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Satisfaction mutuelle Maroc-OTAN, tout baigne !


Mourad Tabet
Jeudi 24 Janvier 2019

 Dresser le bilan du partenariat stratégique Maroc-OTAN et échanger sur ses perspectives d’avenir, tels sont les principaux thèmes du séminaire organisé par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI) mardi dernier à Rabat pour célébrer  le 25ème  anniversaire du lancement du dialogue méditerranéen entre le Royaume et l'Organisation du traité de l’Atlantique Nord.
A l’entame de cette rencontre à laquelle ont pris part d’éminentes personnalités issues des corps diplomatiques, politiques et militaires, ainsi que des chercheurs, des journalistes et des représentants de la société civile, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a mis l’accent sur plusieurs éléments qui font «la particularité de ce séminaire ».
Il a ainsi insisté sur le niveau élevé de participation et sur la qualité des participants et leur diversité (officiels, universitaires, militaires, journalistes, société civile) avant de mettre en exergue le timing de ce séminaire. « On fête cette année 25 ans de coopération entre le Maroc et l’OTAN dans le cadre du dialogue méditerranéen. C’est un moment important pour faire le bilan et également évaluer ce qui a été réalisé, ce qui n’a pas été réalisé et les  choses à améliorer dans les années à avenir », a mis en exergue Nasser Bourita.
Le ministre a également attiré l’attention sur le contexte actuel marqué par les multiples défis auxquels l’espace méditerranéen fait face et la menace « asymétrique » qui « évolue rapidement » et qui exige une coopération pour la contrecarrer.
Pour lui, la relation avec l’OTAN n’est pas seulement à caractère militaire, elle est également politique. Car la nature de la menace aujourd’hui n’est pas uniquement militaire, elle est, d’après lui,  globale et diversifiée, ce qui nécessité une réponse diversifiée, d’où l’importance d’impliquer d’autres acteurs de la société civile et les chercheurs dans les débats.
Il a, par ailleurs, appelé les pays du Sud de la Méditerranée dont le rôle est primordial dans le  maintien de la sécurité et la paix dans cet espace, à participer à la définition des paramètres du dialogue méditerranéen, tout en plaidant pour l’implication des pays du Sud dans la réflexion sur les grandes questions sécuritaires et de tenir en compte leur perception des menaces  sécuritaires.
Nasser Bourita a également relevé «l'absence d'un référentiel commun qui pourrait servir d'arbitre et de repère», tout en appelant à une meilleure structuration du dialogue en faveur du développement de l'espace euro-méditerranéen.
D’autre part, il a loué les vertus du Maroc. Selon lui, le Royaume est «un acteur responsable», «pourvoyeur» de paix et de stabilité dans son voisinage euro-méditerranéen, et il est surtout «un interlocuteur crédible» sur les questions migratoires, de lutte contre le terrorisme, de diplomatie préventive et de maintien et de consolidation de la paix.
«Je partage à 100% la teneur du discours de Nasser Bourita», a souligné pour sa part le secrétaire général adjoint de l'OTAN, chargé des affaires politiques et de la politique de sécurité, Alejandro Alvargonzalez, tout en saluant les efforts déployés par le Royaume pour promouvoir une coopération constante au service de la sécurité des citoyens du monde.
Selon lui, le Maroc est « un partenaire sur lequel l’OTAN peut compter pour relever les différents défis », en soulignant le rôle positif du Royaume dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et en relevant le niveau de la coopération « étroite » entre le Maroc et l'OTAN dans un contexte marqué par divers enjeux et défis sécuritaires.
Le premier panel durant cette journée a été consacré à « La coopération entre l’OTAN et le Maroc ».
Au cours de son intervention, Nicola de Sabntis, chef de la section MENA à l’OTAN, a ainsi assuré que la sécurité «se construit » en dialoguant et coopérant avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée.
Selon lui, l’OTAN considère que la sécurité est « indivisible », ce qui nécessite de travailler ensemble avec les pays du Sud, et ce dans le but de « créer un espace sécuritaire commun » et « faire face aux défis communs ».
