Le Haut-commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies et des ONG tirent la sonnette d’ alarme

-
Les Houthis annoncent 68 morts dans des frappes américaines sur un centre de détention de migrants
-
Le représentant de la Palestine devant la CIJ : Israël utilise le blocage de l'aide comme "arme de guerre" à Gaza
-
Un automobiliste fonce dans une foule au Canada et fait plusieurs morts
-
Une explosion dévastatrice dans le principal port d'Iran fait 25 morts et 1.000 blessés
Un fait gravissime, la justice algérienne aveuglée car soumise au diktat des autorités politiques et militaires, a décidé de juger une jeune fille, mineure de 14 ans pour des faits en lien avec le mouvement de protestation « Hirak ». La nouvelle en a été rapportée par une ONG et signalée par l’avocat de ladite mineure, maître Abdelhalim Khereddine.
La jeune fille devait comparaître au courant de la semaine écoulée parmi une vingtaine d’autres personnes au tribunal d’Annaba (Est algérien) pour« attroupement non armé », a déclaré Me Khereddine qui avait affirmé par ailleurs s’attendre à un report du procès, car la jeune fille doit, selon la loi, être jugée par un tribunal pour mineurs. « C’est un précédent grave car on juge une enfant de 14 ans pour des faits politiques », s’est insurgé l’avocat.
Poursa part, Saïd Salki, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), a réagi en soulevant que « c’est une première. Le pouvoir a franchi un nouveau pas dans l’escalade de la répression, même les enfants ne sont pas épargnés », avant de renchérir : «C’est du harcèlement contre toute une famille (allusion faite à l’incarcération du père de la jeune fille depuis huit mois(NDLR), le pouvoir veut dissuader, pousser les Algériennes et Algériens à renier leurs droits et leur combat ».
D’autre part, le procureur du tribunal de Bab-El Oued a requis, dimanche, trois ans de prison et une amende de 100.000 dinars (à peu près 600 euros) à l’encontre d’un opposant, Fethi Ghares, arrêté et écroué, fin juin, pour notamment offense au président Abdelmajid Tebboune, a indiqué le Comité national pour la libération des détenus(CLND) en précisant que Ghares, coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), un parti de gauche, a été interpellé et incarcéré fin juin de même que son domicile en banlieue d‘Alger avait été perquisitionné.
Cemilitant connu dans les milieux de l’opposition de gauche, âgé de 47 ans, s’était engagé en 2019 dans le vaste mouvement de protestation populaire du Hirak, qui réclame un changement radical du système de gouvernance en place depuis l’indépendance algérienne en 1962.Il est poursuivi pour« atteinte à la personne du président de la République», « outrage à corps constitue » et «diffusion d’informations pouvant porter atteinte à l’unité nationale » et « à l’ordre public »
A cet égard, résolument déterminé à briser le mouvement pro-démocrate Hirak, de plus en plus virulent et généralisé, qui secoue le pays depuis 2019, le pouvoir, usant de tous les moyens d’oppression et de répression, s’acharne et multiplie sans répit les interpellations, les intimidations, les arrestations et les poursuites « judiciaires » contre opposants politiques, militants activistes, journalistes critiques, internautes avertis et universitaires mécontents … En effet, près de 300 personnes se trouvent, actuellement, emprisonnées en Algérie pour des faits en lien avec le mouvement de protestation pro-démocratie Hirak et les poursuites sont dans leur quasi totalité fondées sur des publications, particulièrement sur les réseaux sociaux, selon le comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Par ailleurs, maintes fois et à de multiples occasions, le Haut-commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies a réclamé aux autorités algériennes de mettre fin aux violences et exactions contre des manifestants pacifiques et d’arrêter les détentions arbitraires.
« Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation des droits de l’Homme en Algérie et par la répression continue et croissante contre les membres pro-démocratiques du Hirak », a bien déclaré Rupert Colville, porte-parole du Haut-commissariat lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.
Le responsable onusien a, à cet effet, évoqué des « rapports crédibles » signalant que près d’un millier de personnes ont été poursuivies pour avoir participé au mouvement du Hirak ou pour avoir publié des messages critiques à l’égard du gouvernement sur les réseaux sociaux… Là-dessus, le Haut-commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies, a indiqué le porte-parole, a été destinataire d’«allégations de torture et de mauvais traitements en détention, y compris de violences sexuelles». A cet effet, l’institution appelle à cesser tout recours à la violence contre des manifestants pacifiques et « à mettre un terme aux arrestations et détentions arbitraires ».
En outre, l’agence onusienne réclame des enquêtes «rapides, impartiales et rigoureuses » sur les allégations de torture et de mauvais traitements dans les prisons, de même qu’elle enjoint les autorités algériennes à abroger les textes sur lesquels elles se fondent pour justifier la poursuite de personnes qui ne font qu’exprimer leur opinion et exercer leur droit de réunion pacifique.
L’institution internationale a, de même, constaté que les procédures pénales engagées en 2019 et 2020 contre des acteurs politiques, des militants, des défenseurs des droits de l’Homme, des universitaires, des étudiants, des journalistes, des blogueurs et même des citoyens ordinaires qui ont exprimé leur opposition ou des contestations ordinaires quant à la vie quotidienne et aux prestations des services de l’Etat, tous ces harcèlements et procédures pénales se sont poursuivis et démultipliés pendant les premiers mois de l’année 2021.
En effet, depuis la reprise des marches hebdomadaires du Hirak, mouvement populaire pluriel de contestation foncièrement anti-régime, à travers les rues des différentes régions et villes algériennes, l’ONU et ses institutions n’ont cessé de recevoir une multitude de rapports faisant état de l’usage inutile et disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques ainsi que d’arrestations continues ».
Ainsi, selon le HCDH, les autorités ont persisté à bloquer l’accès aux points de rassemblement des manifestations. Des centaines de manifestants ou toute personne que les forces de l’ordre considèrent être un manifestant ont été arbitrairement arrêtés.« Certains manifestants auraient été détenus puis relâchés après avoir été contraints de signer un document les engageant à ne plus participer aux manifestations », a indiqué notamment le porte-parole du HCDH, M. Colville, en affirmant que « les militants du Hirak continuent d’être poursuivis sur la base de lois trop vagues …».
A cet égard, l’institution onusienne demande « instamment aux autorités algériennes de cesser de recourir à la violence pour disperser les manifestations pacifiques» et exhorte Alger à «mettre fin aux arrestations arbitraires et à la détention de personnes ayant exercé leurs droits à la liberté d’opinion, d’expression et de réunion pacifique ».
Elle demande, par ailleurs, aux autorités de réviser le Code pénal et toutes les autres lois répressives, particulièrement la loi 12-06 sur les associations et la loi 91-19 sur les réunions et manifestations publiques, en vue de les mettre en conformité avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, tous deux, pourtant, ratifiés par l’Algérie. «Celui dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres !!».