Sergio Ermotti. Intégrateur en chef du nouveau mastodonte bancaire suisse


Libé
Vendredi 16 Juin 2023

Sergio Ermotti, le patron d'UBS, va avoir la lourde tâche de piloter l'intégration de Credit Suisse, un autre grand chantier pour ce banquier au parcours hors norme qui avait déjà transformé la première banque du pays.

Connu pour son élégance, ce banquier suisse, 63 ans, a été rappelé aux commandes début avril après le rachat de Crédit Suisse. Pour le conseil d'administration d'UBS, il est "le meilleur pilote" pour mener à bien une tâche très complexe.
Pour le conseil d'administration d'UBS, Ermotti est "le meilleur pilote" pour mener à bien une tâche très complexe
La presse suisse avait souligné son excellente connaissance d'UBS mais aussi des rouages du pouvoir politique, deux atouts précieux. La fusion des deux banques provoque de nombreuses craintes dans le pays alpin après un sauvetage avec l'aide de l'Etat.

 Les prochains mois promettent d'être "cahoteux", alors que des vagues de décisions difficiles sont encore à venir, en particulier au niveau de l'emploi, a-t-il prévenu vendredi.
 M. Ermotti est aujourd'hui une figure incontournable de la place financière helvétique. Surnommé le George Clooney de la Paradeplatz, le quartier des banques à Zurich, il avait déjà dirigé UBS de 2011 à 2020.

Il avait alors repris les commandes d'une banque ébranlée par la crise financière de 2008, qui avait elle-même dû appeler l'Etat à la rescousse, puis par les pertes d'un trader voyou qui avait englouti 2,3 milliards de dollars dans des transactions hasardeuses.

 A l'époque totalement inconnu en Suisse, celui qui avait jusqu'alors fait sa carrière entre Londres, New York et Milan avait lancé une grande transformation d'UBS. Il avait remis l'accent sur la gestion de fortune et élagué la banque d'affaires.
 Cette restructuration réussie lui avait permis de se forger une solide réputation, lui ouvrant les portes du réassureur Swiss Re, dont il s'était vu confier la présidence en 2021.

 Mais le rachat de Credit Suisse par UBS a changé la donne. Pour éviter sa faillite, UBS a accepté le 19 mars de la racheter pour la modique somme de 3 milliards de francs suisses (une somme équivalente en euros) sous la pression des autorités suisses.
 Rappelé aux commandes deux semaines et demie plus tard, M. Ermotti a dit avoir repris la direction d'UBS "par sens du devoir".

Le Neue Zürcher Zeitung avait alors salué le retour de ce banquier considéré comme un des "plus talentueux de sa génération". Lors d'une conférence organisée la semaine passée en partenariat avec ce quotidien zurichois, M. Ermotti s'est vu demander s'il se voyait plutôt comme une sorte de Superman, un homme de ménage chargé de remettre de l'ordre ou le coach d'une nouvelle équipe.

Ce à quoi ce fan de l'AC Milan a répondu qu'il préférait la dernière option. L'objectif est avant tout de faire émerger "quelque chose de bien d'une situation qui n'est pas idéale", a-t-il affirmé.

Enfant, il rêvait d'une carrière dans le football. A 15 ans, il avait quitté l'école, non pas pour chausser des crampons, mais pour entrer comme apprenti à la banque Cornèr à Lugano, sa ville d'origine, près de la frontière avec l'Italie.

Dès lors, il a connu un parcours fulgurant. Après un passage chez Citigroup, il gravit les échelons de la banque américaine Merrill Lynch entre 1987 et 2004, complétant sa formation au fil de sa carrière par un programme de management à l'université britannique d'Oxford.
 En 2005, il rejoint pendant cinq ans la banque italienne UniCredit, où il dirige la division de marchés et de banque d'investissement, avant de se voir confier en 2011 la direction d'UBS.

"Habitué à jouer les pompiers", l'homme est "taillé pour la reprise de Credit Suisse", a estimé La Tribune de Genève. Il va avoir la lourde tâche de faire fusionner deux banques déjà considérées comme trop grosses pour faire faillite avant même leur rapprochement.

Dans le communiqué officialisant l'union des deux banques, M. Ermotti a dit vouloir créer une banque dont "les clients, employés, investisseurs et la Suisse pourront être fiers".
 L'intégration se fera "sans compromis", a toutefois souligné la direction d'UBS qui s'enorgueillit de la culture "conservatrice" des risques que M. Ermotti avait ré-insufflée à UBS.


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