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Les spécialistes attribuent la puissance dévastatrice de ce tremblement de terre au fait que son épicentre passe en dessous de la ville et aux constructions vétustes de l’époque qui n’ont présenté que peu résistance face à cette secousse alors que d’autres bâtiments de construction moderne ont tenu bon : l’immeuble de la municipalité(l’actuelle wilaya), l’agence de Bank Al Maghrib, l’immeuble Sibra (sept étages), le lycée Youssef Ben Tachfine, le commissariat de police, le tribunal du quartier industriel, le cinéma Salam, etc.
Il est à noter qu’Agadir, qui s’appelait autrefois Santa Cruz, fut détruite par un séisme en 1731. D’où probablement la date de 1746 gravée sur la plaque de marbre surmontant la porte d’entrée de la Kasbah d’Agadir Oufella.
Cinquante ans après cette terrible catastrophe, les anciens d’Agadir, marocains et étrangers, se souviennent encore de ce qui s’était passé cette nuit-là et en parlent avec un pincement au cœur, si ce n’est les larmes aux yeux car au fond de leur âme, ils en gardent encore des stigmates qui les ont marqués à jamais. C’est pour cela qu’ils ont tenu à participer massivement à la commémoration de ce cinquantenaire sous la présidence effective de SAR la Princesse Lalla Malika, Présidente du Croissant-Rouge marocain.
De Belgique, de Hollande, de France, du Canada et d’ailleurs, ils étaient nombreux à avoir fait le voyage. Pour la plupart d’entre eux, ce furent des retrouvailles très émouvantes, car certains d’entre eux ne s’étaient pas revus depuis 1960. Que de souvenirs en commun à Yacheh, Founty, Talborjt, la Kasbah, la ville nouvelle et au Quartier industriel. Certains avaient même ramené des photos-souvenirs de l’époque pour revivre avec leurs amis, l’espace d’une journée, ces moments merveilleux et ces moments heureux passés ensemble à Agadir qui était appelée à juste titre d’ailleurs, ‘’La Miami d’Afrique’’.
Mais tous sont conscients que si rien n’est fait, toute cette grande mémoire d’Agadir sera effacée à jamais. Comme le furent déjà certains bâtiments qui comptent parmi le patrimoine historique de la ville. La Kasbah a déjà perdu ses canons qui annonçaient autrefois la rupture du jeûne, le premier appontement d’Agadir datant de 1916 a été gommé sans remords. Le cinéma Salam, haut lieu de l’histoire d’Agadir avant et après le tremblement est toujours en sursis.
Certes, le 31 octobre 2005, le Conseil municipal a voté une résolution relative au classement de certains immeubles administratifs. Mais on en est resté là. Il est donc urgent de faire aboutir toute la procédure concernant ce classement et d’en faire de même pour les bâtiments privés à caractère historique. En plus des quelques rares monuments historiques, la ville d’Agadir a tout ce passé relatif au séisme qui l’a détruite en 1960 à faire revivre à travers la création de musées thématiques, de reconstitutions, de films, de livres d’histoire, de témoignages, d’expositions-photos, etc. Nous sommes persuadés que les nombreux amis d’Agadir et les rescapés du tremblement de terre éparpillés à travers le monde, et Dieu sait s’il en y a, n’hésiteront pas une seconde à alimenter les fonds documentaires qui seront constitués à cette occasion. Ancien de Yachech, Lahcen Roussafi (Raspoutine pour les internautes qui visitent le site : www.agadir1960. com), qui assure, depuis plusieurs années déjà, le lien entre eux à travers Internet, ne nous contredira certainement pas. La mémoire d’Agadir avant le séisme est grande et riche, mais elle est très sérieusement menacée de disparition si les pouvoirs publics, la commune et la société civile ne se mobilisent pas pour la sauvegarder avant qu’il ne soit trop tard. Et déjà, en matière urbanistique, on est en train de défigurer cette ville à laquelle les concepteurs de son premier schéma directeur ont donné un caractère très particulier, une véritable nouvelle identité et créé une certaine harmonie architecturale qui n’est plus respectée de nos jours. Celle–ci est en train de devenir une ville-dortoir où les immeubles poussent à vue d’œil sur des espaces réduits donnant lieu à une forte concentration d’habitants, ce qui risquerait de générer des problèmes insolubles à l’avenir si ce n’est dans l’immédiat. Tous les spécialistes en la matière vous diront qu’un tremblement de terre n’est pas une fatalité. Or, en 1960, c’est-à-dire quatre ans à peine après l’indépendance du pays, la gestion de ce risque à Agadir était nulle. En effet, tous les rescapés que nous avons pu rencontrés ont répété à peu près la même chose : « On ne savait pas ce que c’était, on ne nous a rien dit, personne ne nous a prévenus, etc. ». D’autres étaient loin de penser qu’il s’agissait là d’un tremblement de terre et ont donné libre cours à leur imagination. Pourtant, il y a eu des signes avant-coureurs qui auraient dû attirer l’attention. Une semaine avant, la terre a tremblé vers midi et le jour de la catastrophe, une légère secousse a été ressentie à midi.
Juste après le séisme, des spécialistes ont élaboré des règles antisismiques qui ont été strictement appliquées à tous les bâtiments réparés ou reconstruits et qui ont fait l’objet du décret n°2-60-893 du 2 Rajab 1380 (21 décembre 1961) dit : «Normes Agadir 60». Un nouveau règlement de construction parasismique (R. P. S. 2000) applicable aux bâtiments fixant les règles parasismiques et instituant le comité national du génie parasismique a été approuvé par décret n° 2-02-177 du 9 hija 1422 (22 février 2002).
Mais cela ne suffit pas, car il faut également préparer la population à travers plusieurs opérations. Le dispositif de secours (ORSEC) doit toujours être opérationnel, ce qui sous-entend l’organisation d’exercices périodiques pour en évaluer le degré de fonctionnement. Une remarque importante : il fut un temps où une fois par mois, les sirènes de secours étaient déclenchées à midi pour en vérifier le bon état de marche. Aujourd’hui, on constate que même pendant le Ramadan où elles servent normalement de relais pour annoncer la rupture du jeûne après le Muezzin bien sûr, on n’entend pas certaines d’entre elles.
En ce début du XXIe siècle où le monde est en train de connaître des changements climatiques profonds certainement dus à l’inconscience de l’Homme, une bonne gestion des risques notamment ceux liés aux tremblements de terre et en particulier à Agadir, est d’une nécessité vitale, devenue obligation dans un pays comme le nôtre.