Situation dans les camps de Tindouf

La séquestration des populations sahraouies dans les camps de Tindouf est une violation manifeste du droit international humanitaire. C'est le constat qui a été fait hier par les participants au séminaire sur «La situation des habitants des camps de Tindouf» à la lumière du droit humanitaire international.
Organisé par le Conseil consultatif des droits de l'Homme et la Commission nationale du droit international humanitaire, ce séminaire a pour objectif «de faire l'état des lieux de la situation des détenus de Tindouf et de lever le voile sur les pratiques contraines aux règles du droit international humanitaire et des droits de l'Homme ».
Une première interrogation ouvre le débat : les droits fondamentaux des populations civiles séquestrées à Tindouf sont-ils respectés? Avant de répondre à cette interrogation, le Pr Abdelouahed El Ouali plante le débat. Les camps de réfugiés doivent être civils et ne doivent en aucune manière être gérés par les réfugiés, ce qui implique inéluctablement la responsabilité du pays qui accueille ces camps. Plus précisément pour les camps de Tindouf, il y a lieu de relever, poursuit M.El Ouali, que l'Algérie a délibérément laissé la gestion de ces camps à un groupe armé, ce que l'on peut «qualifier de contravention au droit international» a-t-il souligné. Résultat: il y a une absence totale de protection des réfugiés. De là découle logiquement le rôle du Haut commissariat aux réfugiés dont la mission est de porter toute l'assistance nécessaire aux habitants des camps. Mais il se trouve que dans le cas de Tindouf, le HCR n'a pas de contacts directs avec les Sahraouis.
Qu'a fait le HCR en termes de protection des droits des réfugiés sahraouis? s'interroge encore une fois Abdelhamid El Ouali. Il est sûr en tout cas, ajoute-t-il, que ces habitants sont loin de jouir de leurs droits les plus élémentaires, dont la liberté de mouvement. C'est en effet un secret de polichinelle de dire que ces réfugiés ne peuvent pas et ne sont aucunement libres de quitter les camps. Car, au-delà des mesures administratives et militaires qui font qu'ils peuvent ou non quitter les camps, il y a des frontières et des barrières psychologiques qu'on arrive à ancrer dans la tête de ces habitants qui les empêchent souvent de passer à l'acte. Ce débat a été une occasion de plus pour mettre l'index sur le dernier rapport de Human Rights Watch sur « les droits de l'Homme au Sahara et dans les camps de Tindouf ». Un rapport que le Pr. El Ouali qualifie de « lamentable », pour la simple raison que l'organisation a publié un constat à l'issue d'une mission de trois ans au Maroc et uniquement de quatre jours dans les camps au cours desquels elle n'a pu discuter qu'avec des personnes dûment triées par «les maîtres de céans ». Un rapport sur lequel revient largement le CCDH pour épingler la partialité des auteurs du rapport et l’attitude antimarocaine dont il fait preuve.