Une fois encore, cette bulle, qui a explosé en 2008, semble à elle seule expliquer tous les malheurs de l’Espagne: privée de ce moteur, elle oscille depuis entre récession et croissance atone, tandis que le chômage atteint le taux historique de 24,44%, dans un climat de grogne sociale.
Alors que la construction est à l’arrêt, bloquée notamment par la cure de rigueur du gouvernement conservateur, déterminé à réduire le déficit, l’économie marque le coup et le PIB recule de 0,3% au premier trimestre, après avoir fait de même au dernier trimestre 2011, selon les chiffres officiels provisoires publiés lundi.
Deux trimestres de baisse du PIB signifient l’entrée d’un pays en récession, dont l’Espagne n’était sortie que début 2010.
Le gouvernement se veut optimiste, prévoyant de quitter cette récession dès 2013, avec une hausse de 0,2% du PIB, après -1,7% cette année. Selon la Banque d’Espagne, fin 2011 il accumulait 184 milliards d’euros d’actifs immobiliers problématiques (crédits risquant de ne pas être remboursés, immeubles et terrains saisis...), soit 60% de son portefeuille. Standard and Poor’s s’en était inquiétée dès jeudi soir, en abaissant de deux crans la note souveraine de l’Espagne, de A à BBB+.
«Nous percevons une probabilité croissante que l’Etat espagnol doive fournir un soutien budgétaire supplémentaire au secteur bancaire», expliquait-elle, de quoi menacer la réduction du déficit que vise le gouvernement conservateur. Lundi, l’agence a mis en pratique ses mises en garde, en dégradant de un à deux crans les notes de neuf banques espagnoles, dont Santander et BBVA, ainsi que celle de la confédération des caisses d’épargne (Ceca). La semaine dernière, le FMI aussi appelait l’Espagne à aller plus loin dans l’assainissement de ses banques afin de «remédier aux faiblesses qui demeurent» malgré une grande réforme du secteur financier.