adil
Mercredi 26 Août 2009

D'abord educatrice sociale, Souad El Bouhati se tourne ensuite vers le cinéma. Née en 1962, elle a été éducatrice sociale dans des centres d'hébergement pour personnes en difficultés à Toulouse pendant une dizaine d'années. Elle décide de changer de voie. Assistante-scripte sur «Bonjour, je vais à Toulouse», de Jacques Mitsch, elle rencontre Dominique Andréani, de Movimento. Arrivée à Paris, elle suit des cours à l'Université de Paris VIII puis travaille pour Movimento sur de nombreux tournages. Elle a été en particulier secrétaire de production sur “Plus qu'hier, moins que demain” de Laurent Achard.
Son permier long-métrage, «Française», met en scène Hafsia Herzi, César du meilleur espoir féminin en 2008 pour «La graine et le mulet». Avec «Française» Souad El-Bouhati s'affirme comme l'une des réalisatrices les plus talentueuses. Le succès du film est dû essentiellement au grand travail négocié au niveau du scénario. Dans une interview qu'elle a accordée à l'équipe d'Allocine.fr,  Souad revient sur la genèse du projet : " J'ai toujours vécu en France. Mais le point de départ du scénario remonte à une expérience de mon enfance qui m'a énormément marquée. J'avais une petite copine algérienne qui, du jour au lendemain, a disparu. Aux nombreuses questions que je posais, la seule réponse qui m'était faite était : "Elle est retournée dans son pays." Pour moi, c'était l'incompréhension : elle était bonne élève, elle était née en France, elle ne m'avait jamais parlé de l'Algérie. Pour l'enfant que j'étais, c'était un paradoxe insoluble : comment peut-on avoir un pays qu'on ne connaît pas?".
Une femme d'expérience
Souad El Bouhati a un parcours peu commun, puisque, avant d'être réalisatrice, elle fut assistante sociale. "Pour mes parents, qui en France étaient ouvrier et femme au foyer, il était important que leurs enfants puissent accéder à un meilleur niveau de vie", explique-t-elle. "Alors j'ai rapidement travaillé dans le social, pour ne pas faire d'études trop coûteuses et devenir autonome financièrement. La voie naturelle était institutrice, infirmière ou éducatrice. Plus tard, j'ai quitté le social non pas pour "faire du cinéma", mais pour fuir ce travail qui devenait très inconfortable : la société s'appauvrissait et la précarité gagnait du terrain. Je me sentais dans une impasse, l'insuffisance des moyens alloués faisait du travailleur social un garant des institutions davantage qu'un individu au service des populations en difficulté. Mais ces années ont été essentielles dans mon parcours, par la richesse des expériences et des rencontres auxquelles elles m'ont confrontée."
Un premier long métrage,
une première réussite
«Française» est le premier long métrage de Souad El-Bouhati, auteur en 1999 d'un court métrage très remarqué, «Salam». Dans ce coup d'essai présenté à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs et primé à Clermont-Ferrand, la cinéaste évoquait déjà le thème du tiraillement entre les cultures, puisqu'il était question d'un vieil homme, immigré à la retraite qui veut quitter la France pour retourner au Maroc, son pays d'origine. "Sofia est victime d'un traumatisme d'enfance. Elle a été enlevée, arrachée par une séparation brutale et inexpliquée à son monde, ses amis, à l'univers qui était le sien depuis sa naissance. Le pays d'origine qui lui manque tant n'est pas la France, c'est son enfance. “Française” est l'histoire d'une jeune fille en quête d'elle-même qui se réalise. L'enjeu pour elle est de comprendre que l'enfance est un "pays", qui est une part d'elle-même, et qu'elle devra quitter pour se construire en tant qu'adulte. Sofia n'est ni française ni marocaine, elle est les deux. Et cette double appartenance n'a pas de nom. Si pour la plupart des gens l'identité est liée à un territoire, pour moi l'identité est celle que l'on se construit, elle est devant soi. Comme le dit Elias Sanbar, nos racines sont aussi devant nous...", conclut-elle.


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