Il a souligné que le Maroc joue un rôle important dans le renforcement du dialogue méditerranéen depuis son lancement en 1994, mettant en exergue le rôle du Royaume dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des crises. A cet égard, il a rappelé la contribution du Maroc à plusieurs opérations de l'OTAN, telles que sa participation à des opérations de maintien de la paix au Kosovo, ainsi que sa contribution aux opérations onusiennes de maintien de la paix.

Pour sa part, Mathea Giacometti, responsable militaire à l'OTAN, a affirmé que le Maroc demeure un partenaire important de l’OTAN, tout en mettant en avant que le Maroc est le premier pays du Dialogue méditerranéen à avoir désigné un officier de liaison permanent auprès de l’OTAN.
Elle a également souligné que la coopération militaire entre les deux parties repose sur des concertations permanentes menées par les deux parties et que l'état-major des Forces armées Royales et les responsables militaires de l'OTAN entretiennent un dialogue stratégique.
Elle a, par ailleurs, avancé que la formation et l’entraînement sont parmi les piliers importants de la coopération militaire entre l'OTAN et le Maroc. A cet égard, le Maroc a participé en 2018 à cinq activités de formation organisées par cette organisation, dont ont bénéficié 160 membres des Forces armées Royales.
Pour sa part, le directeur des questions globales au MAECI, Ismail Chekkori,  a fait savoir que la relation entre le Maroc et l’OTAN « se développe dans la cohérence» et « dans la clarté ». En plus, cette relation est basée sur la concertation et le dialogue permanent. « C’est une relation au service des deux parties, c’est-à-dire qu’il y a des besoins qui sont exprimés par les deux parties et également des objectifs arrêtés par les deux parties», a-t-il expliqué.
Deux « ingrédients » qui expliquent, selon lui, le succès de ce partenariat stratégique. Le premier a trait à « l’équilibre entre les aspects politique et pratique » dans cette relation et « aux valeurs partagées de part et d’autre », et le deuxième se rapporte à ce qu’il a appelé « la combinaison ingénieuse entre réalisme et ambition. Il y a toujours cette ambition de développer davantage de sorte à ce que cette relation réponde aux besoins des uns et des autres ».  Et d’ajouter : « Cet ingrédient s’est notamment manifesté à travers la participation dans la réflexion des différents projets et des concepts stratégiques que le Maroc a eu l’opportunité de partager avec ces partenaires ».
Selon lui, le Maroc participe de manière continue aux dialogues stratégiques de l'OTAN, ainsi qu'aux opérations et aux exercices militaires de l'organisation, ce qui témoigne de la volonté politique du Royaume de renforcer davantage cette relation.
L’intervention du colonel de l'état-major des Forces armées Royales (FAR), Salaheddine Rezouni, a été axée sur le bilan des activités réalisées dans le cadre du programme de coopération militaire entre le Maroc et l'OTAN sur la base du «document du programme de partenariat et de coopération individuels ».
D’après  lui, les domaines prioritaires de cette relation sont notamment la lutte contre le terrorisme, la cybersécurité, la gestion de crise, la modernisation du matériel militaire et le développement de la gouvernance administrative et financière.
La mise en œuvre de ces domaines passe, selon l’intervenant, par un ensemble d’actions. A titre d’exemple, la lutte contre le terrorisme se fait via le partage des renseignements et l’entraînement des forces spéciales, entre autres.
Il convient de rappeler que ce premier panel a été modéré par Rachid El Houdaigui, enseignant au Collège Royal de l’enseignement militaire supérieur.
Le deuxième panel  modéré par Christophe de Nijs, conseiller des affaires politiques et économiques à l’ambassade de Belgique à Rabat, a été axé sur le thème des « Défis sécuritaires communs et la valeur ajoutée de l’OTAN ».
Ayup Turmus, conseiller en sciences pour la sécurité et la paix à la Division des défis de sécurité émergents à l’OTAN, a  abordé dans son intervention le  programme pour la science au service de la paix et de la sécurité (programme SPS). D’après lui, ce programme est  pour  l’OTAN  un  label  bien  connu  reposant  sur  trois  piliers, à savoir la  science,  le  partenariat  et  la  sécurité. Ledit programme permet le renforcement de la sécurité des pays de l'OTAN et des pays partenaires, une collaboration étroite sur des questions d'intérêt commun. A cet effet, il finance des projets multinationaux visant à répondre aux défis de sécurité émergents, apporte un soutien aux opérations et aux missions dirigées par l'OTAN et favorise le développement des capacités de détection précoce et de prévision des catastrophes et des crises.
 Le Maroc, selon Ayup Turmus,  prend part activement au programme SPS depuis 1999, et pilote actuellement, en partenariat avec les Etats-Unis, un projet de recherche pluriannuel intitulé «Analyse et assurance au moyen d'un système de mesure de la sécurité basé sur le cloud computing». Ce projet a pour but de mettre au point un nouvel outil de quantification et d'amélioration des opérations de sécurité dans des environnements en réseau virtuels ou physiques.
Ismaïl Chekkori a pris la parole dans le cadre de ce deuxième panel pour souligner que la démarche du Royaume du Maroc pour approcher les différents défis consiste à les comprendre et les évaluer pour pouvoir apporter des réponses et mesures adéquates.
Ce responsable au MAECI a mis l’accent sur trois défis. Le premier a trait à la question migratoire. L’approche avec laquelle le Maroc a abordé cette question illustre « la manière avec laquelle nous approchons les défis ». Il a rappelé dans ce cadre le travail effectué par le CNDH pour comprendre le phénomène migratoire (rapport du CNDH sur la situation des migrants et des réfugiés au Maroc intitulé : « Etrangers et droits de l’Homme au Maroc : Pour une politique d’asile et d’immigration radicalement nouvelle » en 2013). Cette compréhension est, d’après Ismail Chekkori, fort importante pour pouvoir apporter des « réponses ad hoc » à cette question et « des mises à niveau institutionnelles et juridiques ». La nouvelle politique d'immigration et d'asile s’inscrit dans cette même logique.
 Le deuxième défi auquel fait face la région est le terrorisme. Selon l’intervenant, la menace terroriste est « mutante », et pour cela il faut « garder la vigilance » et instaurer « une coopération internationale» pour faire face à cette menace.
Alors que le troisième défi est celui de l’environnement et du changement climatique qui est, selon lui, « un défi qu’il faut prendre au sérieux » surtout dans la région méditerranéenne.
Au terme de cette journée d’échanges de points de vue et de débats, le ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de l'Administration de la défense nationale, Abdellatif Loudiyi, a souligné dans son allocution de clôture que la stabilité de l'espace méditerranéen est indivisible, que les efforts doivent être soutenus et collectifs, et que la sécurité du Nord de la Méditerranée demeure intimement liée à celle de sa rive Sud.
Les défis sécuritaires auxquelles la région est confrontée impliquent nécessairement de se projeter dans des perspectives de coopération plus approfondies dans le cadre du dialogue méditerranéen, a-t-il souligné, affirmant que ce dialogue qui "s'est toujours voulu un instrument évolutif et flexible" peut s'adapter aux évolutions engendrées par les réalités sécuritaires dans la région de la Méditerranée, afin de mieux répondre aux attentes respectives.
En outre, le ministre a appelé à "imaginer ensemble" les voies et moyens à même de permettre un meilleur engagement de l'OTAN vers le Sud, tout en gardant constamment à l'esprit que la "redynamisation du dialogue méditerranéen passe par l'adaptation des moyens à mettre en oeuvre avec les objectifs poursuivis, et ce à travers l'intensification non seulement du dialogue politique, mais également de la coopération pratique, notamment dans le domaine opérationnel et de renforcement des capacités.
"Le Maroc, qui est considéré par l'Alliance comme un interlocuteur fiable, un acteur actif et un partenaire crédible, a constamment soutenu le Dialogue méditerranéen et appelé à son renforcement, en tant qu'instrument approprié de coopération pouvant contribuer significativement à la consolidation des efforts déployés pour faire de la Méditerranée un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée", a-t-il conclu.


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